Le secteur manufacturier beauceron subit une perte de 1014 emplois
L’état de la production manufacturière en Beauce se dégrade depuis 2002 selon une enquête dévoilée ce 9 avril au restaurant le Bourre-Joie de Saint-Joseph. Les commissaires industriels de la région soulignent une perte de 1014 emplois et une diminution de 22 % de la valeur d’investissements manufacturiers. L’année 2008 s’avère encore moins encourageante et l’on verra assurément l’impact de la force du dollar sur les ventes et l’emploi.
Ces résultats découlent de l’enquête menée par le Conseil économique de Beauce, les centres locaux de développement de Robert-Cliche et de la Nouvelle-Beauce. Les données ont été recueillies auprès de 493 répondants sur 516 entreprises manufacturières répertoriées.
Selon Claude Morin du CEB, les projets d’investissements viennent à terme plus lentement qu’auparavant. Certains ne se réalisent même pas dû à une hésitation des industriels puisqu’ils doivent conjuguer avec trop de paramètres. Ceux-ci étaient presque inexistants il y a 10 ans. «Nos industriels doivent conjuguer avec la fluctuation du dollar et celle de l’essence, le manque de main-d’œuvre qui frappe toujours, les iniquités fiscales et l’arrivée des produits des pays en émergences. C’est très difficile de s’adapter à cela. Les choses vont tout simplement trop rapidement», pense le directeur général du CEB.
«Il s’agit d’une transition, il faut faire confiance à nos entrepreneurs de la Beauce. Ils ont développé beaucoup dans les vingt dernières années. Ils se sont positionnés sur le marché et doivent se repositionner. Les entreprises sont capables de se relever puisque nos entrepreneurs sont ingénieux», insistait le directeur général du CLD de Robert-Cliche, Daniel Chaîné.
En 2007, ces facteurs ont eu un impact significatif sur l’emploi. La région a connu un recul de 4,97 % sur le nombre d’emplois en région. Il est passé de 20 382 à 19 368 emplois. Mais là où le bât blesse, est que la Beauce a constaté une perte de 2819 emplois depuis 2002. Le secteur du textile a été éprouvé surtout en Beauce-Sartigan.
Perte d’investissements
En plus des 1000 emplois perdus, les trois MRC de la Beauce essuient des pertes d’investissements de 22 %. Évalués à 91 M$, il s’agit ni plus ni moins que la moitié des sommes investies en 1997-1998 par les industriels (182 M$), un sommet qui risque d’être inégalé. «Depuis 1997, il s’agit l’année la plus faible d’investissements», raconte le directeur général du CLD de la Nouvelle-Beauce, Denys Sylvain.
En Beauce-Sartigan, ils ont passé de 48 145 000 à 41 289 000 $ et devraient être similaires en 2008. Les investissements prévus en Nouvelle-Beauce devaient demeurer stables en 2007 soit à près de 35,5 M$. Toutefois, les investissements totaux en 2007 ont été bien moins bons que prévu, et s’élevaient qu’à 28 087 000 $. Une autre baisse équivalente est à prévoir pour l’année 2008 selon M. Sylvain.
Le territoire de Robert-Cliche est celui qui a connu la plus forte baisse. Les investissements ont passé de 34 532 000 $ à 22 557 000 $. Dans ce territoire, M. Chaîné a observé une rationalisation des entreprises ayant investies énormément en 1999-2000 laissant vacant de nombreux édifices. De plus, les investissements de l’année dernière étaient uniquement destinés aux équipements.
Les ventes demeurent stables
Alors que le dollar s’est maintenu à plus d’un dollar depuis l’automne dernier les nombreuses pertes d’emplois, la valeur des ventes a diminué légèrement. La valeur des produits fabriqués en 2007 a diminué de 2,74 % alors que les ventes hors Canada ont diminué de 4,19 % passant de 1 285 368 000 $ à 1 231 566 000 $. Les ventes en sol canadien excluant le Québec ont haussé de 2,85 % pour un total de 705 095 000 $. «Le chiffre d’affaires est peut-être le même, mais le nombre de produits est moindre. On a assisté l’augmentation de la valeur des produits», a remarqué M. Morin.
«Les entrepreneurs ont réussi à les maintenir à un haut niveau par contre les exportations ont diminué beaucoup. Elles ont diminué beaucoup soit de 60 % chez nous à Robert-Cliche, c’est majeur. La situation manufacturière est devenue très difficile», ajoute M. Chaîné.
D’ailleurs, ce secteur très touché demeure le plus important pour la vente à l’extérieur du Québec. Les produits comme le bois de sciage, le bois de construction, le bois ouvré et le meuble représentent 472 millions $ pour 12,2 % des ventes. Il s’agit d’une baisse de 61 M$ par rapport à 2006 et de 203 M$ par rapport à 2004.
Miser sur la productivité
Demeurer productif et investir dans les équipements est la solution pour maintenir les entreprises manufacturières hors de l’eau malgré le contexte économique actuel selon le commissaire industriel Morin.
M. Sylvain souligne toutefois que malgré la perte d’emplois, la Beauce a pu maintenir le cap de ses ventes grâce à une certaine amélioration de sa productivité. «Nous pourrions pas tenir le coup autrement», croit-il.
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