La communauté n’est pas assez ouverte selon Karen Hilchey
Bien impliquée dans l’accueil des nouveaux arrivants à Saint-Georges, la conseillère municipale originaire de la Nouvelle-Écosse, Karen Hilchey soutient que la communauté georgienne et beauceronne n’est pas assez ouverte. La Beauce n’est pas un lieu assez ouvert à l’intégration des immigrants d’après Mme Hilchey
Mme Hilchey était en désaccord avec les propos de son maire, Roger Carette. Celui-ci a témoigné aujourd’hui devant la Commission Bouchard Taylor que la municipalité était accueillante aux nouveaux arrivants en prétextant que des maires d’origine allemande, américaine et français ont dirigé la ville au fil des 150 dernières années. «Ce qu’on ne dit pas c’est qu’ils sont tous nés ici. On est tous des immigrants à quelque part. Ce qu’on ne dit pas, c’est combien de générations sont passés avant? C’est une histoire bien connue ici que des gens ayant des problèmes avec la justice ont payé leur billet one-way en direction de Montréal et Toronto. On n’en parle pas des Boat-people ainsi que des Polonais qui étaient ici. Il en reste très peu. Ils sont presque tous partis», soutient Mme Hilchey.
Immigrée à Saint-Georges depuis 13 ans, Mme Hilchey trouve que les gens doivent sortir davantage de chez eux pour découvrir qui ils sont et surtout apprécier les différences culturelles. «Je ne savais pas que j’étais anglophone avant de venir au Québec… Tant et aussi longtemps que tu n’es pas sorti de chez vous. Tu te rends compte qui tu es en allant ailleurs», soutient-elle.
Elle croit également qu’il incombe aussi la responsabilité aux parents de faire découvrir à leurs d’autres cultures et d’autres religions. «Les gens portent des jugements sans aller voir ailleurs», pense Mme Hilchey.
Se cacher derrière la laïcité
Pendant l’audience de la Commission, il a été souvent question de laïcité, un fond de problème de la société. Un administrateur scolaire dans l’Amiante, Maurice Roy a indiqué que la laïcité constitue une menace le système d'éducation du Québec. Il a même rappelé qu’elle a été dénoncée par le pape Pie X. Intégrer la laïcité au Québec compliquerait notamment l’intégration des immigrants surtout des musulmans, selon M. Roy.
«On se cache derrière la laïcité. C’est une parure que la société est tolérante», pense Mme Hilchey.
Une constitution québécoise
À titre de citoyen et non en tant que président du PQ de Bellechasse, Jerry Beaudoin lui s’est aussi exprimé en faveur d’une constitution pour régler la question des accommodements raisonnable. «À ce chapitre, le débat des accommodements raisonnables ne diffère pas./ Il faut être capables de fixer les règles et valeurs qui guideront notre société. Chacun devra assurément mettre de l’eau dans son vin, mais il sera tellement plus facile de jauger avec tout cela lorsque des règles claires seront bien établies. Pour y arriver, je crois que nous devrons nécessairement penser un jour à établir une constitution québécoise qui édicterait, qui nous sommes, et les valeurs qui nous guident», pense-t-il.
Toutefois, il se dit ennuyé par le manque de fermeté politique du Québec. «Le gros du problème selon moi, c’est un manque de volonté politique, un manque d’encadrement. Vous savez, ce qui me choque le plus, c’est que certains prennent toutes ces questions un peu trop à la légère. Aujourd’hui, on pratique trop ce que j’appellerais la doctrine du « BOF ». Certaines personnes ne veulent pas voir des femmes en tenues d’entraînement lorsqu’elles passent à côté d’un YMCA…BOF… on va givrer les vitres. Il y même certains élus qui partagent ce genre de façon de penser. Le ministre Benoit Pelletier affirmait la semaine dernière qu’il n’y avait pas de problèmes à ce que des candidats unilingues anglophones se présentent aux élections en ajoutant que… BOF… les gens n’auront qu’à ne pas voter pour eux. Pourtant, le Québec est une nation francophone! C’est cette nonchalance et ce manque de responsabilité qui font que nous nous retrouvons aujourd’hui avec un débat aussi émotif», conclut M. Beaudoin.
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