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Pier Dutil

Des médecins qui abusent

durée 18h00
2 juin 2025
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Par Pier Dutil

Le bras de fer impliquant le Gouvernement du Québec, la Fédération des Médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et la Fédération des Médecins spécialistes du Québec (FMSQ) au sujet du projet de loi 106 portant sur la rémunération des médecins a pris une tournure déplorable au cours des derniers jours.

Alors que le Premier Ministre François Legault mettait la table maladroitement en affirmant: «Ça va brasser», les fédérations de médecins ont mis de l’avant certaines initiatives qui ont pour effet de prendre les patients en otage, même si l’on prétend le contraire.

Une question jamais résolue

Depuis plusieurs années, les divers partis qui se sont succédés à la tête du Gouvernement québécois (PLQ, PQ et CAQ) ne sont jamais parvenus à régler les problèmes reliés à la rémunération des médecins.

Ces derniers se plaignaient d’être mal payés en se comparant avec leurs confrères ontariens. Plusieurs menaçaient de quitter le Québec pour aller pratiquer ailleurs au Canada ou aux États-Unis où la paye était meilleure.

Sous le Gouvernement libéral de Philippe Couillard et de son ministre de la Santé, Gaétan Barrette, deux médecins spécialistes faut-il rappeler, on a consenti des augmentations salariales variant de 25 à 50 %, faisant des médecins québécois les mieux payés au Canada et parmi les mieux payés au monde. 

En retour, le Gouvernement québécois avait fixé des objectifs à atteindre. Si ces objectifs n’étaient pas atteints, les médecins seraient pénalisés financièrement. Les objectifs n’ont pas été atteints, mais les pénalités n’ont jamais été appliquées.

D’année en année, de Gouvernement en Gouvernement, tous ont plié les genoux face aux puissants lobbys des médecins. Non seulement, ils n’ont pas été pénalisés pour la non-atteinte des objectifs pourtant acceptés par les deux parties, mais les médecins ont même eu droit à diverses primes, comme la prime pour revêtir une jaquette pour rencontrer des patients, alors que tous les autres intervenants n’avaient pas droit à une telle prime.

Des médecins bien payés

Les médecins du Québec, tant les omnipraticiens que les spécialistes, sont bien payés, voire même très bien payés. Et cela ne m’indispose pas. Ce sont des gens qui ont fait de longues études, qui ont de lourdes responsabilités et qui, pour la plupart, méritent leur rémunération.

D’ailleurs, dans une lettre ouverte du ministre de la Santé, Christian Dubé, publiée samedi dernier dans le Journal de Québec, ce dernier écrit : «Soyons clairs : la majorité des médecins travaillent très fort et on les remercie.»

Mais, suite aux fortes augmentations consenties aux médecins par Gaétan Barrette, je connais des médecins qui ont décidé de réduire leur temps de pratique, ne se gênant pas pour dire qu’ils faisaient autant d’argent en travaillant moins. Je sais, ce n’est pas la majorité des médecins qui ont agi ainsi, mais en réduisant leurs heures de pratique, cela fait en sorte que les patients doivent attendre pour avoir accès à un médecin de famille et aux rendez-vous qui en découlent.

Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, le revenu brut moyen des médecins de famille au Québec était de 384 305 $ en 2004. Quant aux médecins spécialistes, le revenu brut moyen était de 563 441 $, toujours en 2024. Près de 300 spécialistes ont touché plus de 1 million de dollars (1 M$) et six ont facturé plus de 2 M$.

Il importe de mentionner qu’il s’agit là de revenus bruts dont il faut déduire les frais de location de bureaux, les salaires d’employés.es, etc. Mais, je dois vous avouer que la condition salariale de nos professionnels de la santé n’a pas de quoi m’arracher une petite larme.

Au 31 mars 2024, le Québec comptait 12 373 médecins spécialistes et 10 914 médecins omnipraticiens. La rémunération de ces professionnels atteignait les 9 milliards de dollars (9 G$).

Initiatives exagérées

Dans le conflit actuel, certaines cliniques médicales ont pris l’initiative d’expédier des lettres à leurs patients, les avisant que leur accès à un médecin de famille risquait d’être «compromis» si le projet de loi 106 était adopté. 

Cette initiative a été dénoncée à l’unanimité par les partis politiques à l’Assemblée nationale. Même le Collège des médecins est intervenu pour exiger que l’on cesse immédiatement l’utilisation de telles menaces qui, selon les mots de l’organisme : «…véhiculent de fausses information».

De plus, des déclarations des deux fédérations des médecins omnipraticiens et spécialistes nous rappellent parfois des mesures syndicales nous rappelant les exagérations de certains syndicats de la CSN et de la FTQ Construction. 

J’admets que se faire jouer dans le portefeuille n’est jamais intéressant, mais, en retour, si on a un jour touché le gros lot en encaissant d’importantes augmentations salariales, l’employeur est en droit de s’attendre à de l’amélioration sur le terrain. 

Malheureusement, à date, malgré tous les avantages consentis aux professionnels de la santé, il reste toujours près d’un million de patient québécois qui n’ont pas encore accès à un médecin de famille, d’autres qui attendent des mois avant d’obtenir un rendez-vous et, finalement, d’autres qui souffrent en attendant une opération durant un an et plus.

Avec un tel bilan, on ne devrait pas se surprendre de voir le ministre de la Santé tenter d’améliorer les choses. Et si cela doit passer par une modification dans une proportion de 25 % de la rémunération des médecins, alors pourquoi pas?

Dans le dossier de la santé au Québec, qui accapare à lui seul une proportion de plus en plus importante du budget global, soit 42,2 %, le statu quo n’a plus sa raison d’être. On se doit d’apporter des changements dans le fonctionnement et l’attribution des budgets, même si, pour une fois, au lieu de faire mal aux patients, ces changements pourraient indisposer certains médecins.

Présentement, les contribuables québécois n’en n’ont pas pour leur argent en santé. Et il y a des limites à piger dans les poches de contribuables dont le revenu brut moyen se situe entre 75 000 et 80 000 $ selon les sources pour en mettre davantage dans les poches des privilégiés du système.

Au cours des prochaines semaines, je préférerais entendre plus souvent le mot patient que le mot argent dans la bouche des médecins.

La situation actuelle me donne la nausée. Je devrais m’en sortir avec deux Tylenols, sans avoir besoin de voir mon médecin de famille.

Courage

Il reste encore 1 337 jours au mandat de Donald Trump.

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