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Vous devez avoir plus de 50 pour avoir connu cette entreprise d'autrefois: la Baby Bear Shoe (BBS). C'était une manufacture de souliers pour enfants qui fut fondée en 1951. Elle était située dans la rue St-Jules, ce qui équivaut aujourd'hui à la 32e rue dans l'ouest (photo 1). C'est un groupe de travailleurs dont plusieurs avaient auparavant oeuvré dans le domaine pour la St-George Shoe qui ont démarré la fabrication artisanale de chaussures pour jeunes enfants. Voici leurs noms: J. E. Poulin, W. Bolduc, G. Morissette, G. Pomerleau, R. Rodrigue, L. Nolet, E. Poulin et G. Méthot. Parmi les premiers travailleurs, trois comptaient plus de 25 ans d'expérience dans l'industrie de la chaussure: Wilfrid Bolduc, Georges Pomerleau et Roméo Fortin.
En janvier 1953, le feu ayant partiellement détruit la bâtisse de la BBS, les actionnaires se sont retrouvés en difficulté et ont préféré vendre leur entreprise plutôt que de la liquider. Samedi le 4 juillet 1953, les actionnaires ont vendu à une compagnie nouvellement formée dont les dirigeants étaient: J.O. Bélair président, Arsène Morin directeur-gérant, et trois directeurs: Lionel Morin, Yvon Thibaudeau et Mme Philippe Veilleux. Ceux-ci avaient bien l'intention de construire une nouvelle bâtisse pour non seulement continuer à fabriquer des chaussures pour garçons et fillettes mais aussi de doubler la production. Ce qu'ils firent. Déjà en décembre 1953, la BBS comptait 35 employés et cinq voyageurs chargés de la vente (photos 2 et 3 vers 1954).
À l'été 1957, on agrandi l'édifice, portant les dimensions à 45 pieds de large par 145 pieds de profondeur, comprenant un entrepôt pouvant contenir jusqu'à 20,000 paires de souliers pour enfants. 35 employés y travaillaient. L'usine fabriquait alors de 500 à 600 paires par jour, augmentant jusqu'à une moyenne de 100,000 paires par année et payait des salaires de plus de 60,000$ annuellement. En 1969, un groupe d'investisseurs français a acheté la BBS avec le défi de manufacturer au Québec des souliers d'inspiration européenne. Ceux-ci ont complètement modernisé l'équipement technique et produit des souliers ultra chics, comme on le voit aux photos de parades et d'expositions de leurs produits (photos 4, 5 et 6). La production passa alors à 850 paires par jour, ensuite à 1000, puis à 1300 pour finalement atteindre 1800 paires par jour. Au fil des ans, la main d'oeuvre est passée à 60 employés, ce qui a entrainé un autre agrandissement de l'immeuble en 1973. De plus, la même année, le chiffre d'affaire est passé à plus d'un million de dollars. Les souliers de la BBS ont remporté plusieurs prix prestigieux à cette époque, faisant même l'objet d'un article du journal La Presse de Montréal.
Les employés se sont syndiqués, et il y a eu grève en 1973. Les mésententes se sont continuées, les relations se sont détériorées et il y a eu des arrêts de travail en 1976, à un tel point que la banque Royale a procédé au rappel de toutes les créances comptables, mettant en péril l'existence de l'entreprise, privée de moyens financiers. La BBS a fermé à l'automne 1976. