Les producteurs de porcs sonnent l’alarme
D’après la présidente de l’Association professionnelle des producteurs de porcs de la Beauce, Lyse Grenier Audet, les producteurs de porcs du Québec « agonisent ». Ces derniers sont durement affectés sur le plan financier avec l’appréciation du dollar canadien et que les abattoirs ont transféré la totalité de ce manque à gagner aux producteurs. Dans une lettre ouverte publiée le 28 février, la présidente sonne l’alarme sinon plusieurs producteurs disparaîtront.
En février, la plupart des producteurs n’ont reçu qu’environ les deux tiers de l’indemnité destinée à couvrir les pertes de 2007. « De même, ils n’ont reçu aucune indemnité pour le manque à gagner qu’ils absorbent depuis le début de 2008. Sans l’intervention à court terme de leur régime d’assurance, plusieurs producteurs vont devoir se résigner à mettre fin à leur activité. Le problème de ces producteurs n’en est pas un d’efficacité, bien au contraire. C’est le manque de liquidités relié aux sommes qui leur sont dues qui entraînera leur perte. Bien sûr, les familles de ceux-ci en sortiront écorchées. Elles ne seront toutefois pas seules à souffrir, car le retrait des producteurs entraînera la perte de nombreux emplois en aval et en amont de la production », indique Mme Grenier-Audet.
Le secteur porcin comprend 28 000 emplois directs et indirects. « Ce qui est moins correct toutefois, c’est que le manque à gagner soit puisé en totalité dans le régime d’assurance-revenus des producteurs. La responsabilité de préserver les emplois n’incombe pas uniquement aux producteurs et au Ministre de l’Agriculture. Ainsi, d’autres ministères à vocation économique doivent être mis à contribution », pense la présidente.
Le marché mondial du porc n’aide pas la cause des producteurs puisque le prix demeure peu élevé. « En se positionnant sur les marchés d’exportation, l’industrie porcine québécoise et les gouvernements étaient bien conscients du risque associé aux fluctuations des prix. En encourageant l’industrie porcine à doubler ses exportations en 1998, le gouvernement de l’époque reconnaissait dès lors que malgré les fluctuations de prix, l’industrie porcine québécoise générait un apport économique majeur pour le Québec. Pour pallier aux fluctuations de prix, les producteurs et La Financière agricole cotisent à un régime d’assurance, cette dernière se voyant confier le mandat d’administrer ce régime. Or, ce régime d’assurance ne fait pas présentement le travail pour lequel il a été mis en place », déplore-t-elle.
Selon la présidente, il faut agir vite pour que la filiale porcine redevienne un secteur rentable. « Les producteurs ont épuisé toutes leurs options. Il serait déplorable qu’on se souvienne de leur apport le jour où ils ne seront plus là. Ce jour-là, il sera trop tard. Enfin, à l’épicerie, n’hésitez pas à exiger qu’on vous vende du porc produit au Québec. C’est la meilleure façon que vous avez de vous garantir un produit de très haute qualité et de contribuer à préserver les emplois », presse Mme Grenier-Audet.
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