Devant un auditoire albertain
Le séparatisme pour faire pression sur Ottawa n'est pas la voie, avise Maxime Bernier
Celles et ceux qui, la semaine dernière, cherchaient Maxime Bernier, l'ex député de Beauce sur la scène fédérale, auraient pu tourner leur regard vers l'Ouest canadien alors qu'il était de passage à Reed Deer en Alberta, ce samedi 16 novembre, dans le cadre d'une conférence sur le séparatisme albertain intitulée Freedom Talk.
Et dans ce qui représentait son premier discours depuis sa défaite électorale du 21 octobre, le toujours chef du Parti populaire du Canada a lancé un avertissement aux tenants d'une «Alberta libre» qu'ils n'iraient pas loin s'ils voulaient créer « un mouvement séparatiste comme le Québec pour exercer une pression sur Ottawa ».
« Vous pourriez passer plusieurs décennies à essayer d’organiser un mouvement séparatiste. C’est une entreprise énorme. Je connais des gens qui ont passé la plus grande partie de leur vie à se battre pour que le Québec devienne indépendant.»
Maxime Bernier assure qu'il y a un grand malentendu sur la situation du Québec, la perception dans l'Ouest étant que l’expérience du séparatisme québécois a été bénéfique pour cette province, qu'elle obtient toujours ce qu'elle veut à cause de cette menace.
« Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Nous avons une Constitution qui laisse beaucoup d'autonomie aux provinces. Si nous respections la répartition des pouvoirs prescrite par notre Constitution, le Canada serait beaucoup moins centralisé qu'aujourd'hui. Et le gouvernement fédéral serait beaucoup plus petit ».
Aux quelques 400 participants de la conférence, il a fait remarquer qu'entre les deux options extrêmes du séparatisme et d'une fédération centralisée, la vision d'une fédération décentralisée avec des provinces plus autonomes ne s'est jamais concrétisée, alors qu'elle est celle que privilégie une majorité de Québécois.
L'ancien député a quand même fait valoir les bons côtés de l'affirmation nationale québécoise dans l'obtention d'une plus grande autonomie provinciale.
« Il y a des façons pour l'Alberta de devenir plus autonome dans certains domaines, comme le Québec. L'Alberta pourrait avoir son propre corps de police, sa propre agence du revenu, son propre régime de retraite.... L'Alberta pourrait également avoir des ententes spécifiques avec Ottawa sur des compétences partagées, comme la formation de la main-d'œuvre et la sélection des immigrants, comme le Québec... La raison pour laquelle seul le Québec a conclu ces arrangements spéciaux n’est pas due au chantage séparatiste. C’est parce que les autres provinces n’étaient pas intéressées et ne l’avaient jamais demandé ».
M. Bernier a aussi dit qu'il était en colère contre l'arrogance des libéraux de Justin Trudeau et de leurs politiques qui divisent.
«Je comprends pourquoi beaucoup d’entre vous êtes en colère envers Ottawa, le Québec et le reste du pays. Mais vous ne pourrez pas changer ce pays si tout ce que vous faites, c’est menacer de partir quand les choses vont vraiment mal comme maintenant. Et que vous soutenez le statu quo le reste du temps », a-t-il fait remarquer.
À son avis, la croissance excessive de l’État, en matière de dépenses et d'interventionnisme, a comme conséquences négatives de déformer le fédéralisme, de créer des tensions et d'alimenter encore plus de divisions.
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