NDLR: Julie DeBlois a appris en octobre dernier qu’elle était atteinte d’un cancer du col de l’utérus de type « Adénocarcinome », soit une forme agressive de la maladie. Puisque celle-ci a accepté de partager son expérience au quotidien face à cette maladie, EnBeauce.com diffuse l'intégralité de ses textes dans la section Blogues. 

Blogue | 5 octobre 2015

Ayoye….Je viens d’apprendre que j’avais des cellules CANCÉREUSES dans mon corps…Oui, MOI, le mot CANCER me concerne directement maintenant. Dans moi. En moi. Dans MES cellules de MON corps à MOI!

​Après avoir accompagné Martin et mon père là-dedans, voilà que je me retrouve dans cette position. Bon, non pas que je sois au stade terminal (woo les nerfs, on va attendre les résultats avant de s’énerver!!), mais il s’agit de MOI!! 

​C’est fou comme ca remet absolument tout en question et en perspective. Depuis l'annonce du résultat il y a environ 4 heures et 11 minutes, j’ai pensé vendre mon condo, revenir vivre à Thetford, repartir faire le tour du monde, retourner ma vie au complet…ou bien juste la replacer à l’endroit où elle se doit d'être (à supposer qu'elle n'est pas au bon endroit). Car ce que je vis aujourd’hui, je vois ca juste comme un message de la vie qui me dit ‘Aie Julie, calm down woman!! Fais-toi donc une belle vie à la hauteur de ce que tu veux vraiment...parce que tu sais ma belle, la vie est pas éternelle!! Et me semble que tu as déjà vécu pas mal d'expériences dans les 7-8 dernières années pour savoir ca…me semble que tu aurais pu apprendre un peu plus vite…t’es pas vite, vite toi, hein? Fallait que le CANCER vienne te faire le message lui-même?!?! 

Belle façon de me remettre à ma place!

D'ailleurs, je vous confirme que tant qu’on ne reçoit pas une telle nouvelle, la vie EST éternelle dans notre esprit : c’est quand la nouvelle nous concerne directement qu’on se dit : eh ben ca, c’est toute une nouvelle…la vie est pas éternelle!?!

Même si les larmes ont coulé quelques fois déjà depuis l'annonce, et que je sens ma gorge se serrer quand j’en parle à quelqu’un, que mon visage dans skype était pas chic chic quand j’en ai parlé à mon frère tantôt, et malgré la petite peur au fond de moi qui n’ose pas trop s’affirmer de peur d’attirer une potentielle mauvaise nouvelle à propos du stade (qu'on ne connait pas encore), j’accueille bien cette situation. Je le prends comme un simple appel de la vie qui veut mon bien…oui oui, mon bien! Je pense qu’elle veut juste me dire de vivre ma vie, de remettre les choses à leur place. Bref, elle me fait une faveur...j'imagine qu'il faudrait que je la remercie!

​Bon. Là, parait qu’il faut que j’attende genre 15 jours pour avoir les résultats…Non mais 15 jours…ca peut être long en tabarouette! 15 jours...c’est 360 heures, c'est 21 600 minutes…c'est 1 296 000 secondes!!! 
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Le temps…c’est tellement relatif! C’est long quand ca précède un beau voyages qui arrive, ou quand on était petit et que Noel arrivait à grands pas. Et c’est trop court quand on tombe en vacances pour 2 semaines.
Quand c’est pour attendre les résultats d’un stade de cancer, alors ca doit être l’éternité même!! (ca y est…je viens de trouver la recette pour vivre l’éternité!!)

Comment je me sens? C’est difficile à dire. Mais je pense que déjà, mon cerveau est passé à autre chose. J’ai beaucoup travaillé sur le lâcher prise dans le passé. Et quand on n'a aucun contrôle sur ce qui nous arrive, comme maintenant, c'est TRÈS pratique! Je ne peux rien faire d’ici 15 jours…alors c’est pas vrai que je vais aller me coucher en boule dans un coin, sucer mon pouce et me lamenter! Par contre…je pourrais peut-être tout flamber mon argent, partir dans le sud sur un coup de tête, faire une virée à Vegas et faire la fête comme une folle, passer un beau weekend à Québec dans le penthouse du plus bel hotel (j'adore cette ville!), m’acheter tout ce qui me tente, inviter tous mes amis et ma famille au restauraut (sur mon bras!) pour célébrer…célébrer la vie! Et juste le fait ‘d’être’!

Je me sens bien. Au fond, soyons honnête : la pire pire les choses qui puisse m’arriver…ben c’est que je meurs! Pis mourir, c’est simplement la fin de la vie…et ca, tout le monde va le vivre un jour ou l’autre! Bon. Ceci étant dit, je préfèrerais l’option B (ya bien une option B pour moi SVP??) et c’est celle de juste vivre et passer à travers ca haut la main!

Je me souviens d’avoir prié quand j’étais jeune et je disais : si telle ou telle chose se passe bien et comme je veux, et que j’ai la réponse que je veux, je promets de toujours être gentille, ou être à mes affaires, ou aider les autres, et tout un tas de promesses comme ca…qu’on ne tient pas très longtemps une fois qu’on a ce qu’on voulait!

Et bien moi, j’ai envie de ressentir cela….que si tout va bien, je vais apporter des changements dans ma vie. Des changements importants, qui me réconcilieront avec qui je suis, ce que je veux, avec moi-même, avec ma vie. Je sais. Ca parait super hypocrite, mais je suis pas mal certaine que c'est un réflexe d'être humain.

Et je suis pas mal certaine que dans mon cas, ce seront des changements permanents, et que je ne reviendrai pas sur ma promesse.  Car le mot cancer, c’est maintenant à MOI qu’il s’adresse.

Et ca, c’est un peu pas mal terrifiant!!

Pour connaître la suite de l'histoire dans l'ordre chronologique, consultez les textes à partir du bas de page dans le blogue « Face au cancer: la vie selon Julie » (ici).