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La CAQ devrait changer de nom

durée 18h00
25 mars 2024
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

Depuis sa réélection en octobre 2022, soit en à peine 18 mois, le Gouvernement québécois dirigé par la Coalition Avenir Québec (CAQ) multiplie les virages à 180 degrés. Des nouvelles annoncées comme des priorités du Gouvernement sont modifiées ou tout simplement abandonnées dès qu’un obstacle survient, alors que, dans d’autres cas, on nous ment effrontément.

À voir aller les choses, on en vient à se demander si ce Gouvernement a un plan. Non seulement on a perdu la boussole, mais on semble improviser.

C’est pour ça que je suggère aux dirigeants de la CAQ de changer le nom de leur parti et d’emprunter le nom suivant: Ligue nationale d’improvisation (LNI)

Que s’est-il passé?

Le 1er octobre 2018, la CAQ faisait élire 74 Députés et prenait le pouvoir au Québec. Malgré les nombreuses perturbations survenues tout au long de son premier mandat à cause de la pandémie due à la COVID-19, le parti a bénéficié de l’appui populaire.

Durant quatre ans, le parti dirigé par François Legault s’est maintenu en avance dans les sondages, fait quasi unique dans l’histoire politique moderne du Québec.

Fort de cet appui populaire, la CAQ a fait élire 90 Députés le 3 octobre 2022, entreprenant ainsi un deuxième mandat en position de force. Mais, depuis, rien ne va plus au sein du Gouvernement caquiste. 

La saga du troisième lien

Lors de la campagne électorale de 2022, le projet d’un troisième lien autoroutier entre Lévis et Québec était présenté comme une priorité. Pourtant, à peine six mois plus tard, en avril 2023, à la surprise générale, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault est forcée d’annoncer que le troisième lien ne sera plus autoroutier, mais sera plutôt réservé au transport en commun.

Une fois la surprise digérée, voilà qu’au lendemain de la défaite de la CAQ dans Jean-Talon à Québec en octobre 2023, sans avoir consulté son monde, François Legault se réveille en annonçant le retour du projet de troisième lien.

Pendant ce temps, la Ville de Québec continue d’avancer avec son projet de tramway dont le coût ne cesse d’augmenter. D’un coup de balai, François Legault, encore lui, décide unilatéralement de retirer ce projet à la Ville de Québec pour le confier à la Caisse de Dépôt et Placement du Québec (CDPQ) qui devra mener une étude globale sur l’ensemble du transport en commun à Québec.

Et, comme si cela n’était pas suffisant, le Gouvernement décide d’entreprendre une grande consultation populaire, confiant à la firme de sondage SOM le mandat de tenir un sondage ouvert à tous pour mesurer le niveau d’appui au projet de troisième lien. Les dirigeants de CDPQ infrastructure apprennent la nouvelle dans les médias comme vous et moi.

C’est à n’y rien comprendre.

Les espaces bleus

Le 10 juin 2021, en pleine pandémie, le Gouvernement Legault annonce le lancement du projet Espaces bleus prévoyant ouvrir des musées visant à «redonner vie à nos grandes réussites historiques» dans les 17 régions du Québec.

Moins de deux ans plus tard, au début de mars dernier, le ministre de la Culture et des Communications responsable de ces projets, Matthieu Lacombe, annonce l’abandon de ces projets à cause, notamment, de l’explosion des coûts. Comme si on n’avait pas procédé à une évaluation des coûts avant de lancer le projet. 

Finalement, les quatre projets déjà entrepris à Percé, Baie-Saint-Paul, Amos et Québec verront le jour, mais les Espaces bleus se limiteront à quatre plutôt que 17. Encore là, ça sent l’improvisation à plein nez.

Le projet Northvolt

L’implantation d’une usine de cellules de batteries par la suédoise Northvolt en Montérégie a fait l’objet d’une annonce spectaculaire à laquelle prenaient part les dirigeants de l’entreprise et des représentants des Gouvernements fédéral et provincial.

Cet important projet nécessitera des investissements énormes évalués à plus de 7 milliards de dollars (7 G$). Il importe de mentionner que les Gouvernements contribueront financièrement à la hauteur de plusieurs milliards de dollars.

C’est d’ailleurs grâce à cette importante participation financière de nos Gouvernements que la compagnie a choisi de s’installer au Québec plutôt qu’aux États-Unis. Il y a donc lieu de se réjouir de ce projet qui contribuera à solidifier la position du Québec dans la filière batterie.

Comme par hasard, avant l’annonce de ce projet, le Gouvernement québécois a modifié les critères auxquels de tels projets doivent être soumis pour la tenue d’une évaluation environnementale tenue par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Le ministre de l’Économie de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, dans le but de rassurer tout le monde, affirmait avec vigueur que ces modifications des critères n’avaient rien à voir avec le projet Northvolt et que, contrairement à ce que certains opposants laissaient entendre, la compagnie n’avait pas demandé de tels changements.

Or, voilà que récemment, le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, vient contredire son confrère Fitzgibbon en dévoilant que la compagnie avait bel et bien adressé une demande en ce sens et que des réunions pour en discuter avaient bel et bien eu lieu entre des dirigeants de l’entreprises et des représentants du Gouvernement québécois.

L’idée avancée pour ne pas tenir un BAPE fait référence au délai de 18 à 24 mois qu’une telle démarche aurait demandé, retardant ainsi le projet et menaçant son implantation au Québec.

Cette décision est relativement facile à comprendre et, si l’on s’était donné la peine de bien l’expliquer dès le lancement du projet, il y a fort à parier qu’une vaste majorité de la population aurait compris. On a plutôt choisi de nous prendre pour des imbéciles incapables de comprendre que, dans de tels projets, il peut y avoir des conditions particulières qui obligent les promoteurs à procéder rapidement. 

Pour avoir fait preuve d’un manque de transparence, le Gouvernement québécois a l’air fou aujourd’hui et prouve que l’on nous a menti. Rien de moins.

Pour toutes ces raisons, et plusieurs autres dont le manque d’espace m’empêche de mentionner, je suggère à François Legault de modifier le nom de son parti pour le faire passer de CAQ à LNI. Ce sera plus facile pour nous tous de s’y retrouver.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à François Legault et à son équipe :

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