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Une enquête demandée sur le mot-clic misogyne de Pierre Poilievre
Par La Presse Canadienne
Les libéraux de Justin Trudeau demandent une «enquête approfondie» sur le recours à un mot−clic caché faisant référence à des mouvements misogynes dans des vidéos de Pierre Poilievre.
Dans une missive détaillant cette requête adresséejeudi au président de la Chambre des communes, Anthony Rota, la députée Jennifer O’Connell affirme chercher à savoir si des règles parlementaires ont été violées.
«Je demande donc que votre bureau, en collaboration avec le Bureau de régie interne, mène une enquête approfondie sur l’utilisation de longue date par M. Poilievre de mots−clés misogynes sur les médias sociaux et sur toute violation potentielle du Manuel des allocations et services aux députés qui en résulterait, notamment pour déterminer si M. Poilievre et son personnel ont utilisé des ressources parlementaires pour enregistrer, téléverser et diffuser ces vidéos troublantes», peut−on lire.
Mme O’Connell estime aussi que M. Poilievre a fait preuve d’un «mépris flagrant» quant aux valeurs qui font de la Chambre des communes un environnement de travail exempt de discrimination et de rhétorique haineuse.
«Je pense que le président ainsi que la Chambre des communes sont responsables de s’assurer qu’il s’agit d’un environnement sain comme n’importe quel lieu de travail», a−t−elle fait valoir en mêlée de presse.
Les libéraux soutiennent que l’emploi du mot−clic caché #mgtow — un acronyme pour «Men Going Their Own Way», qui signifie «Les hommes suivent leur propre chemin» — a été fait délibérément par M. Poilievre.
«Les Canadiens méritent des réponses quant à l’étendue réelle de cette campagne en ligne délibérée», insiste Mme O’Connell dans sa lettre.
Le codage #mgtow aide à faire la promotion des vidéos dans les réseaux de ce mouvement composé d’antiféministes qui veulent retirer les femmes de leur vie. Le réseau Global a récemment révélé que le mot−clic caché était rattaché aux 50 dernières vidéos Youtube du nouveau chef conservateur.
Appelé à réagir à la demande d’enquête des libéraux, le bureau de M. Poilievre ne s’est pas directement prononcé sur le bien−fondé ou non de l’initiative des libéraux.
On a plutôt fait parvenir une déclaration écrite du chef de l’opposition officielle réitérant qu’il «condamne toutes les formes de misogynie». M. Poilievre a profité de l’occasion pour rappeler que Jody Wilson−Raybould et Jane Philpott − deux femmes − ont dû quitter le conseil des ministres dans la foulée de l’affaire SNC−Lavalin.
«Le premier ministre a renvoyé la toute première femme autochtone procureure générale. Je condamne sa maltraitance de jeunes femmes issues de minorités dans son propre caucus qui ont dû quitter la politique, et je le condamne pour le fait qu’il a porté des costumes racistes tant de fois qu’il en a perdu le compte.»
Au moment où la nouvelle du recours au codage avait fait surface, l’équipe du chef de l’opposition officielle avait affirmé que ce dernier «ignorait l’existence de ces balises intégrées». On avait indiqué qu’elles avaient été «mises en place et automatisées» afin d’accompagner chaque vidéo «au cours des quatre dernières années et demie».
«Les balises intégrées ont été immédiatement supprimées dès que son bureau en a eu connaissance. Il est évident que M. Poilievre condamne la misogynie et toutes les formes de haine en ligne», avait−on ajouté.
Le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Alexandre Boulerice, s’est montré ouvert à l’enquête demandée par les libéraux.
«C’est assez troublant de voir le parti conservateur utiliser des mots−clics qui font des appels du pied à des groupes sexistes et misogynes. Peut−être qu’on doit effectivement clarifier ce que les parlementaires peuvent et doivent faire dans leurs comportements sur les médias sociaux», a−t−il commenté avant de prendre part à la période des questions.
L’utilisation des réseaux sociaux par M. Poilievre pour galvaniser ses appuis durant la course à la chefferie du Parti conservateur qu’il a remportée haut la main a été soulignée par bien des observateurs.
− Avec des informations de Michel Saba
Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
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