Mon premier article concernant l’introduction du taijiquan (tai chi) dans la prévention et la réadaptation des maladies cardiaques (Voir « Du taijiquan à la Fondation Louis-Georges Fortin », 2007-02-18) constitue un bel exemple de médecine intégrée. Mais qu’en est-il au juste? Cette tendance ira-t-elle au-delà d’une simple mode qui fait bon genre dans les 5 à 7? Au contraire, je crois personnellement que cette nouvelle approche ne peut que continuer à prendre de l’importance et voici pourquoi.

Au tournant de l’an 2000, des sondages réalisés à l’échelle du Canada révélèrent qu’entre 60 et 70% des gens avaient eu recours aux médecines alternatives et complémentaires (MAC) durant la dernière année. Aux États-Unis, le nombre des consultations faites à des praticiens des MAC a augmenté de 47% entre 1990 et 1997 pour finir par largement dépasser celui fait aux médecins de première ligne à la fin de cette période. Au Québec, entre 1989 et 2000, le montant des remboursements effectués par des compagnies d’assurance privées pour l’usage des MAC s’est vu multiplier par dix.

Ces statistiques questionnent le système médical officiel et témoignent d’une demande pressante du public pour des soins de nature différente de ce qui est couramment offert. En raison de fortes pressions économiques et politiques, nous assistons depuis deux décennies au développement de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la médecine intégrée. On avance que sa popularité tiendrait au fait que l’emphase y est davantage mis sur la santé et la guérison de la personne (capacité que possède notre corps de se réparer lui-même dans certaines limites) que sur la maladie et son traitement.

La médecine intégrée n’est pas une « nouvelle médecine » ni une autre spécialité médicale mais une pratique qui « réaffirme l’importance de la relation patient-médecin, met l’emphase sur la totalité de la personne, est informée par des données probantes et emploie toutes les approches thérapeutiques, les professionnels de la santé et les disciplines pour atteindre une santé optimale et la guérison (healing) ».

Il est connu que notre région est un terrain fertile en matière d’innovations mais saviez-vous qu’en 2005, le Centre de santé et de services sociaux de Beauce (CSSSB) fut le premier établissement du réseau public de la santé à rendre officiel un service de médecine intégrée? (voir PasseportSante.net) Cette initiative s’inscrivait cependant dans un mouvement de fonds plus large initié par la faculté de médecine de l’Université Laval qui, en 2002, se dotait de la Chaire Lucie et André Chagnon pour l’avancement d’une approche intégrale en santé. Trois ans plus tard, elle est suivie par ses deux autres consoeurs de Montréal et Sherbrooke.

En terminant, nous pouvons illustrer concrètement la définition citée plus haut à deux niveaux. D’une part, sur le plan administratif, la collaboration entre la Fondation du cœur Louis-Georges Fortin et le CSSSB permet d’offrir un service qui aurait été plus difficile pour chaque partenaire à mettre en place de façon isolée. D’autre part, sur le plan clinique, le taijiquan, un art martial maintenant incorporé à la médecine traditionnelle chinoise, favorise la santé et la guérison et son introduction dans certains domaines de la médecine occidentale classique repose sur des données scientifiques. Cette démonstration fera l’objet d’un prochain article.

Pour en savoir plus :
Quelques notions concernant la médecine intégrée

Un résumé de conférence
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Claude Fournier, md
Sites web : Yangsheng.info et AMIBES.info
Blog : Le salon de Hua Tuo
Courriel : [email protected]

* Claude Fournier est clinicien au Centre de santé et de services sociaux de Beauce où il enseigne le qigong et le taijiquan. Un partenariat avec la Fondation du cœur Louis-Georges Fortin et Accueil-Sérénité lui permet de transmettre ces enseignements à des personnes respectivement atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires et de cancer.