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Tirer des leçons de la saison des feux de forêt au Canada

durée 10h40
12 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

WINNIPEG — Les gouvernements et les organismes prennent le temps d'analyser la saison des feux de forêt de cette année et les défis sans précédent posés par l'évacuation de dizaines de milliers de personnes dans de vastes régions du Canada.

La Croix-Rouge canadienne a enregistré 52 000 personnes dans les Prairies, en Ontario et au Canada atlantique, ce qui en fait la plus importante opération nationale de l'organisme de mémoire récente.

Plusieurs centaines de vols ont été déployés pour évacuer les personnes des communautés éloignées, certaines étant inaccessibles par la route.

Deux personnes sont mortes après avoir été prises au piège par un incendie près de Lac-du-Bonnet, au Manitoba.

La durée de la saison des feux de forêt contraste fortement avec celle des années précédentes. Dans certaines régions du pays, un printemps sec a empêché le tapis forestier de reverdir, ce qui a alimenté les incendies et leur propagation rapide.

Au Manitoba, où quelque 32 000 personnes ont fui leur domicile, les incendies ont commencé plus tôt au printemps et ont continué à se déclarer pendant la majeure partie de l'été. Snow Lake, une ville de 1000 habitants, a été évacuée à deux reprises.

Pour le maire de Flin Flon, George Fontaine, dont la communauté de 5000 habitants a été évacuée pendant quatre semaines à partir de fin mai, l'un des principaux points à retenir est que les équipes de lutte contre les incendies de forêt doivent être prêtes à affronter les feux plus tôt que d'habitude.

«On ne peut plus simplement attendre, par exemple, la longue fin de semaine de mai pour équiper les effectifs de lutte contre les incendies de forêt. La nature n'attend pas et nous ne pouvons pas», a souligné M. Fontaine lors d'une entrevue.

L'augmentation des incendies nécessite également davantage de bombardiers d'eau, a ajouté le maire. Lorsque les flammes ont éclaté près de Flin Flon, dans le nord-ouest de la province, des bombardiers d'eau luttaient déjà contre les incendies dans le parc provincial de Whiteshell, dans le sud-est.

George Fontaine a salué la réponse du gouvernement du Manitoba et des communautés voisines, notamment la Nation crie d'Opaskwayak, qui a accueilli des autobus remplis de personnes évacuées qui ne pouvaient pas se déplacer seules.

«Nous avons dû réquisitionner des autobus scolaires et trouver des bénévoles pour les conduire», a-t-il expliqué.

Les autobus ont pu effectuer le trajet de 90 minutes, déposer les personnes en attente d'un voyage plus au sud et retourner à Flin Flon pour en récupérer d'autres.

La situation était plus compliquée dans la Nation crie de Pimicikamak, où plusieurs milliers de personnes de la communauté et des environs ont été évacuées par avion sur des vols de 500 kilomètres vers le sud, jusqu'à Winnipeg.

Une épaisse fumée a fermé l'aéroport local, obligeant les gens à se rendre à Norway House, à 40 kilomètres de là. Le voyage comportait un embouteillage à un passage de traversier.

«Il a fallu 12 heures pour amener les gens à Norway House», a raconté le chef de Pimicikamak, David Monias.

Il a fallu une semaine pour faire sortir tout le monde de la zone, et l'évacuation a duré environ un mois, à partir de début juillet.

Les personnes évacuées ont dû s'inscrire une fois pour le transport et une fois pour l'hébergement, a expliqué M. Monias. Les aînés et les personnes souffrant de problèmes de santé ont dû faire face à de longues attentes dans les couloirs, et les interactions avec les gouvernements fédéral et provincial, ainsi qu'avec la Croix-Rouge, ont entraîné des doublons, a-t-il précisé.

À Winnipeg, Brandon et dans d'autres collectivités, des efforts ont été déployés pour héberger les personnes évacuées.

Des refuges collectifs ont été mis en place, notamment dans un complexe de soccer intérieur et au principal centre des congrès de Winnipeg.

Les autorités ont tenté de trouver des chambres d'hôtel pour le plus grand nombre possible de personnes évacuées.

Encore du chemin à faire

Avec jusqu'à 21 000 personnes évacuées en même temps et environ 15 000 chambres d'hôtel dans la province, dont beaucoup étaient occupées pendant la saison touristique estivale, la tâche s'est toutefois avérée ardue. Certaines personnes ont été envoyées à Niagara Falls, en Ontario.

Selon M. Monias, les grands espaces ouverts avec des lits de camp ne sont pas adaptés aux familles, aux personnes âgées ou aux personnes souffrant de problèmes de santé. Il aimerait que les gouvernements usent de leur pouvoir pour annuler les grands événements et libérer des chambres d'hôtel.

«Il est nécessaire d'établir une entente avec certaines des villes où nous envoyons nos équipes afin de garantir que, si des événements surviennent, les personnes évacuées y soient hébergées en priorité», a avancé M. Monias.

Le premier ministre Wab Kinew a exprimé sa frustration cet été face au petit nombre d'hôteliers qui, selon lui, ne proposaient pas leurs chambres.

Il a indiqué qu'il envisageait d'utiliser le Centre de développement du Manitoba à Portage-la-Prairie — un ancien établissement pour personnes ayant une déficience intellectuelle qui a fermé ses portes l'année dernière — comme solution d'hébergement pour les personnes évacuées.

Avec la fréquence croissante des feux de forêt, la création d'un établissement dédié aux personnes évacuées pourrait améliorer le soutien culturel et les autres services, estime la professeure Shirley Thompson, de l'Institut des ressources naturelles de l'Université du Manitoba.

«Tout le monde ne parle pas anglais (…), mais, du simple fait d'être si loin de chez soi, avoir quelqu'un qui comprenne leur point de vue est très important», a-t-elle mentionné.

Mme Thompson a également indiqué que les Premières Nations du Nord manquent de surveillance rigoureuse de la qualité de l'air pour surveiller les effets des feux de forêt, ainsi que d'installations publiques à air filtré, comme les bibliothèques.

Le gouvernement du Manitoba et la Croix-Rouge canadienne ont tous deux annoncé qu'ils procéderaient à des examens approfondis de leurs activités pendant la saison des feux de forêt.

«Cela prend du temps», a souligné la Croix-Rouge dans une déclaration préparée.

Steve Lambert, La Presse Canadienne

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