Les baby-boomers font face à des défis différents de ceux annoncés
Le 10 avril dernier, au Georgesville, plus d'une centaine d'invités se sont déplacés pour venir entendre un conférencier de marque : le président et chef de direction de Cascades inc., Alain Lemaire. Le thème de sa présentation : La relève et le virage vert en entreprise.
Après une présentation très relevée de l'homme d'affaires par l'un des actionnaires de Cascades, Pier Dutil, M. Lemaire a annoncé les couleurs de son discours : la relève, qui doit en être une de qualité, les changements à prévoir quant aux produits et surtout aux modes de fabrication à réévaluer, le développement durable, pierre angulaire de l'entreprise familiale des Lemaire depuis plus de 50 ans.
Pourtant, malgré la remarquable vision de l'entrepreneur et de sa famille, malgré les réussites d'affaires de cette entreprise pionnière en recyclage et développement durable, les propos de l'homme ont étonnamment surpris pour ne pas dire choqués du moins une partie de l'assemblée lorsque ce dernier a soulevé l'équité salariale comme un frein pour le développement des entreprises, tout comme l'équilibre recherché par les travailleurs et travailleuses ayant une famille à charge.
En effet, comment ce leader du milieu des affaires (père de trois filles dont certaines sont devenues des femmes d'affaires) plus que jamais bien positionné sur le marché des années 2000, peut-il encore en 2008 remettre en question les iniquités salariales reconnues entre les hommes et les femmes? Parmi les défis à relever pour les entreprises, et soulevés par l'homme d'affaires, ce dernier a souligné « ... cette injustice quant à l'équité salariale qui ne s'applique qu'en faveur des femmes, mais non en faveur des hommes qui font une même tâche... ». Les gens d'affaires sur place en sont même restés bouche bée à la fin de la rencontre quand est venue la période des questions. M. Lemaire s'est-il malheureusement fourvoyé quant à ce sujet, ou considère-t-il vraiment que les hommes « sont défavorisés quant à l'équité salariale face aux femmes, alors que seules ces dernières y ont droit »?
Mis à part cet imbroglio, qui reste à éclaircir, M. Lemaire a notamment mentionné que les « baby-boomers n'avaient pas été assez visionnaires et que les défis qui se présentent actuellement aux entreprises sont différents de ceux prévus. « Il nous faut un nouveau plan de match, surtout pour attirer les travailleurs à venir évoluer au sein du milieu industriel. Il faut se repositionner, par exemple, par une présence dans les milieux universitaires », a-t-il expliqué.
Des gestionnaires à l'écoute des employés
Pour lui, il est clair que les gestionnaires en industrie doivent se mettre à l'écoute de leurs employés et tenter de répondre à leurs attentes dans la mesure du possible. « À quoi s'attendre? On espère le mieux, mais il faut s'attendre au pire », a ajouté M. Lemaire. Chez Cascades, qui se répartit en quatre groupes dans le monde, les gestionnaires travaillent à implanter des programmes diversifiés qui visent à maintenir les gens compétents dans l'entreprise. « On fait des efforts pour offrir aux travailleurs la possibilité d'apprendre, on leur propose de nouvelles expériences en les encourageant à être mobiles, à bien s'alimenter, à adopter un mode de vie sain... », mentionnait-il.
Au moment même où Joseph Facal et ses acolytes réfléchissent à faire payer davantage les Québécois pour leur faire « prendre conscience des coûts réels des services publics », M. Lemaire pense que le Québec sera probablement la province où le choc sera le plus grand dans le milieu industriel. « Il est récent de voir qu'au Québec, on apprécie les enfants... peut-être est-ce parce que les... allocations familiales ont augmenté? », a-t-il ajouté.
M. Lemaire pense aussi que l'immigration peut aider à retarder le manque criant de main-d'oeuvre. Sa façon de voir la diversité culturelle au sein de l'entreprise? « Qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, de noirs ou de blancs, c'est la qualité des gens qui prime, leurs compétences », pense-t-il. « Et les jeunes sortent souvent des écoles beaucoup trop vite. Ils doivent aller plus loin dans leurs études et devront se donner de plus en plus de compétences techniques essentielles face aux technologies. »
Des travailleurs et travailleuses sélectifs et indépendants
L'homme d'affaires croit que les industries vivent le même problème que dans les années 60. « Les candidats viennent voir, mais ils sont très sélectifs et indépendants. Ils vont voir ailleurs aussi et fréquentent des sites comme Jobboom sur Internet. Ce n'est pas la même dynamique ». Pour lui, il faut savoir offrir des défis et des chances d'avancement à la main-d'oeuvre, alors que l'avenir même des entreprises est menacé, ce qui rend les défis d'autant plus difficiles à relever.
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