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Se prémunir de la chaleur à l'approche d'un été chaud et humide

durée 04h30
2 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Des records de chaleur sont fracassés depuis plusieurs années et l'été qui s'en vient devrait être chaud et humide. Des centaines de décès liés à la chaleur ont malheureusement lieu chaque année à travers la province. Santé Québec assure une vigie de la chaleur extrême depuis le 15 mai dernier, et assure être prête à agir avec les directions de santé publique locales.

Selon l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), on compte des dizaines de milliers d’hospitalisations et d’appels à Info-Santé en lien avec les chaleurs extrêmes chaque année. Et l'été qui s'annonce sera chaud et humide au Québec, selon les prévisions de MétéoMédia.

On évoque même un dôme de chaleur sur la Belle Province, l'Ontario et les Maritimes. Il s'agit d'un phénomène météorologique provoqué par une immense masse d'air chaud qui se trouve emprisonnée par une haute pression atmosphérique.

La Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l'Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), souligne que presque tout le monde est vulnérable à la chaleur, même les personnes en bonne santé.

Parmi les plus vulnérables, on compte les bébés, les enfants en bas âges, les femmes enceintes, les personnes âgées — surtout celles qui ont plus de 65 ans, les gens qui prennent un ou plusieurs médicaments, ceux qui vivent avec des maladies chroniques ou des maladies cardiovasculaires, détaille Dre Pétrin-Desrosiers. Il y a également les travailleurs qui sont à l'extérieur et ceux qui travaillent dans des endroits clos.

«Notre lieu de résidence peut jouer aussi beaucoup sur notre vulnérabilité à la chaleur. Quand on vit dans un quartier qui est moins verdi, ou si on est à côté d'une route qui est très passante, on sait que les routes dégagent de la chaleur. Et aussi l'architecture même de notre bâtiment, ce n'est pas tout le monde qui a la chance d'avoir accès à un air climatisé ou un logement qui est ventilé. C'est un élément à considérer», affirme-t-elle.

«Et finalement, je dirais que même les jeunes qui se considèrent en santé, mais qui sont sportifs, sont considérés à risque parce que souvent, ils vont faire des activités à haute intensité dans la chaleur, ce qui peut avoir des conséquences liées à des coups de chaleur.»

Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne, Santé Québec explique qu'une surveillance du nombre de visites à l'urgence est effectuée chaque année tant par les établissements qu'à l'échelle provinciale pour suivre les impacts des vagues de chaleur sur la population. En cas de hausse observée dans une région, on recommande d'appliquer le plan prévu à cet effet par la Direction de santé publique locale.

Santé Québec précise qu'il incombe aux municipalités de mettre en place des mesures visant à limiter les impacts liés à la chaleur pour les personnes les plus vulnérables. Elles peuvent par exemple prolonger l'ouverture des piscines et des endroits publics disposant de climatisation, tels que les bibliothèques.

Un endroit frais au moins deux heures

Dre Pétrin-Desrosiers fait ressortir deux mesures pour contrer la chaleur qui sont particulièrement efficaces pour les personnes âgées. D'abord, que leur entourage lâche un coup de fil régulièrement. «Parce que quand on fait un choc à la chaleur, on devient confus, on n'a plus les bons réflexes pour s'hydrater ou pour appeler de l'aide. Un des filets de sécurité les plus puissants, c'est de valider la sécurité des personnes qu'on aime, qu'on côtoie dans notre entourage», explique la docteure.

Deuxièmement, il faut que les personnes âgées puissent avoir accès à un endroit où elles peuvent se rafraîchir pendant au moins deux heures par jour. «C'est le temps qu'il faut pour que le corps se débarrasse des effets nocifs en cas de chaleurs extrêmes», indique Dre Pétrin-Desrosiers.

Elle déplore que certains hôpitaux aient du mal à être climatisés. Elle prévient par ailleurs que les premières vagues de chaleur sont les plus mortelles pour la population. Plus on avance dans l'été, plus notre corps semble s'acclimater à la chaleur, dit-elle.

«On sait que l'été, les gens souffrent de la chaleur. Il y en a qui décèdent et il y en a qui se retrouvent à l'hôpital pour plusieurs semaines. Ça, c'est une réalité connue à Montréal. Après, ce qui m'inquiète, c'est qu'on n'agit pas encore complètement sur la cause. On pourrait avoir tous les climatiseurs qu'on peut, s'il continue de faire plus chaud, il y aura toujours des gens qui vont mourir de la chaleur», dénonce la présidente de l'AQME.

Pour elle, on ne peut pas parler d'augmentation de l'exposition à la chaleur sans parler de notre dépendance aux énergies fossiles. Dre Pétrin-Desrosiers critique la solution temporaire des climatiseurs. Ces appareils réduisent la température d'un foyer, mais ils relâchent la chaleur à l'extérieur. «C'est une petite stratégie qui a des effets bénéfiques, mais limités. Et nos plans d'orientation pour faire face à la chaleur devraient être beaucoup plus axés sur l'architecture, le choix des matériaux dans la construction des bâtiments, la plantation d'arbres dans les endroits stratégiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre», conclut-elle.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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