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Enquête « Focus Québec 2025 »

L'inaction est le vrai problème de la pénurie de main d'oeuvre, selon Marc Dutil

durée 16h15
16 juin 2022
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Gabrielle Denoncourt
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Par Gabrielle Denoncourt, Journaliste

Pour le président et chef de la direction de Groupe Canam, « l’inaction » est le vrai problème face à la pénurie de main-d’œuvre.

C'est du moins ce qu'a déclaré Marc Dutil, qui agissait comme conférencier ce midi, lors de la présentation des résultats de l'enquête Focus Québec 2025  sur les régions manufacturières, présenté par la firme KPMG.

Invité à préciser les mesures mises de l'avant par Canam pour recruter du personnel,  l'homme d'affaires estime, dans un premier temps, que tout passe par la valorisation des métiers qui sont en général moins attirants. « Valoriser, ça veut dire, rémunérer. Il faut quelqu’un qui choisit de ne pas être médecin, avocat, comptable, professionnel, soit capable d’avoir une rémunération équitable pour un métier que peu de monde veut faire. Il n’y a pas beaucoup de monde qui veut être assembleur, soudeur, camionneur. Il faut valoriser ça. »

En général, les entreprises octroient à leurs employés une augmentation annuelle de salaire de l'ordre de 2 %, mais pour le dirigeant, ce n’est plus une bonne pratique. « Ça nous amène dans un mur et on ne s’en sortira pas, il faut complètement casser le modèle de rémunération. Une fois que quelqu’un est attiré dans le métier là, la culture d’entreprise, le développement personnel, les bénéfices marginaux, tout ça crée de la rétention. Mais si on ne paye pas correctement, on n’a pas d’attraction, alors la rétention elle ne sert à rien. »

Il a rappelé que le Groupe Canam a beaucoup investi dans l’automatisation et la robotisation de ses usines, particulièrement celle de Saint-Gédéon-de-Beauce. 

Projet de centre de formation
Marc Dutil a profité de l'occasion pour révéler que l'entreprise qu'il dirige travaille sur un grand projet de création d'un centre de formation basé à Saint-Gédéon-de-Beauce. 

« Je pense que dire aux gens on va vous former, ça crée de l’attraction et de la rétention parce que l’école ne peut plus prévoir ce qu’on va apprendre dans une vie au travail. Il faut que l’employeur contribue au chemin de croissance de quelqu’un qui décide de s’y investir et en troisième lieu on valorise nos formateurs. Quand on demande à un collègue de venir former des jeunes, lui même il grandit un petit peu. Un centre de formation c’est pas juste celui qui reçoit, celui qui donne grandit. C’est très gagnant pour nous autres. »

Les entrepreneurs, tous des rivaux
Malheureusement, comme l'indique M. Dutil, les entreprises à proximité sont de réels concurrents pour engager du personnel. Tous ont besoin de cette ressource. 

« Aujourd’hui, c’est triste à dire, mais le concurrent de Canam ce n’est pas l’usine du concurrent en Pennsylvanie ou en Utah. C’est celui qui essaye de venir chercher nos soudeurs. »

Toutefois, il ajoute que cela donne une motivation à se tourner vers l’automatisation et que cela ira en s’accélérant.

Chez Canam, ils ont comme valeur première : la diversité et l'inclusion. Pour eux, « des entreprises qui désirent avoir juste des modèles de collaborateur qui ressemblent à ceux qu’ils avaient déjà, cette pénurie sera encore plus difficile que celle d’une entreprise qui est prête à reconsidérer le modèle, le genre, la culture la langue, ça ça change beaucoup le bassin de main-d’œuvre dans lequel on peut puiser. Et ça l’enrichit votre milieu de travail. » 

Chaîne d’approvisionnement
Selon le sondage du KMPG, l’un des plus grands défis des entreprises, c’est les chaînes d’approvisionnement qui souffrent également de pénurie de matières et de travailleurs. 

Pour l’entrepreneur beauceron, tout se joue dans un lien de confiance entre le fournisseur et le client. Il considère que les dirigeants d’entreprises qui ne tissent pas des relations de confiance et personnel avec leurs fournisseurs seront plus gravement touchés par la pénurie. 

Faits saillants de l'enquête Focus Québec 2025
Selon l'étude de KMPG, 70 % des répondants de Chaudière-Appalaches prévoient intégrer de la robotique ou de la technologie pour diminuer les besoins en capital humain dans leurs entrepôts, centres de distribution, ou centres de production; 69 % considèrent la pénurie de main-d'œuvre comme un obstacle très important à rapatrier les opérations localement; 56 % prévoient centraliser et standardiser leurs opérations au courant de l’année et 44 % ont des incitatifs en place pour encourager l’atteinte des objectifs de développement durable.

L’enquête Focus Québec 2025 révèle que soutenir les entreprises québécoises est une source de motivation pour 91 % des répondants des régions manufacturières et que le maintien des emplois locaux est une source de motivation pour 86 % de ces mêmes répondants. Les Québécois achètent localement également pour obtenir des produits de plus grande qualité. Diminuer l’impact environnemental lié au transport des marchandises est aussi une source de motivation pour 72 % de ces mêmes répondants.

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