Le rapport Gagné sur l’avenir de l’industrie acéricole est peu compréhensif de la réalité selon l’UPA
Des représentants des trois syndicats acéricoles de la région, qui représentent la majorité des 3 300 entreprises acéricoles de la Chaudière-Appalaches, ont uni leurs voix ce matin aux bureaux de l’UPA de Sainte-Marie pour y dénoncer plusieurs recommandations du rapport Gagné et les inexactitudes qu’il renferme.
« Le rapport Gagné prétend que le Québec a longtemps fourni 80 % de la production mondiale et c’est faux. Aussi loin qu’en 1993, avant la mise en place du système actuel, le Québec ne produisait que 66 % du sirop mondial. Le seuil des 80 % n’a été atteint qu’en 2000 et en 2003 », mentionne Luc Goulet, président du Syndicat des producteurs acéricoles de la Côte-du-Sud.
Celui-ci souligne également que les ventes de sirop d’érable québécois augmentent de façon considérable année après année, affichant notamment une croissance de 10 % depuis cinq ans. D’ailleurs, M. Goulet indique qu’un record de ventes a été battu en 2015. « Nos exportations ont augmenté de 29 % depuis cinq ans pour atteindre un record de 92,8 millions de livres l’an dernier. Est-ce vraiment une industrie qui a besoin d’oxygène, comme le prétend Florent Gagné? Bien des secteurs d’activité aimeraient présentement être aussi en santé que le nôtre au Québec », mentionne-t-il
De son côté, le président du Syndicat des producteurs acéricoles des Appalaches-Beauce-Lotbinière, Gérald Morin, attribue le retard actuel en développement de l’acériculture à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ). À cet égard, on rappelle qu’en octobre 2014, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) souhaitait l’ajout de 500 000 nouvelles entailles pour fournir la demande croissante de sirop québécois. En août 2015, l’organisation estimait qu’il en faudrait cinq fois plus, soit 2,5 millions de nouvelles entailles. « Depuis décembre, la RMAAQ ne fait que reporter nos demandes. La veille du dépôt du rapport Gagné, elle nous annonçait qu’elle remettait les audiences publiques à l’été, supposément pour des raisons administratives. Pendant ce temps, les acériculteurs de la province qui souhaitent démarrer ou croître leur production attendent », déplore M. Morin.
Selon Marcel Larochelle, président du Syndicat des acériculteurs de la Beauce, rappelle que le système mis en place au cours des dernières années par les acériculteurs offre de nombreux avantages, dont celui d’obtenir un prix juste et équitable. « Autrefois, plusieurs bonnes années de production finissaient par être peu payantes pour les producteurs puisque le marché était inondé. Sans oublier que les régions qui avaient la météo de leur côté pouvaient vendre leur sirop à bon prix en premier, au détriment des autres », indique-t-il. « La stabilité des prix que nous avons acquise avec notre système de contingentement a permis de développer grandement notre industrie. Pour un transformateur, c’est rassurant d’avoir une bonne idée du coût de son sirop à l’avance. Sans oublier les institutions financières qui font crédit tant aux producteurs qu’à leurs fournisseurs d’équipements et à leurs acheteurs : il est bien plus facile d’emprunter et bien plus tentant d’investir dans un secteur stable, comme l’est présentement le nôtre », ajoute M. Larochelle.
Finalement, Paul Doyon, président de l’UPA de la Chaudière-Appalaches qui opère également à titre de producteur acéricole, déplore plus particulièrement la recommandation du rapport Gagné proposant d’octroyer au ministre ou au gouvernement « le pouvoir d’énoncer périodiquement des orientations à l’égard d’un ou de plusieurs produits agricoles ». « La RMAAQ est un organisme public et indépendant du gouvernement. Le rapport Gagné remet en question cette indépendance et offre au ministre un pouvoir sans précédent, c’est-à-dire un droit de veto sur les décisions prises démocratiquement par les producteurs agricoles et par la RMAAQ. C’est comme si le ministère de la Justice pouvait rendre les décisions judiciaires qui font son affaire à la place des juges », lance M. Doyon.
Dans les prochains jours, les acériculteurs de la région iront à la rencontre de leurs députés provinciaux pour leur faire part de leurs inquiétudes. Pour Paul Doyon, les élus de la Chaudière-Appalaches devront prendre position soit pour la majorité des acériculteurs de la région qui se sont dotés d’outils collectifs pour développer une acériculture prospère, soit pour leur ministre de l’Agriculture et quelques contestataires « qui veulent contourner le système ».
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