Jasmin Roy dénonce l’intimidation dans les écoles en Beauce
Ayant vécu de l’intimidation au cours de sa jeunesse, le comédien Jasmin Roy en a fait son cheval de bataille. Jeudi après-midi, il a achevé une tournée de trois jours en Beauce afin d’influencer positivement 3000 élèves, tant du niveau primaire que du secondaire de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin (CSBE), afin de contrer l’intimidation en milieu scolaire.
L’auteur du livre « Osti de fif » et fondateur de la Fondation Jasmin Roy le comédien a témoigné des conséquences graves de l’intimidation et de la violence qui touche près de 10 % de la clientèle étudiante. Cela a des impacts sur la famille, mais avant tout sur la santé mentale de ces victimes. Celles-ci ont de fortes chances d’avoir des échecs scolaires, de décrocher, de développer des problèmes d’anxiété et de dépression, ou encore d’aller jusqu’à la tentative de suicide.
Bien humblement, le comédien justicier se dit surpris de toute l’attention reçue sur les différentes tribunes depuis la création de sa fondation et la sortie de son livre. « Je n’ai pas fini d’en parler », insiste Jasmin.
Jusqu’à présent, son discours a touché le cœur des jeunes et de bien des gens. « Honnêtement, ce qui est le plus valorisant, c’est lorsque je reçois des témoignages de gens. J’ai des petites filles qui sont obèses qui viennent me dire : « Depuis que j’ai dénoncé cela a changé. Grâce à toi, j’ai brisé le silence et grâce à toi, je n’ai plus le goût de mourir. » Cela vient me chercher beaucoup. J’ai eu beaucoup de témoignages de jeunes garçons. Un qui a fait deux tentatives de suicide m’a dit : « Depuis que j’ai lu ton livre et que j’ai vu ton témoignage, je le sais que je n’ai plus le goût de mourir puisque je sais que j’ai un trésor caché. » Cela me touche énormément. »
Un phénomène préoccupant
Pour cause, ce fléau brise actuellement la vie de plusieurs gens. D’après certaines études, le conférencier révélait que l’intimidation en milieu scolaire provoque les mêmes effets qu’un enfant battu par ses parents. C'est-à-dire qu’une personne sur deux pourra développer à l’âge adulte des tendances suicidaires surchargeant le système de santé.
« Si 10 % de la population étudiante est victime d’intimidation, cela va faire du monde à la messe. Cela ne signifie pas qu’ils vont se suicider un jour, mais ils vont vivre un désespoir profond comme j’ai vécu soit l’anxiété et la dépression. Si on s’en occupe là, cela va être des frais de moins à gérer plus tard pour l’État. C’est long à guérir, je peux vous dire que j’ai coûté cher au système de santé », souligne ce dernier. Pour Jasmin, ce profond désespoir est arrivé à 27 ans et a duré quatre ans de sa vie. Depuis, il a dû apprendre à vivre avec sa condition.
Les mots sont les mêmes partout
Jasmin trouve que le phénomène de l’homophobie est encore très présent. « Nous avons aujourd’hui des preuves qu’une personne sur deux victimes d’homophobie ne sera non seulement jamais homosexuel, mais qui va vivre les mêmes problèmes que j’ai vécus : anxiété et dépression. Certains penseront au suicide à l’âge adulte », dénonce-t-il.
« Lors de mes conférences, j’essaie de faire comprendre aux jeunes qu’ils participent peut-être à la mort de quelqu’un. Cela c’est grave », ajoute ce dernier.
Il se dit aussi touché de la pression intimidante que vivent les filles. « Bitch, salope, putain… à force de se faire traiter de ces noms-là, ces filles sont en danger. Nous avons même vu plusieurs cas d’agressions sexuelles ou même de viols où des garçons disent que leur victime est une salope et ce n’est pas grave ».
Puis, il y a l’Internet qui a aussi changé l’intimidation en milieu scolaire « Aujourd’hui, cela va encore plus vite avec à la cyberintimidation. On peut voir un jeune décrocher de l’école en dedans de 24 à 48 heures. Cela est nettement préoccupant parce que 90 % des jeunes victimes d’intimidation qui décrochent sont brillants et voudraient demeurer à l’école. Avec le taux de décrochage, qu’on connaît présentement au Québec c’est un peu injuste de voir cela », commente ce dernier.
Le phénomène de l’intimidation crée un stress collectif au sein de la population étudiante. « Il y a de petites filles qui refusent de manger de peur de se faire traiter de grosses ou des garçons qui s’empêchent d’accomplir leurs rêves. Il y a tout un travail à faire collectivement. »
Selon lui, il ne s’agit pas d’un problème de volonté pour enrayer ce phénomène vicieux dans nos écoles, mais plutôt de manque d’effectif. « C’est pour cela que la Fondation Jasmin Roy a été créée, afin de mieux outiller les écoles. Je pense fondamentalement que si quelqu’un est là pour s’en occuper, cela change et la tension tombe. Cela n’enlèvera pas toute l’intimidation, mais si on est capable de vivre dans un milieu plus sécuritaire et plus sain, on va sauver beaucoup d’enfants. »
Pour les intéressés, le site de la Fondation Jasmin Roy regorge de capsules Web regroupant toute une panoplie de personnalités québécoises et du milieu scolaire : http://fondationjasminroy.com/ .
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