Courrier du lecteur : Les sapins de Place Gagné-Maguire
Suite au malheureux incendie du 17 octobre 2009 sur la 1re Avenue à Ville de Saint-Georges, nous, les enfants de Jean-Luc Gagné, propriétaire des édifices détruits lors du sinistre, avons décidé, à des fins de transparence, de remettre les pendules à l’heure au sujet des négociations qui ont eu lieu entre l’administration municipale et notre père pour l’acquisition du site du futur complexe culturel. Dans les circonstances, il nous est difficile de commenter le choix du site, mais nous pensons que nombreux sont les arguments qui militent en sa faveur. Voilà pour le choix du site. L’objet de notre propos est tout autre.
Disons d’abord que l’administration municipale n’a pas tardé à s’intéresser au terrain devenu vacant à la suite de la destruction de l’édifice Gagné et de l’ancien hôtel Maguire. En effet, c’est elle qui a offert au propriétaire d’y placer des sapins de Noël. De prime abord, le geste peut sembler louable, mais en fait il était intéressé, voire stratégique. La Ville a-t-elle « planté » des sapins sur une autre propriété privée avant les Fêtes? Ce serait étonnant! Déjà, il y avait anguille sous roche. C’était le début de la mise en œuvre de la politique de la carotte et du bâton.
Au début de janvier 2010, un représentant se disant mandaté par la Ville est allé rencontrer notre père pour une première fois. Ça pressait! Notre père a alors reçu une offre d’achat verbale tout à fait ridicule à la lumière du prix ayant été demandé pour d’autres sites comparables dans le même secteur qui ont fait l’objet d’une analyse par la Ville pour l’implantation du complexe culturel. Sans avoir déposé une offre d’achat sérieuse, le représentant du conseil nouvellement élu a immédiatement brandi la menace d’expropriation!
Nous parlons d’offre d’achat ridicule parce que la Ville ne s’approprie pas uniquement le terrain vacant de l’édifice Gagné et de l’ancien hôtel Maguire comme certains auraient pu le croire. L’édifice à côté de la Banque Royale et l’immeuble d’habitation à trois logements résidentiels à l’arrière appartiennent aussi à notre père et font partie du « site retenu ». D’autres immeubles d’habitation qui appartiennent à des tiers sont également touchés.
Plus tard au mois de janvier, les parties se sont réunies à nouveau. Trois représentants de la Ville étaient présents. L’offre a été bonifiée, mais il s’agissait toujours d’une offre verbale, sans plus. Pas très contraignant. Vous en conviendrez. Encore une fois, la Ville a brandi le spectre de l’expropriation. Fini la carotte. On sort le bâton. Le 25 janvier, le conseil municipal a donc décidé majoritairement de donner un mandat d’expropriation à un cabinet d’avocats.
Une autre rencontre a eu lieu ultérieurement, soit le 5 février, à la demande de l’administration municipale. Il n’a pas été question de prix. Toute la discussion a tourné autour de l’expropriation. Par conséquent, il n’y a eu aucune négociation au cours de cette rencontre. Pourtant, lors des deux dernières assemblées du conseil municipal qui ont eu lieu le 25 janvier et le 8 février, le maire, monsieur François Fecteau, a indiqué que les négociations se poursuivaient. À des fins de transparence, nous tenons à préciser que la Ville n’a déposé à ce jour aucune offre d’achat au principal intéressé.
Nous nous demandons ce qui serait arrivé si notre père avait été en perte d’autonomie et s’il n’avait pas pu compter sur notre appui. Poser la question, c’est y répondre. Ses terrains seraient probablement déjà vendus!
Notre père a passé de nombreuses années de sa vie à exploiter un commerce et des immeubles dans le centre-ville. Étant donné qu’il a toujours négocié de bonne foi, quel est le véritable motif de l’expropriation?
Il est raisonnable de croire qu’il s’agit d’acquérir ses propriétés à rabais. Ce matin même, le vendredi 12 février 2010 à 9 h 45, l’épée de Damoclès est tombée et l’avis d’expropriation lui a été signifié à l’adresse d’un des immeubles sinistrés. Quelle ironie! À la façon dont les représentants de la Ville ont agi au cours des dernières semaines, on pouvait toutefois s’y attendre. Pas sûr que la famille Gagné va se laisser passer un deuxième sapin!
À bon entendeur, salut!
Bernard, Jean, Maxime et Pierre Gagné