L'immigration : L'un des grands défis actuels et historiques de la société
Le Centre universitaire des Appalaches (CUA) recevait le docteur en géographie historique, Pierre C. Poulin, le 14 mai dernier à l'occasion de l'une des grandes conférences du CUA. Ce dernier a tracé le portrait historique de l'immigration en Beauce, pour faire comprendre que l'on doit tirer une leçon de l'histoire tout comme des expériences plus récentes d'immigration.
Immigrer : Un choix, une décision, qui dépasse largement le fait d'entrer dans un pays et de s'y établir. En fait, M. Poulin aura permis aux quelques participants de faire tout un voyage dans le temps pour ensuite susciter, bien malgré lui, discussions et réflexions au sein d'un auditoire peu nombreux, mais très concerné par la question. Pour lui, « l'immigration, ce n'est pas nouveau. Même si l'on recule très loin dans l'histoire humaine, on constate que l'immigration a toujours existé. Depuis toujours, les gens recherchent un meilleur travail, de meilleures conditions salariales, veulent s'établir avec leur famille et développer un réseau social... », conclut le conférencier.
Celui-ci a rappelé la migration des premiers Canadiens français au Québec et dans la Beauce, tout comme celle des Franco-américains, ces Beaucerons partis pour l'Angleterre. Il a fait de même à propos de celle des Anglais, des Allemands, des Écossais, des Irlandais, puis des Hollandais, des Belges, des Italiens, des Polonais, des Suisses, mais aussi des Siriens, des Hébreux (Juifs), d'un Autrichien, d'un Russe et d'un Ukrainien qui ont habité aux 18e et 19e siècles différents coins de notre région, à différentes époques. « Pierre Dutil a d'ailleurs déjà écrit sur le sujet que certaines familles avaient fort bien réussi à s'établir en Beauce, à l'époque où il était journaliste... », a soulevé l'historien d'origine beauceronne lui aussi, qui a mis en lumière l'époque allant de 1911 à 1951.
Celui-ci a entre autres raconté l'arrivée d'Acadiens à Saint-Côme, de Georges Pozer qui a pris possession de la seigneurie Aubert-Gallion, de Victor Vanier à Sainte-Aurélie, des mineurs français et anglais à la recherche d'or dans la rivière Gilbert... « Tous ces faits historiques mériteraient probablement qu'on s'y attarde pour faire ressortir le contexte des relations et des difficultés d'adaptation qui étaient vécues à l'époque... parce que l'on n'en parle nulle part », a-t-il fait remarquer.
Selon lui, les courants migratoires ont toujours correspondu avec les grandes périodes économiques de l'histoire, les crises et les guerres.
L'historien a également raconté l'histoire des Polonaises recrutées par Ludger Dionne de l'usine Dionne pour combler des emplois au sein de son usine de textile. « Député libéral en 1945, M. Dionne avait dû négocier une entente avec le gouvernement pour obtenir un programme de migration qui lui a permis d'aller embaucher ces femmes en Europe. Une première histoire d'immigration qui n'a malheureusement pas réussi. (Histoire oubliée des Polonnaises à Saint-Georges) ». Un exemple de tentative migratoire ratée, avec des problèmes liés aux difficultés de la société d'accueil comme des personnes immigrantes.
En somme, dans la foulée des conclusions tirées des débats liés à l'immigration, une société d'accueil se doit d'être très ouverte, tout comme se doivent de l'être les immigrants. « Même dans ces conditions, l'immigration ne se fait pas sans heurts », note M. Poulin. Elle demeure encore en 2008 un très grand défi, un objectif de longue haleine, où l'ignorance et la méconnaissance de l'autre peuvent provoquer des gestes et des paroles de pure méchanceté, de méfiance et de non-respect de l'autre et de sa culture.
Un défi sur lequel planchent nos institutions, nos élus et divers groupes engagés de notre milieu, avec en tête le Cégep Beauce-Appalaches, qui accueille depuis trois ans des étudiants internationaux, notamment en provenance de l'Île de la Réunion.
Agente d'accueil et d'intégration du Carrefour jeunesse-emploi Les Etchemins, Virginie Bouanga travaille sur un dossier de recherche et d'intégration d'une main-d'oeuvre immigrante qui est recherchée pour combler des postes dans les Etchemins. Elle-même installée dans la région depuis peu, elle tient à demeurer dans le milieu alors que son mari a décidé de retourner au bercail.
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