François Legault pense que le gouvernement Charest manque de courage
Le député du comté de Rousseau et critique financier du Parti Québécois, François Legault, a prononcé une conférence lors du souper-causerie du 2 avril dernier, au restaurant Mondo de Saint-Georges. Son message : « On a besoin d'un gros plan d'affaires et d'une vision, avec des priorités pour l'éducation et les investissements privés au Québec ».
Arrivé avec plus de 30 minutes de retard, M. Legault a tout de même été chaleureusement accueilli par les membres du Parti québécois du comté de Beauce-Sud. En tout, une trentaine de personnes ont assisté à la rencontre. Ce dernier s'est dit satisfait de renouer avec l'esprit d'entrepreneurship beauceron : « Je suis heureux de revenir rencontrer des entrepreneurs... Cela me ramène à l'époque où je travaillais pour les petits gâteaux Vachon, en collaboration avec des entrepreneurs beaucerons... et avec Raymond Dutil de Procycle... », a mentionné M. Legault.
Accompagné du député du comté de Vachon, Camil Bouchard, M. Legault venait prononcer une allocution en Beauce pour parler d'économie, principalement du Rapport Gagné Godbout-Lacroix, du programme d'aide aux régions ressources, d'environnement, d'éducation et de nouvelle économie.
Pour ce diplômé du HEC, bachelier en administration des affaires, détenant une maîtrise en option finances, M. Legault a expliqué à son auditoire attentif l'importance de miser sur la baisse du taux d'imposition pour les entreprises au Québec et sur la baisse des taxes sur le capital.
Le gouvernement tourne en rond, manque de courage politique
Celui qui a fondé la compagnie Air Transat en 1986 et l'a menée à la Bourse en 1997 a exprimé toute son inquiétude face au défi de la compétition internationale qui bénéficie d'une main-d'oeuvre à bon marché. « Je sens qu'on tourne en rond au Québec. Que la meilleure manière de réussir, c'est d'en faire le moins possible. Pourtant, nos finances publiques sont actuellement dans une situation de déficit camouflé... et le problème va accélérer avec le temps ».
Les Québécois 30 % plus pauvres que les Américains
Selon lui, la Chine et l'Inde représenteront de gros marchés pour nous dans dix ou vingt ans. Mais pour l'instant, c'est inquiétant, surtout avec la nouvelle valeur du dollar canadien sur le marché américain. « Le revenu par habitant au Québec est beaucoup plus bas qu'aux États-Unis... Les Québécois sont 30 % plus pauvres que les Américains », précise M. Legault, qui trouve la situation très inquiétante pour nos jeunes et pour nos programmes sociaux.
Les solutions du PQ : Audacieuses, risquées, mais courageuses
M. Legault pense qu'il va falloir se réveiller au Québec. « Il faut aussi arrêter d'être naïfs et de laisser passer nos entreprises aux mains des intérêts étrangers... » Pour lui, il y a moyen d'aider les entreprises de certaines régions défavorisées en fonction des besoins sans miner d'autres régions, et ce, en évaluant objectivement les difficultés. Il suggère de mettre en place un processus d'enquête pour s'assurer qu'il ne s'agit pas d'un transfert d'emplois vers une autre région ciblée.
Les mesures fiscales largement insuffisantes
Selon M. Legault, le Québec a décroché l'an dernier 16 % seulement des investissements étrangers qui se sont établis au Canada, soit le plus bas niveau en 50 ans. Ainsi, la solution passe par la baisse des taxes sur le capital et des impôts pour les entreprises. « L'Irlande, la Suède, le Danemark ont des taux d'imposition beaucoup plus bas qu'au Québec. Ce sont des modèles à suivre », affirme ce dernier. Alors que l'Ontario a donné à ses entreprises des crédits d'impôt de 3,3 milliards $, nous, au Québec, on a choisi de donner 106 millions $ à nos entreprises.
Réactions de la salle et du parti de Robert Dutil
La période de questions a permis de constater que les mesures proposées par M. Legault ne font pas nécessairement l'unanimité au sein des membres du Parti. Du moins, certaines mesures suscitent de quelques questions.
Mais la réaction la plus inattendue est sans aucun doute venue de l'opposition radicale d'un membre de la Coalition d'entraide économique équitable, Jacques Blouin de Saint-Romuald. « Non, non, non, je ne suis pas d'accord du tout... Ce n'est pas vrai... » Une réaction qui a fait dire à M. Legault : « Je connais ce monsieur, et il n'y a vraiment rien à faire. Il ne veut rien comprendre... Je suis habitué à ce genre d'opposition ».
Rappelons que le vice-président de la Coalition des régions pour l'entraide économique équitable (CREEE), Robert Dutil, a qualifié l'annonce de la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, de « signe inquiétant d'aplaventrisme face au lobby des régions ressources qui laisse entrevoir une position biaisée du gouvernement Charest en leur faveur... ». Preuve que les deux partis ne partagent absolument pas la même « vision ». Et la situation est visiblement aussi distincte entre la Coalition et le Parti Québécois.
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