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Transformation numérique en santé: le MCN a demandé 5 fois l'arrêt du projet

durée 12h23
9 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

QUÉBEC — Le ministère de la Cybersécurité et du Numérique (MCN) a demandé cinq fois depuis 2024 à la Santé de suspendre ou d'arrêter le projet de transformation numérique des systèmes de gestion financière, d'approvisionnement et des ressources humaines (SIFARH).

C'est ce que révèle une lettre écrite par le sous-ministre du MCN, Stéphane Le Bouyonnec, datée du 20 juin 2025 et destinée à la PDG de Santé Québec, Geneviève Biron. Cette lettre a été dévoilée par l'opposition libérale, jeudi.

M. Le Bouyonnec rappelle dans sa missive que le SIFARH, annoncé en 2022 au coût de 202 millions $, affichait en mars 2025 un dépassement de coût de 112,9 % et un dépassement d'échéancier de 46,3 %.

Il affirme qu'un premier avertissement a été envoyé le 26 juillet 2024 au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), et que le sous-ministre à la Santé, Daniel Paré, était en copie conforme.

On lui demandait de suspendre le projet, «considérant que les paramètres initiaux n'étaient pas respectés».

Puis, le 12 septembre 2024, c'est le ministre de la Cybersécurité et du Numérique à l'époque, Éric Caire, qui recommande à son collègue à la Santé, Christian Dubé, de suspendre le projet SIFARH le temps que soit réalisé un audit, ce que M. Dubé refuse de faire.

À l'automne 2024, le MCN annonce au MSSS qu'il lui impose un audit de performance. Le rapport d'audit, accablant, a été transmis à Santé Québec, devenu responsable du projet, en février 2025.

Le 10 mars, le nouveau ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Gilles Bélanger, revient à la charge et demande à M. Dubé qu'ils exigent «de façon conjointe» et sans délai l'arrêt du projet SIFARH.

Santé Québec décide de scinder le projet; or, le seul volet gestion financière et approvisionnement (SIFA) «totalise maintenant 280,8 M$, soit une augmentation de 182 % depuis 2022», souligne M. Le Bouyonnec.

«Ainsi, la présente lettre constitue une recommandation négative. (...) Il vous est réitéré d'annuler sans délai le projet SIFARH, comme recommandé initialement», conclut-il.

Santé Québec n'a pas suivi cette recommandation et a plutôt poursuivi le projet, persuadé de la nécessité de moderniser les systèmes informatiques du réseau de la santé qui sont vétustes.

Jeudi, les partis d'opposition ont déploré qu'il ait fallu pas moins de 14 mois aux autorités de la santé pour suspendre SIFA, décision qui a été annoncée par Santé Québec la semaine dernière.

«Ça fait 14 mois que tous les détecteurs de fumée sonnent dans le "building", mais il n'y a personne qui sort», a lancé le porte-parole de Québec solidaire en santé, Vincent Marissal.

«Attendons d'avoir tous les détails avant de porter un jugement», a répliqué le premier ministre François Legault à la période des questions. Il a rappelé qu'une enquête de l'Autorité des marchés publics est en cours sur SIFA.

La commission de la santé et des services sociaux, où siègent des députés de tous les partis, doit décider jeudi si elle se saisit d'un mandat d'initiative portant sur les transformations numériques en cours dans le réseau de la santé.

Caroline Plante, La Presse Canadienne

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