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Première assemblée générale de l'ONU pour Carney, dans un contexte difficile

durée 08h52
20 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

WASHINGTON — Mark Carney est sur le point d’assister à l’Assemblée générale des Nations Unies pour la première fois depuis qu’il est devenu premier ministre du Canada — alors que la guerre au Moyen-Orient et l'offensive du président américain Donald Trump contre le multilatéralisme pèsent sur la réunion des dirigeants mondiaux.

M. Carney ne prononcera pas de discours devant la 80e session de l’Assemblée générale de l'ONU à New York, qui se déroulera du dimanche au mercredi. Ce sera finalement la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, qui s’adressera au forum la semaine prochaine.

Un communiqué de presse du gouvernement fédéral précise que Mark Carney rencontrera des dirigeants mondiaux à l’ONU «pour faire progresser la paix, la sécurité et les droits de la personne». De hauts responsables gouvernementaux ont déclaré que M. Carney devait rencontrer le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, d’autres chefs d’État et des chefs d'entreprises.

Les dirigeants mondiaux, y compris le premier ministre Carney, navigueront dans une diplomatie difficile sur les actions d’Israël à Gaza et en Cisjordanie, et pourraient risquer la colère du président américain.

Le Canada et d’autres grands alliés des États-Unis devraient reconnaître un État palestinien indépendant lors de l’Assemblée générale de l'ONU.

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a condamné leur décision de reconnaître un État palestinien, affirmant que cela encourage le Hamas.

Jeudi, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exigeait un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et la libération des otages détenus par le Hamas. Les responsables américains ont déclaré que la résolution n’allait pas assez loin dans la condamnation du Hamas.

Après que M. Rubio a révoqué les visas du président palestinien Mahmoud Abbas et de 80 autres responsables, l’Assemblée générale des Nations unies a voté pour permettre à M. Abbas de faire un discours par vidéo.

«L’Assemblée générale ne sera à bien des égards pas grand-chose, en dehors de la promotion d’un État palestinien», a déclaré Susan Rice, l’ancienne représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies.

L’ONU a eu de la difficulté à faire entendre sa réponse à la souffrance à Gaza alors qu'elle fait face à une crise existentielle concernant l’avenir de l’institution.

Le thème de l’assemblée cette année est «Mieux ensemble: plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits de la personne» — mais le président Trump a retiré le soutien des États-Unis à l’ONU.

Donald Trump a ordonné un examen de l’implication des États-Unis au sein des Nations Unies, s’est retiré de son Conseil des droits de l’homme et a gelé le financement américain. Les dirigeants mondiaux surveilleront pour voir quel genre de ton le président Trump prendra s’il s’adresse à l’Assemblée générale la semaine prochaine.

Mme Rice, s’exprimant lors du Conseil des relations étrangères le 15 septembre, a déclaré qu’il y avait des critiques légitimes à faire sur l’efficacité des Nations Unies — mais que cela ne signifie pas que les États-Unis devraient se désengager.

«Nous n’avançons pas nos intérêts et ne jouons pas le rôle de leader que les États-Unis ont traditionnellement tenu sous des administrations démocrates et républicaines précédentes», a déclaré Mme Rice.

Donald Trump a ouvertement exprimé son scepticisme envers les Nations Unies et d’autres institutions mondiales, a souligné Fen Osler Hampson, professeur d’affaires internationales à l’Université Carleton, à Ottawa. L’Assemblée générale de la semaine prochaine pourrait s’avérer un moment crucial pour l’institution, a-t-il déclaré.

«C’est un moment de crise réelle pour l’institution et probablement la plus grande crise à laquelle elle a été confrontée depuis sa fondation, pour être honnête», a dit M. Hampson. «Parce que l’un des plus grands partisans de l’ONU tourne le dos à cette institution.»

Pour le Canada et d’autres pays, a dit M. Hampson, la question sera: «qui va prendre le relais?»

Les nations du monde entier font face à des pressions budgétaires, en partie motivées par le régime tarifaire massif de Trump. L’Europe a considérablement augmenté ses dépenses de défense en réponse au soutien incohérent des États-Unis pour le continent, et alors que la Russie multiplie les incursions en Ukraine et repousse les frontières des pays de l’OTAN.

L’aide au développement et l’aide humanitaire — des piliers clés de l’ONU — pourraient être abandonnés.

«L’ONU est en train, disons, de réduire ses effectifs de manière assez spectaculaire sous nos yeux», a déclaré M. Hampson.

La communauté internationale cherche à savoir si le Canada maintiendra son soutien solide aux Nations Unies et ce qu’il est prêt à mettre sur la table, a souligné M. Hampson. Il n’est pas clair s’il y aura des promesses financières adressées aux Nations Unies.

Selon de hauts fonctionnaires, la participation de M. Carney à l’Assemblée générale souligne l’engagement du Canada envers le multilatéralisme et la collaboration internationale à un moment où l’action collective est essentielle pour relever les défis mondiaux — et où des institutions comme l’ONU sont sous pression.

Mark Carney est sur le point d’assister à l’ouverture du débat général de haut niveau et coanimera une réunion avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de l’Assemblée générale.

Le premier ministre utilisera également le rassemblement mondial pour soutenir ses efforts visant à établir des relations économiques plus solides avec d’autres nations, alors que les tarifs douaniers du président Trump font mal à des industries canadiennes clés.

«Nous avons les ressources dont le monde a besoin et les valeurs auxquelles d’autres aspirent», a déclaré M. Carney dans un communiqué de presse publié vendredi.

«À ce moment charnière de l’histoire, le Canada est un chef de file avec force — en créant de nouvelles possibilités pour les travailleurs canadiens et en investissant dans la paix, la sécurité et des partenariats mondiaux fiables afin de bâtir un monde plus sûr, plus résilient et plus prospère pour tous», a-t-il déclaré.

-- Avec des informations de l’Associated Press.

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne

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