Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Hydro-Québec

Sophie Brochu quitte dans un contexte de tension avec le gouvernement Legault

durée 06h00
11 janvier 2023
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

Le gouvernement Legault s'en est tenu à de brefs éloges à l'endroit de Sophie Brochu, mardi, alors que presque tous les autres acteurs se montrent perplexes, déçus ou même inquiets face à la démission inattendue de la présidente et directrice générale d'Hydro-Québec.

Le premier ministre François Legault a ainsi publié un court gazouillis de deux phrases remerciant Mme Brochu et affirmant que «ça a été un plaisir de travailler avec elle sur de grands chantiers déterminants pour l’avenir du Québec, comme l'entente avec New York et le développement de la filière éolienne».

Des différences d'opinions sur l'avenir du secteur énergétique étaient apparues à l'automne entre la grande patronne d'Hydro et le gouvernement Legault, Mme Brochu étant la force motrice derrière la récente stratégie énergétique axée sur la décarbonation de l'économie, les énergies vertes et le maintien du bloc patrimonial à tarif avantageux pour les Québécois. Elle avait prévenu que le Québec ne devait pas vendre son électricité au rabais au profit du développement économique.

Son départ est d'autant plus surprenant qu'en octobre dernier, elle affirmait à l'animateur Paul Arcand sur les ondes du 98,5 qu'elle resterait en poste «tant que le cadre de gouvernance à l'intérieur du gouvernement d'Hydro-Québec est sain et qu'on est capable de faire valoir les grandes prérogatives du besoin du système énergétique».

Le quotidien La Presse rapportait de son côté en octobre dernier que Mme Brochu avait eu des discussions musclées avec celui qui devait devenir ministre de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, un ardent promoteur du développement économique. 

Or, M. Fitzgibbon y est également allé d'un bref hommage à la première femme à occuper la plus haute fonction de la société d'État, qu'il a qualifiée de «leader naturelle et dynamique, une inspiration pour plusieurs». Il l'a remerciée sur les réseaux sociaux pour sa contribution au secteur public, ajoutant qu'il était «certain que tu continueras d’influencer et de tracer la voie pour de nombreux décideurs de demain».

Côté politique, le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay, a aussi remercié la démissionnaire pour ses services, mais s'est surtout attardé sur le processus de nomination de la personne qui devra la remplacer, disant souhaiter «que le gouvernement nomme une personne qui aura les hautes compétences nécessaires». «Transparence et dialogue national sont requis», a-t-il ajouté.

Alors que le Parti québécois n'avait toujours pas décidé de sa réaction en milieu d'après-midi mardi, le porte-parole de Québec solidaire en matière d'énergie, Haroun Bouazzi, a été le seul élu à accepter de donner une entrevue plutôt que de se réfugier derrière un commentaire sur les réseaux sociaux.

«C'est un choc, un séisme, je dirais même. Surtout dans un moment charnière comme ça de la politique énergétique du Québec, face à ses objectifs de carboneutralité en 2050, c'est très grave», a déclaré M. Bouazzi en entrevue avec La Presse Canadienne.

Selon le député solidaire, il fait peu de doute que le départ de Mme Brochu est directement imputable aux frictions avec le ministre Fitzgibbon: «Il n'y avait rien qui prédisait que Madame Sophie Brochu allait couper court à son mandat. En octobre, elle a bien signifié sa vision pour Hydro-Québec et clairement sa vision n'était pas la même que celle du ministre Fitzgibbon, qui voit plus des coups de "cash" que les deux piliers que sont la transition écologique et le maintien des tarifs.»

Haroun Bouazzi ne cache donc pas son inquiétude face aux intentions d'une éventuelle succession décidée par le gouvernement Legault: «C'est quand même un gouvernement qui a découvert la question de la transition écologique lors de son deuxième mandat et qui nous parle de "cash" à faire à chaque fois, ce qui n'est pas vraiment le bon état d'esprit pour atteindre la carboneutralité en 2050.»

De son côté, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente la quasi-totalité des quelque 15 000 syndiqués d'Hydro-Québec, a publié un communiqué faisant part de sa «consternation» face à ce départ inattendu.

«Le départ de Sophie Brochu après seulement trois ans en poste fait craindre qu’une influence politique ait pu jouer un rôle dans sa décision», peut-on y lire, une allusion très claire au choc des visions avec Québec invoqué plus haut. Le mandat de Mme Brochu était de cinq ans.

«Une période d'instabilité s'ouvre et cela devrait inquiéter l'ensemble des Québécois et Québécoises», déclare le président du SCFP-Québec Patrick Gloutney en faisant référence au «nombre effarant de pannes» survenues durant les Fêtes.

Deux sources syndicales requérant l'anonymat, car n'étant pas autorisées à parler aux médias, ont d'ailleurs dénoncé à La Presse Canadienne la baisse continue de fiabilité du réseau sous le règne de Sophie Brochu telle que soulevée par la vérificatrice générale Guylaine Leclerc dans un rapport sévère en décembre dernier. Elles blâment notamment le non-remplacement des effectifs, la perte d'expertise et le virage vers l'autoformation pour cette chute de fiabilité.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié à 14h00

Legault avoue que la démission de Dubé est un «autre coup difficile à encaisser»

Le premier ministre François Legault reconnaît que la démission de son ministre de la Santé, Christian Dubé, est un «autre coup difficile à encaisser», mais il défend son intervention dans les négociations avec les médecins, plaidant que le temps était venu de conclure une entente. M. Dubé a démissionné de manière fracassante jeudi, claquant du ...

Publié le 17 décembre 2025

Le bilan des trois «R» pour le ministre Samuel Poulin

Les derniers mois de travail du député de Beauce-Sud, et maintenant ministre, Samuel Poulin, ont été caractérisés parce ce qu'il qualifie des trois R : réalisations, responsabilités et résilience. C'est ainsi qu'il a introduit son bilan de la récente session parlementaire, et de l’année 2025 dans sa circonscription, en conférence de presse hier, ...

Publié le 16 décembre 2025

Élections provinciales: Éric Duhaime considère sérieusement se présenter en Beauce

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, évalue présentement et sérieusement la possibilité de se présenter dans l'une des deux circonscriptions de la Beauce, en vue des élections générales qui auront lieu au Québec en octobre 2026. «Ça fait partie de ma réflexion [...] Ça va être à discuter avec les Beaucerons, mais je l'écarte pas ...

app-store-badge google-play-badge