Pénurie de main-d’œuvre en Chaudière-Appalaches : La région se mobilise

Par Pierre-Luc Lafrance, Rédacteur en chef
L’Agence de santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches (ASSSCA) a lancé son Plan stratégique régional et intersectoriel de main-d’œuvre 2008-2011 le 26 mai à la Cache à Maxime de Scott.
Selon Marc Tanguay, le président et directeur général de l’ASSSCA, le but de ce plan est d’éviter la pénurie de main-d’oeuvre qui menace la région, principalement à cause de l’exode des jeunes et du vieillissement de la population. Pour l’Agence, cette pénurie ne peut être envisagée, car il est impensable de réduire l’offre de services, d’autant plus que les besoins risquent d’augmenter avec le vieillissement de la population. Pour lui, il est important que les différents employeurs (publics, parapublics et privés) s’unissent pour assurer la santé et le bien-être de la population.
Le plan est issu des consultations publiques qui ont eu lieu en 2007. Selon Hélène Cloutier, directrice du projet pour l’ASSSCA, pour gérer la pénurie appréhendée de personnel, « il faut apprendre à partager la rareté de la main-d’œuvre puisqu’il n’y aura pas assez de jeunes pour combler les besoins. Il faudra accepter de faire des compromis pour maintenir la vitalité de l’économie locale, de même que pour l’accès et la qualité des produits et des services à la population. En Chaudière-Appalaches, 25 000 travailleurs sont susceptibles de prendre leur retraite d’ici 2010. De plus, 10 000 nouveaux emplois seront créés. Juste pour le réseau de la santé et des services sociaux, on parle du départ de 3 000 des 10 000 employés dont 200 des 425 cadres.
Dyane Benoît, directrice de la qualité et des relations avec la population, le réseau et le personnel de l’ASSSCA, la stratégie provinciale en matière de main-d’œuvre a inspiré le plan stratégique de Chaudière-Appalaches, mais l’aspect novateur de ce plan est qu’il est intersectoriel. C’est le résultat d’un an et demi de travail après en être venu au constat que la pénurie de main-d’œuvre, ou du moins le retard que l’on prend en ce moment, risque de déboucher sur une rupture de services. Elle rappelle aussi que lorsque l’on recrute un individu, on recrute aussi un couple et parfois une famille. Il est donc important d’avoir un emploi pour le conjoint ou la conjointe, d’où l’intérêt de mettre les ressources en commun. Il faut aussi assurer un cadre de vie intéressant (loisir, culture, école, transport).
Le plan comprend trois volets : un portrait précis de la situation de la main-d’œuvre dans la région qui montre la gravité de la situation et qui va aider à développer les stratégies de communication, la rétention de la main-d’œuvre et l’attraction de la main-d’œuvre. Hélène Cloutier explique que le départ massif à la retraite des baby-boomers au cours des trois prochaines années va entraîner une perte d’expertise. Il faut donc cibler les jeunes de 15 à 24 ans pour combler ces postes, il s’agit donc de la clientèle cible du volet attraction. Cela oblige le marché du travail à s’adapter aux demandes de cette nouvelle génération qui estime que le travail n’est pas la vie, mais une partie de la vie. Pour eux, l’environnement social est tout aussi important que l’emploi en tant que tel. Pour attirer ces jeunes dans la région, on veut mettre en place une campagne de promotion dès la première secondaire avec des rencontres pour présenter les différents emplois. On veut aussi mettre en valeur l’ensemble des entreprises et le bassin d’employés de la région. On souhaite partager les informations à l’aide d’une banque d’emploi régional et on espère être présent dans les salons et foires de l’emploi en tant qu’entité régionale pour qu’ensemble, il soit possible de devenir concurrentiel sur le marché de l’emploi pour attirer un plus grand nombre de finissants.
Même si le plan stratégique vient d’être déposé, il y a déjà des activités de lancées. D’abord, il y a trois comités de formé, un qui travaille sur la modification des pratiques de gestion, un autre sur une meilleure utilisation des compétences de tous les travailleurs et un dernier sur les incitatifs à mettre en place pour assurer une plus grande présence au travail. Sous peu, un quatrième comité sera formé pour développer des campagnes de promotion et créer une table de décideurs multisectoriels pour assurer le respect des orientations et le suivi des actions.
Lors de la rencontre, trois personnes qui ont quitté la région et qui sont revenus y travailler – Frédéric Morin, Kathy Plante et Chantal Veer – ont parlé de leur expérience. Ce qui ressort, c’est qu’ils se sont approchés pour réduire le déplacement, pour avoir plus de temps avec leur famille et pour avoir un meilleur milieu de vie.
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