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Pier Dutil

On se fait fourrer

durée 18h00
30 juin 2025
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Par Pier Dutil

Avertissement

Âmes sensibles, s’abstenir. Je suis en beau maudit et si le titre de cette chronique vous heurte, ça pourrait faire encore plus mal car, en réalité, je suis en beau ta#*#*.

Le fiasco SAAQ-Clic

Même si la mise en place d’un logiciel informatique qui devait permettre aux usagers des services de la Société de l’Assurance Automobile du Québec (SAAQ) un accès plus facile en ligne et moins de présences aux bureaux connaissait des ratés et des explosions de son budget depuis des années, il aura fallu attendre le dépôt d’un rapport de la Vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, le 20 février dernier pour que le scandale soit révélé.

Et ce rapport, il n’est pas tendre. On y fait état d’informations cachées délibérément, d’importants dépassements de coûts, de possibilités de conflits d’intérêts et d’une mauvaise évaluation des risques associés au déploiement du nouveau système pour ne mentionner que ces points.

Et pendant près de 10 ans, les hauts dirigeants de l’organisme et les membres du Conseil d’administration ont dormi sur la «switch».
 
Les révélations contenues dans le rapport de la Vérificatrice générale étaient à ce point importantes que, finalement, le Gouvernement de François Legault na pas eu le choix de déclencher une Commission d’enquête présidée par le juge Denis Gallant.

De pire en pire

Si l’on croyait que les révélations du rapport de la Vérificatrice générale étaient scandaleuses, les révélations des témoins entendus dans le cadre des témoignages à la Commission Gallant nous ont sidéré.

On apprend d’abord que les appels d’offres visant à embaucher des fournisseurs pour mettre au point le logiciel recherché auraient été manipulés de façon à ce qu’il n’y ait qu’un seul fournisseur susceptible d’y répondre. Ça commence mal.

Du côté du budget, on estime que la réalisation du projet coûtera 458 M$, ce qui est déjà une somme importante. Mais, pas question de s’arrêter là. Des consultants payés 82 $ l’heure voient soudainement leur rémunération passer à 350 $ l’heure sans aucune justification. Un matin, tu travailles à 82 $ l’heure et, le lendemain, tu accomplis le même travail pour 350 $ l’heure, un peu plus de quatre fois la rémunération de la veille.

Le budget global subit une première hausse de 222 M$, passant de 458 à 680 M$ et personne ne semble s’interroger. Finalement, la Vérificatrice générale affirme que l’ensemble du projet finira par coûter rien de moins que 1,1 G$, soit 2,2 fois le budget initial et ce n’est pas fini.

Des dirigeants incompétents

Tout au long du déroulement des travaux, plusieurs vérificateurs internes à la SAAQ ont levé des drapeaux rouges, signalant à la direction des situations problématiques. Malgré cela, les hauts dirigeants continuaient à ne rien vouloir entendre.

Lors de son témoignage à la Commission Gallant, Guy Morneau, un ex-président du Conseil d’administration, a déclaré : «Quand bien même ça coûterait 50, 100, 200 millions de plus, ce n’est pas ça qui va empêcher la terre de tourner.» De tels propos dans la bouche d’un président de Conseil d’administration chargé de voir à la bonne gestion d’un organisme ont de quoi nous inquiéter.

De son côté, le grand patron à l’époque, Denis Marsolais, a admis devant la Commission Gallant qu’il avait assisté à une réunion avec un représentant du ministre de l’époque, François Bonnardel, réunion au cours de laquelle trois de ses vice-présidents avaient menti. Monsieur Marsolais n’a pas jugé bon d’intervenir pour corriger la situation et les trois vice-présidents menteurs ont pu continuer leur travail sans problème.

Plus tard, Denis Marsolais a été démis de ses fonctions. Mais, n’allez pas croire qu’il a tout simplement perdu son emploi. Non, on l’a plutôt nommé grand patron de l’Office de la Protection des Consommateurs (OPC), poste rémunéré à hauteur de 254 000 $. J’ai déjà connu pire comme punition. Surtout que Monsieur Marsolais avait fait preuve de tellement de vigilance pour prendre soin des deniers publics.

Son successeur n’a rien fait pour améliorer les choses. En effet, Éric Ducharme a fait preuve d’aveuglement volontaire en choisissant de ne pas donner suite aux nombreux avis de malversations soulevées par des vérificateurs internes. Avec un salaire annuel de 310 000 $, aussi bien se la fermer pour conserver son poste. Il avait pourtant été nommé pour faire le ménage.


Attitude des dirigeants de la SAAQ et des membres de son Conseil d’admistration


Commission en pause

Je pourrais faire état de nombreux autres témoignages entendus à la Commission Gallant, tous plus choquants les uns que les autres, mais j’ai l’impression qu’il y a déjà suffisamment de matière pour nous mettre en ta#*#*.

Surtout que la Commission n’a pas encore complété ses travaux, plusieurs autres témoins devant être entendus, dont des ministres du Gouvernement Legault.

Malgré la gravité de la situation, la Commission Gallant a suspendu ses travaux jusqu’au 18 août prochain, une pause de deux mois. Comme si on avait le temps d’attendre. À moins que ce soit pour nous permettre de mieux digérer les éléments du scandale déjà connus.

Rien de nouveau

Au Québec, on semble avoir toujours besoin de Commissions d’enquêtes publiques pour finir par faire la lumière sur des scandales.

En 2010 et 2011, la Commission Bastarache nous a permis d’apprendre que des collecteurs de fonds du Parti Libéral du Québec (PLQ) intervenaient dans le processus de nomination des juges de la Cour du Québec.

De 2011 à 2015, la Commission Charbonneau a fait la démonstration que la corruption et la collusion étaient présentes dans l’attribution et la gestion des contrats publics, notamment à Laval et à Montréal. 

Le financement illégal des partis politiques québécois par des firmes d’ingénieurs a également été largement démontré, mais aucun politicien n’a payé la note. La facture a été refilée à des firmes d’ingénieurs lesquelles, pour sauver leurs réputations, ont opté pour un changement de nom.

Et pendant ce temps, tout le monde a les deux mains dans le plat de bonbons et c’est vous et moi qui devrons payer la facture.

Pause estivale

Encore cette année, je me permets de prendre une pause de chroniques au cours des prochaines semaines. Je me réserve le privilège de pondre une chronique advenant un sujet ou un évènement auquel je ne saurais résister. Je vous reviendrai le 25 août prochain. Cette date de retour a été choisie pour une raison précise, mais il vous faudra attendre jusque-là pour le savoir.

Bon été!

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