PANDÉMIE COVID-19
Une rupture dans l'approvisionnement de litière agricole pourrait provoquer un bris dans la chaîne alimentaire
Une rupture dans l'approvisionnement de la litière utilisée par les producteurs agricoles du Québec pourrait créer le chaos dans l'élevage des animaux et rompre de façon importante la chaîne de distribution alimentaire.
C'est du moins ce que laisse entendre Anne-Lise Kyling, présidente de Copeaux Kyling, une entreprise de Bedford qui fabrique de la litière pour les animaux de ferme à partir des copeaux de bois et du bran de scie, dans une lettre envoyée le 23 mars au premier ministre du Québec, François Legault, concernant les services essentiels.
« Plusieurs clients ont commandé leur 'ripe' pour les semaines à venir pour leurs productions avicoles. Dans ce domaine, tout est cédulé d’avance : du couvoir à la table. Vous devez certainement être au courant de leur situation j’en suis certaine. Cependant, considérant que mon entreprise est un maillon important de la chaîne alimentaire, sommes-nous considérés comme service essentiel et avons-nous le droit d’opérer ? Pas de ripe, pas de production avicole, pas de poulets livrés aux abattoirs, pas de poulet sur nos tables,... ??? », peut-on lire dans la missive.
Avec le ralentissement imposé aux scieries, Mme Kyling craint de ne plus être en mesure d'obtenir la matière première alors que « le nerf de la guerre dans notre marché est d’avoir un inventaire cumulé pour subvenir aux périodes de pointe », indique-t-elle dans une autre lettre qu'elle a fait parvenir au directeur général de Barette Wood, Hugues Simon, lui demandant de poursuivre sa production et son approvisionnement en copeaux de bois.
« Les élevages avicoles doivent changer leur 'ripe' aux 6 à 8 semaines. Si jamais l’approvisionnement en ripe arrête, ils devront garder les poulets sur la même 'ripe' sur plusieurs élevages. Cette décision comporterait des énormes risques de maladies bactériennes, d’infections et de contagions qui mettraient en péril les productions avicoles », indique-t-elle.
Les productions laitières seraient aussi affectées puisque si les animaux doivent rester sur la même litière pendant des mois, ils auront des problèmes de mammites et d’infections de pattes, résultant à une diminution de productivité générale des troupeaux.
« Il y a aussi tout le système de transport des porcs qui a besoin de cette litière pour acheminer les bêtes vers les abattoirs. Il faut vraiment pas manquer de cette matière, sinon, plus rien ne fonctionnera», a déclaré le président de l'UPA Beauce-Sartigan, Pascal Leclerc, lors d'un entretien avec EnBeauce.com.
La rareté du bran du scie pourrait aussi créer un mouvement de vente vers le marché américain compte tenu du niveau actuel du taux de change et le fait que les entreprises de sciage de bois ont un besoin criant de liquidités dans la situation actuelle, fait remarquer M. Leclerc qui croit sincèrement qu'il faut prendre des mesures immédiates pour éviter la catastrophe.
« Nous lançons un appel aux scieurs de la région d'être solidaires avec avec le milieu agricole en ces temps de crise et de garder leur bran de scie pour le Québec », a pour sa part déclaré la directrice générale du Conseil économique de Beauce, Hélène Latuiippe.
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