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Doit-on s'inquiéter pour nos jeunes?

durée 18h00
9 décembre 2024
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

La forte utilisation des écrans et des réseaux sociaux par les jeunes n’a plus à être démontrée. Un enfant de moins de 12 ans possédant son propre téléphone cellulaire intelligent n’est plus une exception.

Si ces outils peuvent faciliter les communications, cela ne se fait pas sans risques et de plus en plus de gens s’en inquiètent.

Des impacts évidents

Depuis peu, des observations portant sur le comportement des jeunes dans les écoles ont soulevé un certain questionnement.

On constate que les jeunes québécoises et québécois qui arrivent à l’école sont de moins en moins autonomes. Non seulement ils ont du mal à écrire, mais ils éprouvent de la difficulté à tout simplement peler une banane, à aiguiser un crayon.

De plus, les jeunes éprouvent de la difficulté à différencier le réel du virtuel, à socialiser. Certains souffrent déjà d’une dépendance aux réseaux sociaux et déclarent éprouver de la difficulté à dormir. Enfin, leur capacité à se concentrer laisse grandement à désirer.

Des études ont démontré qu’un jeune qui passe plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux a deux fois plus de chances de souffrir de dépression et/ou d’anxiété. On constate également que, souvent, ce jeune aura une préoccupation exagérée de son image corporelle, une faible estime de soi.

Ces nombreux constats ont de quoi nous inquiéter, vous l’aurez deviné.

Une commission transpartisane

Récemment, La Presse+ faisait état de la création d’une commission spéciale transpartisane au Gouvernement du Québec pour se pencher sur ce problème.

Une commission transpartisane regroupe des Députés de tous les partis qui acceptent, comme le dit le mot «transpartisane» de mettre de côté la partisanerie qui anime généralement les débats à l’Assemblée nationale pour étudier un sujet et faire des recommandations.

La commission en question regroupe 12 Députés des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale. Ces Députés ont visité une vingtaine d’écoles dans six régions du Québec. Ils y ont rencontré des élèves.

Dans une entrevue, le Député libéral Enrico Ciccone, menbre de cette commission, a exprimé sa vive surprise suite à la réponse des élèves rencontrés à la question suivante : «Qui aimerait passer plus de temps avec ses parents pour faire des activités plutôt que d’être sur un écran?»

Et Monsieur Ciccone de témoigner : «Tout le monde a levé la main, c’était unanime, 100 %.»

La commission en question poursuit son travail et devrait accoucher d’un rapport contenant plusieurs recommandations au cours des prochains mois.

Certaines initiatives

En Australie, dernièrement, le Gouvernement a adopté une loi interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux jeunes de moins de 16 ans. En Belgique, depuis 2018, on a interdit certaines fonctionnalités utilisées sur les jeux vidéo incitant les jeunes à payer pour continuer à jouer et/ou pour accéder à des niveaux supérieurs.

Au Québec, il est interdit de conduire avant 16 ans, de voter avant 18 ans et les entreprises ne peuvent destiner de la publicité aux enfants de moins de 13 ans. 

De quelles conclusions et recommandations accouchera la commission transpartisance dans un proche avenir, il est trop tôt pour le dire, mais il ne fait aucun doute dans mon esprit que l’on accouchera de mesures restrictives quant à l’usage des réseaux sociaux par les jeunes.

Difficiles d’application

Peu importe les lois et règlements mis de l’avant par les états, il me faut reconnaître que leur application risque d’être très compliquée.

En effet, les entreprises qui possèdent les réseaux sociaux se comportent souvent comme si elles étaient au-dessus des lois des divers pays. Tout ce qui compte, c’est de réaliser des profits faramineux en utilisant leurs usagers pour attirer les annonceurs.

En réalité, les réseaux sociaux devraient être un outil précieux pour s’informer, effectuer des recherches et ainsi de suite. Mais, malheureusement, il y a peu ou pas de contrôle quant aux contenus publiés sur ces mêmes réseaux. Et plusieurs personnes malhonnêtes ont su développer des subterfuges pour répandre de fausses informations et pour arnaquer des usagers vulnérables qui deviennent des victimes.

La responsabilité des parents

Aujourd’hui, plusieurs parents préfèrent déléguer aux autres (garderies, écoles, Gouvernements, etc,) la responsabilité de surveiller leur progéniture.

Pourtant, c’est aux parents qu’appartient en tout premier lieu la décision d’acheter un ordinateur, une tablette, un téléphone cellulaire à leurs enfants. Je sais que la pression sociale est souvent forte quand ton enfant utilise l’argument à savoir que tous ses amis ont un ordinateur, un cellulaire, etc. Pauvre petit, il est le seul à ne pas avoir l’un ou l’autre de ces appareils.

C’est également aux parents que revient la responsabilité de surveiller le temps d’utilisation de ces appareils par leurs enfants. Il est aussi possible de vérifier l’utilisation que les enfants font de ces réseaux sociaux. Encore faut-il y consacrer un peu de temps.

Les parents ne pourront pas éternellement abdiquer leur responsabilité en espérant que les autres interviennent à leur place.

Il n’est pas question pour moi d’interdire l’usage de ces écrans et réseaux sociaux aux jeunes, mais il n’est pas question non plus de laisser les jeunes utiliser tous ces moyens sans supervision parentale.

Il n’est pas question non plus pour moi de priver les jeunes de leur droit de communiquer, mais il est plutôt question de les protéger.

Vous ne laisseriez pas vos enfants manger n’importe quoi susceptible d’hypothéquer leur santé, alors pourquoi les laisseriez vous consommer n’importe quoi susceptible d’affecter leur cerveau en plein développement?

Encore faut-il que les parents sachent, eux aussi, utiliser intelligemment leurs écrans et réseaux sociaux. Prêcher par l’exemple est toujours plus concluant que de prêcher uniquement par la parole.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à tous les utilisateurs des réseaux sociaux :

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