Saviez-vous que le premier poste de douanes en Beauce a ouvert vers 1822 et était situé à Sainte-Marie, sous le nom de Port de Beauce. C'était trop loin, et vers 1835, le bureau des douanes fut déménagé plus près, à 10 miles de la frontière, sur le chemin de Kennebec. C'est le 12 janvier 1837 que le premier commis entra en fonction à cet endroit, M. James Armstrong, d'où le nom qui fut donné à ce secteur.
À cette époque, une première route de terre, très rudimentaire et peu entretenue, fut aménagée entre Lévis et Boston. Un service de diligence fut alors instauré, à raison de trois départs par semaine. C'était un trajet long et difficile qu'on prenait trois jours à parcourir. Il fallait donc s'arrêter pendant deux nuits pour se ravitailler et changer les attelages. D'où la nécessité de prévoir des endroits pour manger et dormir, qui ont été nombreux au fil des décennies, même après l'avènement des véhicules automobiles, qui étaient moins performants à cette époque, surtout que cette route en terre n'était pas toujours bien entretenue. C'est ainsi qu'on a eu, pendant longtemps, plusieurs auberges ou hôtels sur la route dans le secteur d'Armstrong, dont on possède quelques photos.
On voit deux immeubles très ancien à la photo 1, qui souhaitent la bienvenue aux Américains et qui précisent qu'ils sont à 90 miles de la ville de Québec. On a de superbes photos d'un autre hôtel qui fut renommé, le «Armstrong Inn and Cabins» (photos 2, 3 et 4); en fait c'est le même hôtel, photographié à des époques différentes. Autre établissement ancien, du même nom: les Cabines Armstrong (photo 5).
À la 6e photo, on peut voir l'un des plus anciens véritables bureaux des douanes. Selon la plaque d'immatriculation du véhicule, ce serait vers 1916. On réalise que la situation s'améliorait au fil des ans car on aperçoit le même bureau quelques années plus tard sur la 7e photo, et encore plus tard à la 8e photo. Hélas, ce bureau était situé à environ 10 miles de la frontière, ce qui a favorisait les contrebandiers. La période la plus tumultueuse et chaotique de cet établissement frontalier fut sans contredit celle de la prohibition qui fut en force aux États-Unis (mais pas au Canada) du 17 janvier 1920 jusqu'au 5 décembre 1933. Ce fut l'âge d'or de la contrebande entre nos deux pays. La 9e photo nous montre un hôtel qui s'appelait le Line House, situé en plein sur la ligne de la frontière, dans le canton Marlow. Une rareté cette photo! L'hôtel était long, les clients entraient du côté américain et buvaient au Canada! Le bar était à cheval entre les deux pays, ce qui rendait le travail des douaniers très compliqué. En 1925-30, le propriétaire de l'hôtel M. Jimmy Sands, entreposait sa boisson dans un énorme comptoir roulant. Il était constamment aux aguets pour les douaniers. Quand il voyait que les douaniers canadiens s'en venaient, il déplaçait le comptoir du côté américain. Si c'était les douaniers américains, il replaçait le comptoir du côté canadien. On a prétendu qu'à cette époque, les douaniers canadiens n'étaient pas très zélés... Wow, quelle histoire rocambolesque!
À la photo 10, on voit le poste frontalier que plusieurs ont connu, tel qu'il existait dans les années 1980 et 1990. Après les attentats du 11 septembre 2001, ce poste a été rénové complètement afin de répondre aux nouvelles normes frontalières adoptées. Sa rénovation, qui a coûté 7 millions de dollars, a fini en décembre 2004. Il accueille entre 250,000 et 400,000 voyageurs par année et il est la quatrième porte d'entrée la plus importante au Québec après Lacolle, Phillipsburg et Stanstead pour les Américains qui viennent au Québec.
Photo 4 courtoisie d'Odette Grondin. Photo 5 du fonds Fernand Cliche. Photo 6 du fonds Daniel Lessard. Photo 9 courtoisie de Gene Poulin. Texte et recherches de Pierre Morin.
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