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L'anarchie à nos portes et débandade conservatrice

durée 18h00
7 février 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

L’ANARCHIE À NOS PORTES
ET DÉBANDADE CONSERVATRICE

 

Les manifestations contre les mesures sanitaires se sont multipliées dans plusieurs villes canadiennes, alors qu’à Ottawa, la situation ressemble de plus en plus à de l’anarchie.

Pendant ce temps, c’est la débandade au sein du Parti Conservateur après l’éviction de son chef, Erin O’Toole, par le caucus des Députés.

L'ANARCHIE À OTTAWA

Alors que les manifestations un peu partout au Canada se sont déroulées sans grabuge, la majorité des manifestants faisant connaître leur opposition aux mesures sanitaires dans un calme relatif, la situation n’a cessé de se dégrader à Ottawa.

Il ne fait aucun doute que l’on a complètement perdu le contrôle à Ottawa. Même le chef de police, Peter Sloly, l’a reconnu. Ce dernier a adopté une attitude vraiment pitoyable, refusant d’intervenir face à de nombreux et malheureux dérapages. 

Lors d’un point de presse, M. Sloly déclarait : «Nous ne voulons pas d’émeutes.» Il ajoutait : «C’est provincial, c’est national et c’est de plus en plus international.» Mais pour les résidants d’Ottawa, le problème est avant tout local. C’est désolant pour la population d’une ville d’être ainsi tenue en otage sans pouvoir compter sur ses services policiers pour assurer sa protection. 

Comme le mentionnait le ministre de la Santé du Canada, Jean-Yves Duclos, «Ce n’est plus une manifestation, c’est une occupation.» Je n’en reviens pas de voir les occupants circuler avec des bonbonnes de propane et des réservoirs d’essence, ériger des abris un peu partout, tout cela au vu et au su des policiers payés pour faire respecter les règlements et assurer la protection des citoyens qui doivent endurer le bruit des klaxons et l’odeur du diésel à longueur de journée. Il ne fait pas de doute dans mon esprit que le service de police d’Ottawa ne remplit pas sa mission.

Des citoyens commencent à manifester leur mécontentement et, si la situation perdure, il ne faudrait pas se surprendre de voir des anti-manifestants poser des gestes de désespoir qui pourraient finir par dégénérer. 

Quand des citoyens refusent de respecter les lois et règlements et quand la police refuse d’intervenir auprès de ces citoyens, on est à l’aube d’une anarchie qui risque de nous ramener à l’époque du Far West où chacun faisait sa loi. Cela n’a rien de rassurant pour qui que ce soit.

En fin de journée dimanche, le Maire d’Ottawa, Jim Watson, a décrété l’état d’urgence. Il faudra voir ce que cela changera, mais admettons qu’il était temps.

MANIFESTATION CIVILISÉE À QUÉBEC

Malgré le discours provocateur de certains organisateurs qui menaçaient de «jammer» Québec, d’organiser un «siège» de la Capitale nationale, les quelques milliers de manifestants et dizaines de camionneurs se sont comportés avec civilité.

Dimanche, les organisateurs ont annoncé leur retrait en fin de journée, mais ont promis de revenir dans deux semaines.

Il faut reconnaître que le Service de police de Québec, contrairement à celui d’Ottawa, s’était préparé adéquatement, fermant la majorité des rues autour du Parlement. On a toléré les manifestants à pied et le stationnement d’une quarantaine de camions sur le boulevard René-Lévesque au cours de la journée et de la nuit de samedi à dimanche. En quelques heures seulement, les policiers de Québec ont émis plus de billets d’infraction que leurs confrères d’Ottawa en dix jours.

DÉBANDADE CONSERVATRICE

Les Députés conservateurs à Ottawa nous ont offert une belle démonstration de mutinerie, expulsant leur chef, Erin O’Toole, lors d’un vote du caucus où 73 Députés (62 %) ont retiré leur appui à leur chef, alors que 45 (38 %) lui sont demeurés fidèles. 

Au cours des heures et des jours qui ont suivi, nous avons assisté à une scission majeure entre deux clans : les ultra-conservateurs provenant principalement des provinces de l’Ouest, et les progressistes que l’on retrouve surtout au Québec et en Ontario.

Pour les Conservateurs, c’est un véritable retour en arrière. Un tel déchirement a déjà été vécu au sein des forces du parti. Stephen Harper, en 2003, était parvenu à unir les partisans de l’Alliance canadienne et ceux du Parti progressiste-conservateur pour former le Parti conservateur du Canada (PCC). 

Ce nouveau parti a pris le pouvoir en janvier 2006 de façon minoritaire, a été réélu, toujours minoritaire en octobre 2008 avant de former un Gouvernement majoritaire en mai 2011. Vaincu par les Libéraux de Justin Trudeau en octobre 2015, Stephen Harper démissionne à titre de Chef du Parti conservateur en août 2016. Andrew Sheer lui a succédé en mai 2017.

Suite à la défaite des Conservateurs en 2019, Andrew Sheer est contesté au sein du parti et il démissionne, laissant la place à Erin O’Toole. Vous connaissez le reste de l’histoire.

En tenant un nouveau congrès à la chefferie du parti au cours des prochains mois, les Conservateurs en seront à leur troisième congrès en moins de cinq ans. Pour l’électeur que je suis, un tel comportement au sein d’un parti politique n’a rien de rassurant.

En quatre jours à peine après l’expulsion d’Erin O’Toole, nous avons assisté à l’élection de Candice Bergen à titre de cheffe par intérim. Aussitôt, cette dernière a éliminé les Députés québécois de sa garde rapprochée avant de nommer Luc Berthold, Député de Mégantic-L’Érable, comme chef adjoint. 

Pendant ce temps, Alain Rayes, Député de Richmond-Arthabaska, a remis sa démission à titre de lieutenant québécois et Pierre Poilièvre, Député de Carleton, en Ontario, a déjà annoncé son intention d’être candidat au poste de chef du parti Conservateur lors du prochain congrès dont la date n’est pas encore connue.

Justin Trudeau doit être mort de rire…
 


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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine aux dirigeants politiques et aux manifestants anti mesures sanitaires :

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