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Un billet de Sylvio Morin

L'autruche olympique

durée 08h00
4 février 2022
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Depuis 50 ans que je m'intéresse aux Jeux olympiques, je me demandais sérieusement ces derniers jours si je suivrai religieusement, comme j'ai toujours eu l'habitude de le faire, ceux qui s'ouvrent aujourd'hui à Beijing, compte tenu du contexte particulier dans lesquels ils vont se dérouler.

C'est le président du Comité international olympique, Thomas Bach, qui m'a lui-même donné la réponse lorsqu'il a tenté de balayer hier les controverses concernant l’événement, vantant son «héritage» tout en défendant sa «neutralité politique».

Comme on dit en espagnol québécois: De quessé??!!!?!!! S'il y a un événement international dont le niveau de pH a tout, sauf d'être neutre, c'est bien celui-là.

Depuis que le Français Pierre de Coubertin a repris, à compter de 1896, le concept de ces concours sportifs entre les cités grecques antiques, pour en faire des jeux « modernes », dans un esprit de trêve olympique — celle-ci décrétant une période de paix qui invite à l'arrêt des conflits des nations du monde durant les Jeux, ces derniers ont servi de tribune à plusieurs nations, organisations et même quelques athlètes pour promouvoir des idéologies, des dogmes, pour marquer des injustices et combien d'autres.

Il reste encore bien des gens vivants pour se rappeler qu'Adolf Hitler avait utilisé les Jeux de Berlin de 1936 comme propagande au nazisme.

En 1976, les Jeux de Montréal sont marqués par le boycott de 22 nations africaines qui protestent contre la présence de la Nouvelle-Zélande qui a envoyé son équipe de rugby participer à une tournée en Afrique du Sud, pays pratiquant l'apartheid.

En 1980, une large partie des pays de l'Ouest, incluant le Canada, et avec en tête les États-Unis, ont boycotté les Jeux d'été de Moscou, parce que l'URSS venait d'envahir l'Afghanistan. Quatre ans plus tard, les Russes ont fait de même pour ceux de Los Angeles, avec quatorze nations du bloc de l'Est ou sympathisantes de celui-ci.

Mais l'événement le plus marquant est survenu aux Jeux olympiques de Munich le 5 septembre 1972 alors que des membres de l'équipe olympique d'Israël ont été pris en otage et assassinés par des membres de l'organisation palestinienne Septembre noir.

À partir de ce moment, la sécurité des JO est devenue une dimension d'organisation logistique équivalente à la portion des sports.

Cela n'a pas empêché un acte terroriste à la bombe perpétré en 1996, dans le parc olympique lors des Jeux d'été d'Atlanta. L'explosion a tué une personne et en a blessé 111 autres.

Neutralité politique, vraiment M. Bach?

Dans son message d'hier, le président du CIO s’est félicité du «fort soutien de la communauté internationale» aux Jeux de Pékin, malgré le boycott diplomatique décrété par les États-Unis, l’Australie et le Canada en raison des violations des droits de l'homme par la Chine, notamment près d'un million de Ouïghours internés dans des camps de rééducation. Sans oublier la répression démocratique imposée à Hong Kong.

Les JO s'ouvrent aussi sous la menace d'un envahissement de l'Ukraine par la Russie.

En plus, l'état des relations entre le Canada et la Chine est à son plus bas alors que l'on vient a peine de sortir de la saga de l'emprisonnement des « deux Michael ».

Mercredi, depuis Pékin, la présidente du Comité olympique canadien, Tricia Smith, a juré que les athlètes du pays ne seraient pas muselés en Chine: « Nous ne leur disons jamais ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas dire. Nous leur disons seulement ce qu’ils ne peuvent pas et peuvent dire en vertu de la loi [charte olympique]»

Bref, des compétitions sportives d'hiver, où 100% de la neige est artificielle, dans un pays de régime totalitaire, en pleine pandémie mondiale, avec la crainte de peut-être faire un faux-pas par une simple remarque. Marcher sur des oeufs. Des oeufs d'autruche. Un oiseau qui se met la tête dans le trou en pensant qu'il est bien caché de ce qui se passe aux alentours et qu'on ne le verra pas.

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