Nous joindre
X
Rechercher

Combien gagnez-vous?

durée 18h00
25 novembre 2019
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

 

COMBIEN GAGNEZ-VOUS?

 

Le mercredi 20 novembre dernier, dans le cadre d’une émission diffusée sur le réseau «Z», intitulée «Mais pourquoi?», et consacrée au tabou entourant l’argent, l’animatrice Marie-Pier Morin dévoilait les revenus de son entreprise et la salaire annuel que cette dernière lui verse.

 

Nous avons ainsi appris qu’au cours de l’année 2018, l’entreprise de Marie-Pier Morin a rapporté de revenus de 1,3 M$ et que, à partir de cette somme, on lui a versé un salaire de 250 000 $.

 

Les invités qui participaient à cette émission s’étaient engagés à produire leur T4, soit le document de leur rapport d’impôts qui résume les revenus de chaque contribuable. Ce dévoilement n’est pas commun chez les artistes. J’ajouterais même que dévoiler son salaire n’est commun pour personne.

 

Notre rapport avec l’argent

Au Québec, parler d’argent n’est pas facile. Je ne sais pas si cela est le résultat de notre éducation judéo-chrétienne, mais toujours est-il que l’argent demeure souvent un sujet tabou.

 

Même si je ne suis pas un lecteur assidu de La Bible, je me souviens d’un verset de l’apôtre et évangéliste Mathieu que l’on nous servait quand j’étais jeune. Ça se lit comme suit : «Il est plus facile à un chameau de passer dans le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.»

 

Admettez avec moi que ça ne donne pas le goût d’acquérir des richesses. Pourtant, l’Église catholique ne se prive pas du côté richesses. Mais cela est un autre débat.

 

Plusieurs chicanes de couples tournent souvent autour de l’argent. De nombreux conjoints ne connaissent pas le salaire de leur partenaire. On doit gérer ensemble un budget familial, mais on cache le principal, les revenus du couple.

 

Les problèmes au sein du couple seront encore plus grands si un partenaire a une tendance à être fourmi, alors que l’autre est cigale comme nous le rappelle la fable de La Fontaine.

 

Des salaires connus

Le secret entourant l’argent ne nous empêche pourtant pas de pouvoir connaître les revenus de plusieurs salariés. Ainsi, tous les salaires des travailleurs syndiqués peuvent être connus en prenant connaissance des conventions collectives. Selon les années de formation et/ou d’expérience, selon les échelles de salaire, on peut finir par découvrir le revenu d’une personne.

 

Autre exemple de salaires connus; ceux des dirigeants d’entreprises cotées en bourse. La loi exige que les entreprises dévoilent les revenus totaux annuels (salaires, bonification, fonds de retraite, etc.] des cinq dirigeants les mieux payés.

 

Si, à titre d’exemple, je possède des actions de la Banque Nationale, lorsque je reçois l’avis de convocation me donnant droit d’assister à l’assemblée annuelle, je puis prendre connaissance des revenus du Président et des autres principaux dirigeants. Ces informations sont généralement reprises dans les médias et, ainsi, les revenus de ces dirigeants sont connus du public en général.

 

Il y a plusieurs années, Ricardo Semler, le grand patron de l’entreprise brésilienne Semco, a publié un livre intitulé «À Contre-Courant» dans lequel il écrivait qu’il était normal de dévoiler les salaires de ses cadres à l’ensemble des travailleurs de l’entreprise. Selon Ricardo Semler, on n’a pas à avoir honte de faire connaître son salaire si on juge qu’il est mérité et qu’on peut le justifier.

 

Je serais curieux de voir comment les choses se passeraient dans une entreprise de chez nous si l’on décidait d’afficher publiquement les salaires de chacun. Nul doute que cela susciterait des discussions parfois animées, chacun comparant son salaire à ceux de ses consoeurs et confrères. Il est probable que cela créerait aussi de la jalousie au sein de l’équipe. Chaque travailleur croit qu’il mérite plus que son voisin.

 

Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas l’intention de prôner la publication des revenus de chaque travailleuse et travailleur. Par contre, je trouve qu’entre conjoints, proches et amis, on ne fait pas preuve de beaucoup d’ouverture quand il est question de nos revenus. On aime entourer les questions d’argent de beaucoup de secret.

 

Aux yeux d’un grand nombre de Québécoises et de Québécois, quelqu’un qui s’est enrichi est souvent considéré malhonnête. Comme s’il n’était pas légitime de retirer un bon salaire, d’en épargner une partie et de faire fructifier cette épargne.

 

Rien de plus normal qu’un employé compétent dans son domaine et qui donne un bon rendement au travail reçoive une rémunération intéressante. Cet employé paiera des impôts qui serviront à nos gouvernements pour offrir des services à l’ensemble de la population. En consommant, il paiera des taxes et contribuera à faire progresser l’économie.

 

Même chose pour un entrepreneur qui a risqué tout ce qu’il avait pour créer une entreprise et qui a obtenu du succès. Il réinvestira une partie de ses profits dans le développement de son entreprise, il pourra offrir de meilleures conditions de travail à ses employés et, lui et sa famille jouiront d’un niveau de vie intéressant.

 

De grâce, cessons d’avoir peur de parler d’argent avec nos proches. Les succès des uns pourront devenir stimulants pour les autres.

 

Visionnez tous les textes d'opinion de Pier Dutil

 

PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à tous les salariés (es) :

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.