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Trop, c'est comme pas assez

durée 18h00
26 décembre 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

TROP, C’EST COMME PAS ASSEZ

Lors d’une réunion de son conseil d’administration tenue le 7 décembre dernier, le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) a adopté une série de sanctions contre les joueurs de l’équipe de football les Condors du Cégep Beauce-Appalaches et l’institution elle-même suite au dérapage survenu après la victoire de l’équipe lors du Bol d’Or du 19 novembre dernier, dérapage qui s’est soldé par la destruction du trophée emblématique du championnat.

Si les gestes posés par certains joueurs de l’équipe des Condors étaient tout à fait déplacés et ont fait l’unanimité quant à leur stupidité, certaines des nouvelles sanctions prises par le RSEQ me semblent exagérées. 

DES SANCTIONS SÉVÈRES

En critiquant la sévérité de certaines sanctions, loin de moi l’intention d’excuser les gestes posés par quelques têtes folles de l’équipe et de minimiser leur importance.

Les sanctions prises par le RSEQ, selon un communiqué émis lundi dernier par l’organisme, sont les suivantes : pour la saison 2023, l’équipe est bannie des séries de fin de saison et de la finale du Bol d’Or, toutes les démarches permettant à l’équipe de passer de la division 2 à la division 3 sont suspendues, le Cégep devra défrayer une amende de 10 000 $, l’équipe et ses joueurs devront se soumettre à une période de probation de deux ans sans aucun incident tant sur le terrain qu’en dehors et, finalement, on demande à la direction du Cégep d’identifier les personnes responsables des gestes disgracieux menant à la destruction du trophée.

Ces sanctions s’ajoutent à celles déjà prises par la direction du Cégep Beauce-Appalaches, à savoir rédiger une lettre d’excuses, effectuer des travaux communautaires auprès d’organismes locaux, défrayer les coûts de production d’un nouveau trophée et voir une note inscrite au dossier des joueurs-étudiants.

LES VRAIS COUPABLES

Le problème avec les sanctions prises par le RSEQ, c’est qu’elles ne se contentent pas de frapper les vrais coupables des gestes disgracieux survenus le soir du 19 novembre. Tous les joueurs actuels et futurs sont mis dans le même sac et feront les frais des sanctions.

Il serait surprenant que l’on réussisse à obtenir que les joueurs qui n’ont pas participé au saccage du trophée acceptent d’identifier les vrais coupables. La délation n’est jamais populaire au sein des équipes, mais je reconnais que si tu disposes de l’information et que tu refuses de devenir délateur, tu deviens complice et que tu te dois d’en assumer les impacts.

Quant à exiger une probation de deux ans des joueurs-étudiants sur le terrain et en dehors, j’admets que cette mesure peut se justifier sur le terrain, mais qu’il est pratiquement impossible d’en assurer le suivi en dehors du terrain. La direction du Cégep ne peut accrocher un surveillant à chacun des joueurs-étudiants en permanence, surtout lorsque ces derniers sont en dehors du Cégep.

Et cette probation, elle n’affectera pas seulement les membres actuels de l’équipe. Tous les nouveaux joueurs qui se joindront à l’équipe au cours des deux prochaines saisons seront touchés par cette mesure alors qu’ils n’ont rien eu à voir avec les évènements disgracieux que l’on connaît.

Quant à l’amende de 10 000 $ que devra défrayer le Cégep, je ne vois pas ce qu’elle apporte dans la solution du litige, mais je reconnais qu’une pénalité financière fait toujours mal. Cependant, à moins que la pénalité soit défrayée par les vrais responsables, ce dont je doute fort, les 10 000 $ en question priveront l’ensemble des étudiantes et étudiants du Cégep de certains services, car cet argent aurait certainement pu servir à des fins éducatives plus appropriées.

UN APPEL?

La direction du Cégep, le président de la Fondation du Cégep, les préfets des MRC de la région et plusieurs autres personnes demandent que l’on fasse appel de ces sanctions.

Je ne connais pas la procédure à suivre dans une telle démarche et qui serait appelé à juger de la pertinence ou non de cet appel, mais, à moins d’une négociation au cours de laquelle tous les intervenants seraient disposés à faire preuve à la fois d’un sens des responsabilités et d’ouverture d’esprit, j’ai bien hâte de voir ce qu’il adviendra de toute cette affaire.

VIOL COLLECTIF ET AGRESSION SEXUELLE

Il y a quelques mois, nous apprenions que des membres de l’équipe de hockey junior du Canada se seraient livrés à un viol collectif à London en 2018. L’affaire avait été étouffée et Hockey Canada avait acheté le silence de la victime en versant un montant qui pourrait avoir dépassé le million de dollars. D’autres cas semblables seraient survenus au cours des dernières années. Les présumés agresseurs n’ont jamais fait l’objet d’accusations et de sanctions. On affirme que certains évoluent aujourd’hui dans la LNH et gagnent des millions, cela en toute impunité.

La semaine dernière, un présumé cas d’agression sexuelle commis par trois joueurs des Voltigeurs de Drummondville en 2016 a été porté à l’attention du public. La victime serait une jeune fille de 15 ans à l’époque. Deux des trois joueurs concernés auraient reconnu leur culpabilité, alors que le troisième pourrait faire l’objet d’une procédure judiciaire.

Quand j’analyse ces comportements et les impacts subis par les présumés agresseurs, je constate qu’une bande de jeunes têtes folles qui se sont acharnées sur un trophée seront l’objet de sanctions plus graves que des violeurs et des agresseurs sexuels.

Il me semble qu’il devrait y avoir un peu d’espace pour ramener les choses dans une juste perspective. 
 

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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine aux vrais coupables de la destruction du trophée du Bol d’Or et aux présumés agresseurs sexuels membres du hockey junior canadien :

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