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Une coalition d'élus demande à Mark Carney de «bâtir le pays plutôt que le brûler»

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24 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Plus de 250 élus municipaux, des conseillers, des maires et mairesses de partout au pays, unissent leurs voix pour demander au gouvernement Carney d’investir dans des projets «pour bâtir le pays plutôt que le brûler».

La coalition demande au gouvernement libéral de choisir des projets d’infrastructures nationales capables de protéger les Canadiens contre les changements climatiques.

La population s’attend à ce que «tous les paliers de gouvernement orientent leurs investissements vers des choix qui soutiennent à la fois l’économie et la transition écologique», sinon «on va créer des problèmes à plus long terme», a fait valoir la mairesse de Montréal, Valérie Plante, coprésidente de la campagne «Retroussons-nous les manches».

Ces élus municipaux s’inquiètent de constater l’ajout de nouveaux projets de combustibles fossiles à la liste des projets nationaux «importants» annoncée récemment par le gouvernement de Mark Carney.

«LNG Canada est à la fois une bombe carbone et un projet entièrement détenu par des intérêts étrangers», a déploré David Miller, coprésident de la campagne «Retroussons-nous les manches», en faisant référence à ce projet qualifié «d’intérêt national» qui permettrait de doubler la production de gaz naturel liquéfié au Canada.

«C’est le moment d’investir dans des projets qui bâtissent la nation, pas qui la brûlent», a ajouté l’ancien maire de Toronto, dans un communiqué.

Avec la loi C-5, le premier ministre Carney veut accélérer la réalisation de projets industriels considérés par Ottawa comme étant «d’intérêt national», tels que des mines, des ports et des pipelines, avec l’objectif de limiter les délais d’approbation.

La Loi visant à bâtir le Canada, qui a découlé du projet de loi C-5, est un élément central de la réponse du gouvernement Carney aux droits de douane imposés par le président Donald Trump.

La mairesse Plante se dit d’accord à ce que l’on «saisisse l’opportunité que nous offrent nos voisins du Sud pour créer de la richesse», mais il importe, selon elle, de réaliser notre «souveraineté économique» en «s’éloignant au maximum du développement des énergies fossiles».

Par exemple, plutôt que d’investir dans des projets liés à la production de combustibles fossiles, «Retroussons-nous les manches» (Elbows up for Climate, en anglais) voudrait voir le gouvernement Carney favoriser la création d’un réseau électrique propre pancanadien, la construction de 2 millions de logements écoénergétiques hors marché, la rénovation de logements sociaux et d’immeubles résidentiels multiunités, la construction nationale d’un train à grande vitesse et d’un réseau de bus entre les villes ainsi que la mise en place d’une «stratégie nationale de résilience, d’intervention et de reconstruction».

Des impacts climatiques dans tout le pays

La coalition soutient qu’au moins 200 collectivités, l’équivalent d'un Canadien sur quatre, «de Yellowknife à Fredericton en passant par Winnipeg et Montréal, ont subi les conséquences des catastrophes climatiques cet été».

Selon une fiche technique transmise par la coalition d’élus municipaux à La Presse Canadienne, 95 communautés auraient été confrontées à des avis de qualité de l’air dangereuse, 54 à des feux de forêt, 37 à des évacuations obligatoires et 29 à des chaleurs extrêmes.

D’autres communautés ou municipalité ont été aux prises avec d'autres sortes d'impacts cet été, comme des alertes d’inondation et des sécheresses.

«Regina (en Saskatchewan) a accueilli plus de 1200 personnes fuyant des feux de forêt. Nous savons que les changements climatiques entraînent des feux de plus en plus intenses, comme ceux de cet été, et que des alternatives aux combustibles fossiles existent déjà. Nous avons besoin de projets nationaux axés sur les énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien», a écrit Shanon Zachidniak, conseillère municipale de Regina.

«À Montréal, les inondations ont beaucoup retenu l’attention», a pour sa part indiqué la mairesse Plante.

Le 13 juillet dernier, 81 mm de pluie sont tombés en une seule journée sur Montréal, établissant un record pour un mois de juillet.

«Il y a des quartiers qui sont inondés à répétition» et des infrastructures «qui ne sont plus assurables», a rappelé la mairesse Plante dans une entrevue avec La Presse Canadienne.

Le Bureau d’assurance du Canada estime qu’en 2024, les pertes liées à des phénomènes météorologiques extrêmes ont coûté 8,5 milliards $.

La semaine du climat et Trump

Par ailleurs, la mairesse Valérie Plante se rendra mercredi au siège des Nations unies, à New York, dans le cadre de la Semaine du climat (Climate Week).

C’est la dernière fois que Valérie Plante participera à cet événement en tant que coprésidente du réseau C40, qui réunit des villes engagées dans la transition écologique.

La Semaine du climat est, selon ses propres mots, une occasion pour les maires et mairesses «d’échanger sur les bonnes pratiques et de sensibiliser les pouvoirs supérieurs à l'importance de collaborer avec les villes» dans la lutte au changement climatique.

La Climate Week se déroule en partenariat avec les Nations unies, à un moment où le président américain Donald Trump a utilisé, mardi, sa tribune à l’ONU pour qualifier les changements climatiques de «plus grande escroquerie» du monde.

«Toutes ces prédictions faites par les Nations unies et bien d'autres, souvent pour de mauvaises raisons, étaient fausses», a indiqué le président Trump mardi, en ajoutant qu’elles «ont été créées par des gens stupides qui ont coûté la fortune de leur pays et n'ont donné à ces mêmes pays aucune chance de succès».

Questionnée à savoir si elle considérait que les attaques du président américain contre les scientifiques du climat et contre ceux qui souhaitent réduire la pollution allaient changer le travail des intervenants invités à la Semaine du climat, Valérie Plante a répondu que, même si ce que dit Donald Trump est «aberrant, horrible et épouvantable», ses propos «la motivent encore plus».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

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