La domination de l’homme mène la planète au bord du gouffre
Dr Jean Bédard figure parmi les optimistes de ce monde qui croit que l’humain sera assez conscient pour guérir sa soif de domination et sauver sa race de l’extinction. « Pour la première fois, l’être humain est conscient qu’il est son principal ennemi. Il n’est peut-être pas assez conscient de cela, mais il commence à l’être », pense l’invité du comité des Conférences de prestige du Cégep Beauce-Appalaches.
L’écrivain, philosophe et intervenant social a abordé hier à l’auditorium du Cégep le thème de son prochain livre, L’Homme de pouvoir et la civilisation verte.
Une civilisation, qui selon lui, est fondée sur la domination et il a donné des moyens de changer cette situation. « L’être humain doit apprendre la justice et l’écologie. S’il ne l’apprend pas au cours des 100 prochaines années, il risque de disparaître comme espèce et la nature ne s’en plaindra pas. Un jour peut-être, une autre espèce apprendra l’écologie et la justice », souligne M. Bédard
« L’humain a une forte tendance pour la domination, s’il n’était pas hanté de son intérêt propre au détriment des autres, nous n’en serions pas là. Si l’être humain était juste entre l’être humain et la nature, nous n’en serions pas là », réitère-t-il.
Il a déploré d’ailleurs pendant la soirée la surconsommation et l’écart entre les riches et les pauvres. « Si chaque humain consommait comme un Américain moyen, il nous faudrait sept planètes comme la nôtre pour les ressources et sept autres planètes pour les poubelles. On a juste une planète. Se comporter comme les gens du 19e et du 20e siècle nous amène à un péril extrêmement grave », relativise l’écrivain et philosophe.
La domination nous ronge
L’être humain est arrivé à un point de non-retour pour changer la situation. « Pourquoi nous en sommes rendus là, c’est parce que nous avons atteint un niveau de technologie et de démographie que nous ne pouvons pas fonctionner selon la puissance », annonce M. Bédard.
« Justement, nous sommes habités d’une attitude de domination depuis des siècles, pourquoi aujourd’hui c’est plus grave qu’avant. On n’est pas plus méchant ou plus injuste. Les conséquences de notre injustice entre la nature sont amplifiées par deux choses. D’abord, la surpuissance technologique… militaire, industrielle ainsi que sur le plan média amplifient nos comportements, au point où nos mêmes habitudes d’il y a 100 ans mettent en péril notre planète. L’autre amplificateur est bien évidemment la démographie avec bientôt sept ou huit milliards de personnes et bientôt plus. On ne peut plus, agir de la même manière », croit M. Bédard.
Prendre conscience
Devant une foule d’étudiants soit près de 500, le philosophe invitait les jeunes à prendre conscience de leur environnement. Selon lui, la jeunesse constitue la clé pour l’humanité pour s’en sortir puisque selon lui, sa génération est complètement endormie. « Rien ne nous a réveillés même pas la Deuxième Guerre mondiale ni la bombe atomique », expliquait-il à un étudiant lors de la période de questions.
D’ailleurs, plusieurs étudiants ont ouvertement pris la parole pour poser des questions au philosophe, pendant que la moitié de la salle se vidait…
Ferme Sageterre
L’invité a eu le temps de parler de sa ferme biologique Sageterre située au bord du fleuve à Bic. Une ferme avec de grands jardins où plusieurs étudiants et jeunes enfants viennent y passer du temps. Un homme près de sa terre engagé depuis déjà deux ans et demi, avec sa femme Marie-Hélène, dans ce projet bien concret qui met de l’avant la pensée philosophique de la non-domination avec l’aide de jeunes.