Le sujet des commotions cérébrales n'a jamais été aussi souvent abordé que dans les dernières années et la question revient constamment : devrait-on bannir les combats au hockey ?

Je vais vous raconter dans cette chronique mon expérience personnelle et en même temps vous livrer mon opinion sur l'avenir des bagarres dans notre sport.

Je dois l'avouer, j'ai été repêché dans la Ligue nationale de hockey (LNH) et j'y ai joué quelques rencontres, car je n'avais peur de personne et je n'hésitais jamais à lâcher les gants. J'étais un genre de jeune fou qui voulait et qui devait se prouver lors de chaque rencontre avec la pédale au fond, sans compromis. 

En trois saisons dans le junior majeur, j'ai marqué 35 buts seulement, mais j'ai récolté 500 minutes de pénalités en 179 rencontres. J'ai continué avec le même style chez les professionnels dans la Ligue américaine de hockey (LAH). Je vous le jure, j'avais l'impression à l'époque que j'étais fait en métal. J'ai eu quelques commotions cérébrales, mais rien pour arrêter mon désir de vaincre et mon but de prouver que je méritais un poste dans la LNH. J'ai amélioré mes qualités offensives, sans enlever l'aspect robustesse de mon jeu. On parle ici de plus de 1000 minutes de pénalités dans la LAH en moins de 500 rencontres quand même. J'en ai gelé plusieurs et je me suis également fait geler. La loi de la moyenne te rattrape toujours, que tu le veuilles ou non.

Évidemment, les blessures vont toujours finir par te rattraper, personne n'est « Superman » et j'ai touché le sol. Je crois avoir eu une dizaine de commotions cérébrales sérieuses dans ma carrière, mais à l'époque, on était de retour en moins d'une semaine. Heureusement, les temps ont changé. Je me rappelle d'un temps où les commotions ne me lâchaient plus et j'étais plus craintif dans ma façon de jouer. Mon anxiété était si élevée que je n'arrivais plus à dormir et j'avais la sensation que quelqu'un m'étranglait à longueur de journée. Je l'ai vécu et personne ne veut vivre ce sentiment, c'est horrible. Cette année-là, j'ai été échangé à de multiples reprises et ma confiance était moins élevée. C'était difficile pour moi, j'étais sur le bord de la dépression. Les chocs à la tête sont très nocifs et jouent sur notre humeur. Il y a de nombreux exemples d'athlètes qui se sont suicidés à la suite de nombreuses de commotions cérébrales. Vous voyez à quel point il y a un effet ravageur sur la santé.

Aujourd'hui je savoure le bonheur de jouer au hockey. Je suis plus intelligent dans ma façon de jouer tout en appliquant de bonnes mises en échec. Si je dois me battre pour défendre un coéquipier ou me défendre moi-même, je le ferai sans hésitations. Toutefois, je ne me bats plus pour me prouver, ce temps-là est révolu et c'est ce qui m'amène à vous donner mon point de vue sur les bagarres au hockey.

Tout d'abord, notre sport sera toujours qualifié de physique et c'est bien ainsi. Le hockey se joue comme ça et je crois que les bagarres doivent être mieux contrôlées. Je crois qu'autant dans le hockey junior que dans la Ligue nationale, les joueurs ne devraient avoir le droit de se battre qu'une seule fois. Après le duel, les deux joueurs seraient expulsés de la rencontre. Il faut absolument donner le droit aux hockeyeurs de se défendre pour limiter les coups salauds. Les joueurs qui commettent ces gestes doivent savoir qu'il y aura des conséquences. Il n'y aurait plus de bagarres arrangées et je crois que les matchs seraient encore plus intenses de cette façon. Je crois honnêtement que ça fait partie du jeu, mais on doit le contrôler. Personne n'est contre le fait de se défendre ou de défendre un coéquipier.

Est-ce qu'on devrait appliquer cette règle dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH) ? Le circuit Godin est différent. Il y a des gens qui viennent voir les matchs pour cet aspect de la partie et il y a des joueurs qui sont payés pour faire ce travail. La LNAH est née avec les bagarres et je crois qu'elles y resteront pour le bien de la ligue et sa survie.

Et vous, quelle est votre opinion sur le sujet ?