La Beauce inc. un ouvrage étoffé de Jacques Palard
Jacques Palard, directeur de recherche au CNRS de l’Université de Bordeaux en France a lancé mercredi dernier au Musée Marius Barbeau son livre intitulé La Beauce inc. Dans cet ouvrage, il décortique ce fait social, bref qui relève du miracle économique beauceron.
M. Palard élucide la question de l'indiscutable réussite économique de la Beauce. Il démontre « les mécanismes sociohistoriques qui rendent compte de la faculté qu'ont les Beaucerons d'échafauder, à partir de peu, un système complexe, fascinant et productif ».
Selon l’auteur, la Beauce est une région très particulière sur le globe terrestre. Même enclavée, elle a réussi à se développer malgré la modestie de son périmètre, sa marginalité et la faiblesse de ses ressources. « Des régions comme la Beauce, on peut en trouver sur tous les continents. J’ai évoqué l’Asie, l’Afrique du Nord, la Turquie et l’Amérique latine. Il y a des îlots qui constituent une matrice culturelle dont les composantes définissent ensemble ce que peut être leur destin collectif », raconte ce dernier.
Son ouvrage tente aussi d’élucider les origines de la Beauce économique : « Par quel processus les « jarrets noirs » sont-ils passés de l'échoppe à la grande entreprise? Pourquoi les Beaucerons sont-ils aujourd'hui si nombreux à revêtir l'habit de l'entrepreneur individuel dans une région pétrie d'identité communautaire? ».
Selon l’auteur, « l'incontestable dynamisme des acteurs politiques, économiques et éducatifs, ce sont les valeurs culturelles et les liens sociaux — « tricotés serrés » — qui permettent qu'une alchimie originale opère. Ce succès fait de l'enracinement territorial l'un des moteurs essentiels de l'innovation technologique et organisationnelle de la Beauce. »
La démarche sur le terrain de M. Palard a débuté en 1998 pour revenir 10 ans plus tard confirmer le fruit de ses recherches. Il a effectué beaucoup de travail tout en réalisant un nombre important de rencontres et d’entrevues, la révision du document et finalement sa parution. André Spénard, président du CLD Robert Cliche a commenté qu’il admirait la tâche colossale effectuée et les lecteurs trouveront beaucoup d’intérêt dans ce livre.
Saint-Gédéon la couverture du livre
Jacques Palard a choisi la localité de Saint-Gédéon pour illustrer la couverture de son ouvrage. Elle illustre le cœur du village avec notamment l’usine mère du Groupe Canam qui selon lui est un symbole fort. Il s’est dit étonné de voir une usine de cette ampleur après quelques dizaines de kilomètres en voiture de Saint-Georges traversant ainsi quelques villages du bois. « C’est un coup de cœur. Je suis allé très tardivement à Saint-Gédéon… Une industrie en milieu très rural qui m’a semblé très représentative de l’ouvrage », commente M. Palard.
Les commissaires présents
Les directeurs généraux et commissaires industriels des CLD Robert-Cliche, Daniel Chainé, du CLD de la Nouvelle Beauce, Denys Sylvain, et du Conseil Économique de Beauce, Claude Morin étaient présents à ce lancement de Jacques Palard. « C’est toujours très intéressant pour nous, enraciner dans la Beauce, d’avoir une lecture de l’extérieur de la Beauce », indique le directeur de la CLD de Robert-Cliche.
« La Beauce aujourd’hui est dans un cycle économique avec la montée du dollar canadien et la mondialisation des marchés, on essaie de trouver des façons de se sortir de ce marasme économique. Il n’y a pas de baguette magique. Votre livre est maintenant rendu un document de référence drôlement important dans la réflexion qu’on fait. Lorsqu’on connaît notre histoire, il est plus facile de se projeter dans l’avenir sachant les bons coups et les moins bons coups », a ajouté M. Chaîné.
La Beauce va s’en sortir
Avec la crise qui sévit, M. Palard croit aux bonnes chances de s’en tirer. « Elle a conservé son génie régional et la qualité de ses institutions locales et elle la capacité de s’en sortir avec ses propres moyens. Les jarrets noirs qui doivent traverser les marais de Saint-Henri pour aller vendre leurs produits à Lévis, ont appris beaucoup de la difficulté et à gérer collectivement. Il y a beaucoup de cela », pense l’expert.
Selon M. Palard, le succès de la Beauce économique dépend du transfert de connaissances des entrepreneurs aguerris aux plus jeunes et les moyens pour réinventer un modèle qui convient toujours à la Beauce.
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