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Lettre d'opinion

Le GIRAM se désole de la « flambée patrimoniale » du Manoir Taschereau

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4 février 2021
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Sylvio Morin
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Par Sylvio Morin, Chef des nouvelles

Dans une lettre d'opinion qu'il vient de faire parvenir aux médias, le vice-président du Groupe d'initiatives et de recherches appliquées en milieu (GIRAM), Gaston Cadrin, accuse les autorités gouvernementales d'avoir laissé à l'abandon le Manoir Taschereau de Sainte-Marie — qui vient d'être détruit mardi par un incendie criminel — suite aux inondations du printemps 2019. Nous reproduisons ici l'intégrale de cette missive.

Pourquoi ne reste-il que des photos en souvenir du Manoir Taschereau de Sainte-Marie?

Quelle tristesse d’apprendre que ce superbe bâtiment d’architecture palladienne, construit vers 1810 par le seigneur Jean-Thomas Taschereau, a été incendié dans la soirée du 2 février 2021? Son histoire est intimement liée à cette famille, mais aussi au Québec. En effet, dans cette maison est né le premier cardinal canadien, Elzéar-Alexandre Taschereau et a abrité en saison estivale, Louis-Alexandre Taschereau, premier ministre du Québec de 1920 à 1936. 

Après la démolition d’environ 400 maisons inondées en 2019 dans le centre-ville de Sainte-Marie, dont plus de 200 de bonne valeur patrimoniale, voilà qu’un des immeubles des plus significatifs de l’histoire de la ville et de la Beauce disparaît abruptement. 

Nous apprécions qu’une enquête soit menée par l’escouade criminelle sur les incendies, car il est très étonnant que ce bâtiment, non chauffé et dont on a vraisemblablement coupé l’électricité, s’enflamme spontanément un soir de tempête…

Quelle que soit la véritable cause de l’incendie, cela ne remettra pas sur pied ce patrimoine architectural d’une valeur inestimable? Toutefois, au GIRAM, on se pose de sérieuses questions à savoir si, après l’inondation d’avril 2019, le traitement et la considération apportés à ce bien ont été à la hauteur de la valeur et du prestige de ce titre « d’immeuble patrimonial » que lui conférait le classement décerné par le ministère de la Culture en 1978.

Relevons quelques observations et constats depuis l’inondation:

- Le bâtiment n’a pas été nettoyé après l’inondation et on a laissé se développer de potentielles moisissures au sous-sol et rez-de-chaussée. Ce constat a été fait en octobre 2019 et s’est poursuivi : une situation inadmissible pour un bien classé. À notre avis, le gardien de ce bien avait aussi la responsabilité de réaliser avec diligence ce nettoyage post-inondation.

- Qu’a fait le ministère de la Culture et des Communications? Peut-être a-t-il informé le propriétaire qu’il y avait des montants disponibles à ce ministère et au ministère de la Sécurité publique pour remettre le bâtiment en état. Mais quoi de plus? À notre avis, informer ne suffisait pas, il y avait urgence de forcer la main. La ministre de la Culture aurait dû se prévaloir du Régime d’ordonnance (article 76 de la Loi sur le patrimoine culturel), parce qu’il existait « une menace réelle ou appréhendée que soit dégradé de manière non négligeable » ce bien de grande valeur patrimoniale. Elle pouvait ordonner toute mesure nécessaire pour empêcher que ne s’aggrave la menace sur le bien. À défaut par le propriétaire d’exécuter les travaux nécessaires, la Ministre aurait pu avec l’autorisation d’un juge de la Cour supérieure faire exécuter les travaux et prendre une hypothèque légale sur le bien.

- Abandonné un bâtiment de cette valeur depuis près de 22 mois dans un contexte où la ville de Sainte-Marie n’accorde aucune importance à son patrimoine (les deux dernières années le démontrent), n’est-ce pas la meilleure façon de préparer le terrain à n’importe lequel des pyromanes?

NONCHALANCE et INCURIE, voilà les mots qui ont probablement conduit à cette autre flambée patrimoniale. 

Le Québec peut-il se targuer d’être une communauté nationale unique en Amérique, par sa culture et son architecture, tout en traitant son patrimoine distinctif de cette façon?

