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Grand ménage à la Maison Blanche

durée 18h00
9 novembre 2020
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

GRAND MÉNAGE À LA MAISON BLANCHE

L’automne est une saison favorable pour effectuer un grand ménage et il semble que les Américains ont entrepris de se livrer à cet exercice à la Maison blanche en accordant une victoire décisive au tandem démocrate formé de Joe Biden et de Kamala Harris.

Victoire décisive de Biden

Même si, au moment d’écrire cette chronique (dimanche après-midi), les résultats complets de l’élection à la Présidence des USA ne sont pas comptabilisés, le candidat démocrate, Joe Biden, bénéficie déjà d’une confortable majorité des votes populaires et des votes du Collège électoral.

Son avance de plus de quatre millions de votes populaires sur Donald Trump ne laisse aucun doute sur sa victoire. En obtenant plus de 75 millions de votes, Joe Biden obtient le plus grand nombre de votes jamais attribué à un Président américain.

Du côté du Collège électoral, pour être élu, un candidat doit obtenir 270 votes. Alors que les résultats de quatre états (Caroline du Nord, Georgie, Alaska et Arizona) n’ont pas encore été attribués à aucun des deux candidats, avec ses 279 voix, Joe Biden jouit déjà d’une majorité suffisante. Donald Trump pourrait remporter tous ces états et cela ne compromettrait pas la victoire démocrate. Notons que des recomptages au Michigan et en Georgie sont prévus, mais, encore là, cela n’aura pas une influence déterminante sur le résultat global.

Dans son discours de victoire, le Président élu s’est comporté dignement, refusant d’adopter une allure triomphaliste, appelant les Américains au calme en déclarant : «Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd’hui, ni jamais.»
La victoire de Joe Biden s’accompagne également de l’élection de la première femme à la Vice-Présidence, une femme noire en plus, Kamala Harris.
 

Trump fidèle à lui-même

Pendant ce temps, Donald Trump agit comme un enfant à qui on vient d’enlever un jouet. Tapi dans la Maison blanche, entouré de ses pantins, il rejette le verdict populaire en se proclamant gagnant, cela malgré le fait que les résultats ne cessent de favoriser le clan démocrate.

Fidèle à lui-même, lors de ses allocutions de mercredi et jeudi derniers, Trump a continué de discréditer le système électoral de son pays, le même système qui l’a porté au pouvoir en 2016. Jeudi, il y est allé tellement fort en lançant des accusations non fondées et en énumérant une liste de fausses allégations que la presque totalité des grands réseaux nationaux de télévision lui ont coupé le sifflet, du jamais vu. Même Twitter, arme favorite de Donald Trump, s’est permise d’aviser que le contenu de certains messages étaient incorrects et, dans certains cas, est même allée jusqu’à censurer quelques-uns de ses messages. 

En affirmant : «Si vous comptez les votes légaux, je gagne aisément. Si vous comptez les votes illégaux, les Démocrates peuvent essayer de voler cette élection» Donald Trump a montré ses vraies couleurs. Qui est-il pour déterminer qu’un vote est légal ou illégal. Chaque état américain est régi par des lois qui encadrent le système électoral et ce n’est pas Donald Trump qui va y changer quelque chose.

D’ailleurs, ce comportement du Président sortant contribue à le ridiculiser puisque, selon lui, les votes républicains sont légaux et les votes démocrates sont illégaux. En même temps qu’il exige de ne pas tenir compte des votes par la poste dans les états où il perd, Donald Trump accepte pourtant ces votes dans les états où il est gagnant. De plus, s’il considère le vote par la poste comme «frauduleux», a-t-il oublié qu’il a lui-même voté par la poste lors des élection de mi-mandat en 2018? Aurait-on dû rejeter son vote?

Après avoir traité Joe Biden «d’endormi», de «corrompu», de «criminel» et de «pire candidat de l’histoire américaine», je peux comprendre la honte que ressent Donald Trump de ne pas avoir réussi à vaincre un si piètre adversaire. Quand on crache en l’air, cela risque de nous retomber sur le nez.

En ce dimanche après-midi, Donald Trump n’a toujours pas accepté sa défaite, cela même si certains de ses proches tentent de le convaincre d’adopter un comportement responsable et respectueux, au cas où il aurait le goût de prendre sa revanche en 2024. 

Est-ce que Donald Trump acceptera dignement sa défaite ou se lancera-t-il dans une saga judiciaire qui risquerait de ne rien changer au final? Si Donald Trump, une fois dans sa vie, peut adopter un comportement digne, il en a la chance présentement. Ce serait pour lui la meilleure façon d’aller dans le sens de son éternel slogan : «Make America great again.»

La reconnaissance de sa défaite contribuerait également à éviter des scènes disgracieuses que pourraient causer ses partisans les plus extrémistes.
 

Un peu d’histoire

L’élection du 3 novembre passera à l’histoire en étant celle où le taux de participation de 67 % est le plus élevé et où le candidat gagnant aura reçu le plus grand nombre de votes.

De plus, en ne réussissant pas à se faire élire pour un deuxième mandat, Donald Trump est seulement le troisième Président sortant à subir la défaite depuis la fin de la deuxième guerre mondiale en 1945. Les deux autres sont Jimmy Carter en 1980 VS Ronald Reagan et George H. W. Bush en 1992 VS Bill Clinton.

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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine aux citoyennes et citoyens américains :

commentairesCommentaires

1

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  • BT
    Bernard Tremblay
    temps Il y a 3 ans
    C’est vraiment toujours intéressant de te lire et de constater que ton esprit d’analyse est toujours aussi juste!!!