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Des pas dans la bonne direction

durée 18h00
17 février 2020
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

DES PAS DANS LA BONNE DIRECTION

Dans le programme électoral qui lui a permis de se faire élire en 2018, la CAQ était plutôt silencieuse du côté de l’environnement. François Legault l’avait d’ailleurs reconnu et s’était engagé à remédier à la situation, disant vouloir faire de 2020 l’année de l’environnement pour son gouvernement.

Depuis le début de l’année, le gouvernement québécois semble vouloir tenir parole, annonçant tour à tour des mesures importantes concernant la consigne et le recyclage.

LA NOUVELLE CONSIGNE

Depuis près de 40 ans, la consigne des bouteilles de bières, des canettes d’aluminium de bières et de boissons gazeuses de même que des bouteilles de plastique de ces mêmes boissons gazeuses est entrée dans nos mœurs. On paie 0.05 $ lors de l’achat de ces produits et on récupère notre 0,05 $ lorsque l’on retourne nos contenants vides dans les appareils destinés à la récupération. Cela se fait donc à coût nul pour le consommateur.

Pendant ce temps, nos bouteilles de vin et de spiritueux en verre et les bouteilles d’eau en plastique ne sont pas consignées et ne servent qu’une seule fois.

Fin janvier, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, annonçait une nouvelle consigne étendue à tous les contenants de boissons prêtes à boire en verre, en plastique et en métal pour 2022. Suivra en 2024 la consigne pour tous les contenants de type carton multicouche aussi appelés Tetra Pak utilisés pour le lait et les jus.

À elle seule, la SAQ vend plus de 200 millions de bouteilles de vin ou de spiritueux par année. De leur côté, les embouteilleurs d’eau produisent plus d’un milliard de bouteilles de plastique. Malheureusement, même si le consommateur prend soin de déposer ces contenants dans le bac bleu, la majeure partie de ces contenants aboutit dans les dépotoirs parce que le tout est contaminé lors de la cueillette.

Pendant ce temps, la seule fonderie de verre au Québec, Owens-Illinois, doit importer du verre de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, voire même de plusieurs états américains pour approvisionner son usine de Montréal, parce que le verre d’ici est contaminé.

Lors de l’entrée en vigueur de ces nouvelles consignes, nous paierons 0,25 $ par bouteille de vin ou de spiritueux et 0,10 $ pour tous les autres contenants consignés. Il sera possible de récupérer cet argent en retournant les contenants dans l’un des 400 lieux de dépôts situés un peu partout au Québec.

Récupérer et recycler pour vrai

La semaine dernière, notre ministre de l’Environnement, ce même Benoit Charette, en ajoutait une couche en décrétant une réforme permettant de récupérer et recycler tous les contenants d’emballage comme le papier, le carton, les sacs de plastique, etc.

Présentement, ces matières peuvent être déposées dans le bac bleu, mais, encore là, la majorité n’est plus recyclable. Les usines de papier du Québec, doivent importer du papier ou du carton de l’étranger pour alimenter leurs usines.

Quant à la matière contaminée, on l’entasse dans des conteneurs que l’on expédie en Asie, comme si ce continent était la poubelle de la planète. Même que, souvent, le contenu des conteneurs n’est pas celui indiqué et les Asiatiques ont commencé à nous retourner ces conteneurs. Expédier nos résidus à l’extérieur est loin d’être une mesure de protection de l’environnement.

Présentement, les 22 centres de tri du Québec fonctionnent selon leurs propres normes. Quatre d’entre eux menacent de fermer prochainement à cause de la mauvaise qualité des matières qu’on leur expédie.

Désormais, selon la réforme que Québec veut mettre en place, les entreprises qui mettent en circulation ces emballages devront s’assurer qu’on les récupère et qu’on les recycle. Des objectifs à atteindre seront fixés et devront être respectés faute de quoi des sanctions seront prises contre les récalcitrants.

Une rare unanimité

Avouons qu’il était temps que le Québec mette en place des mesures incitatives forçant toute la chaîne de production à adopter des plans de récupération et de recyclage qui vont au-delà des beaux discours.

Fait surprenant, ces nouvelles mesures ont reçu un accueil favorable unanime tant des municipalités et des centres de tri que des entreprises et des écologistes.

Plusieurs autres pays, notamment en Europe, ont déjà mis en place des mesures comme celles suggérées par le gouvernement québécois et les résultats obtenus sont largement positifs.

La cueillette sélective en place au Québec a déjà été largement adoptée par les consommateurs. Il suffit de comparer les contenus de nos bacs de déchets et de récupération pour constater que depuis l’avènement des bacs bleus, le contenu des bacs à déchets a grandement diminué.

Il s’agit maintenant de s’assurer que toutes ces matières récupérées puissent être traitées adéquatement afin d’être recyclées. Les façons de faire existent déjà et elles sont connues. Reste à faire preuve de volonté pour les mettre en pratique.

Il nous en coûtera probablement un peu en argent ou en efforts, mais notre environnement en profitera grandement.

Les mesures annoncées par le gouvernement québécois vont dans la bonne direction, mais nous jugerons de leur valeur en fonction des résultats obtenus.


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