Gaston Cadrin
GIRAM

commentairesCommentaires

7

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  • E
    Eric
    temps Il y a 3 ans
    Toujours facile la critique quand c’est les autres qui paient.
  • HD
    Herman Doyon
    temps Il y a 3 ans
    Je vous félicite Mr.Cadrin pour avoir dit à ces élites municipales qu' elles avaient laissé tomber leur symbole patrimonial qui supposément leur donnait beaucoup d orgueil dans la région. La mairie n a pas eu assez de fierté pour s en occuper quelque soit l abandon du gouvernement. Sauver l histoire dénote très clairement que ça n appartient pas aux mariverains. Honte aux décideurs.
  • DC
    Denis Castonguay
    temps Il y a 3 ans
    Questionnements troublants, pour la non-sauvegarde de ce patrimoine. Comme certains l'ont évoqué, à partir de cet état de fait inacceptable, il faudrait peut-être que la loi sur le classement du patrimoine architectural soit modifiée, obligeant le MCC à reconstruire à l'identique de tels monuments importants, comme cela a été fait avec le manoir Montmorency à Québec, au début des années 1990.
  • RB
    R. Bouffard
    temps Il y a 3 ans
    Manoir en flamme,

    Le commentaire du GIRAM dans cet article à mon avis est à point.

    Il y a des coups de pieds « À-y-ous qu’la poule a l’œuf » qui se perdent au Ministère de la Culture !

    « Cé pas moi, c’est l’autre ». On a entendu cette phrase pour la première fois au Paradis Terrestre quand Adam s’est fait « pogner » par Dieu, dans l’affaire du fruit défendu. Adam avait répondu « Cé pas moi cé Ève…! »

    Je sais que le propriétaire du Manoir Taschereau voulait investir plusieurs centaines de mille $$$ pour la restauration du bâtiment. Il voulait refaire le solage et le relever pour protéger le Manoir des inondations.

    Les gens du Ministère de la Culture cogitaient, traînaient et n’acceptaient pas les propositions, il fallait garder le bâtiment à l’original etc… Il y a de quoi se décourager.

    Pendant ce temps, dans un autre Ministère, on dépense des centaines de millions $$$ pour acheter et démolir les maisons des centres villes.

    Mais, quand c’est le temps de soutenir financièrement un monument historique, on est plus frileux et pointilleux.

    Quant à la Ville, le commentaire du GIRAM contient une partie de vérité, mais la Ville aussi est aux prises avec les règlements des Ministères, et ne peut pas toujours bien faire les choses.

    Pour compléter, un peu d’histoire.

    On se rappelle que l’ancien Manoir Seigneurial, avant celui qui a brûlé, avait été pillé par les miliciens de Benedict Arnold en 1776, après la bataille de Québec en décembre 1775. Les Taschereau s’étaient rangés du côté des Britanniques au lieu de s’allier avec les Américains, ce qui avait déplu à Arnold.

    J’ai déjà écrit à ce sujet.

    Pour connaître l’histoire d’Arnold, on peut lire l’article à cette adresse : https://beaucemagazine.com/2011/12/10/la-jambe-de-benedict-arnold/

    Rolland Bouffard
    Sainte-Marie

  • PB
    Pierre Bernard
    temps Il y a 3 ans
    Encore une fois, la Beauce fait parler d’elle pour sa singulière manière de protéger et sauvegarder so patrimoine bâti...
    Et Éric qui ne parle que d’économisme. Oui, effectivement, préserver notre mémoire, notre culture, notre distinction aussi, ne se fait pas sans investissement. Investir, c’est aussi faire miroiter un avenir qui a respecté ce qui l’a tracé, ce qui l’a façonné.
    Vraiment, je félicite le maire de Ste-Marie, de même que tous les décideurs de première instance qui prennent un soin aigu des fondements (des fondations, devrais-je dire) de ce et ceux qui ont créé notre fierté d’être Beaucerons...
    Vous avez raison, M.Castonguay, si on obligeait à reconstruire à l’identique, il est probable que l’on assumerait la responsabilité de de se tenir debout, et d’en faire autant à l’égard de notre patrimoine. Puisqu’il semble qu’il n’y ait que l’aspect pécuniaire qui compte.
  • AB
    Anne Bernard
    temps Il y a 3 ans
    Merci au GIRAM et a M. Cadrin de partager publiquement votre indignation. Mais quelle effroyable histoire ! Le Manoir Taschereau, incarnation du patrimoine beauceron et de l'histoire du Québec a jamais disparu. Aussi bien dire que chez nous, au Québec, nos élus municipaux et provinciaux, celles et ceux que nous élisons pour sauvegarder et prendre soin de notre bien public patrimonial et culturel, a fortiori, celui qui a été déclaré comme tel, agissent en irresponsables et en ignorants. Quelle négligence de la part de nos autorités administratives et politiques qui doivent rendre des comptes dans cette affaire. Leur silence n'est pas acceptable. Je souhaite que l'enquête fasse toute la lumière sur le niveau de responsabilité dans cette incendie criminelle qui vient de raser a tout jamais un pan de l'histoire de la Beauce et de celle du Québec. Mais quel genre de mémoire avons-nous?
  • MD
    Martha Drouin
    temps Il y a 3 ans
    L'avis de plusieurs mariverains va en ce sens. N'importe quel endroit visité dans des pays pauvres ont gardé les sources de leur histoire et nous les font visiter avec fierté.
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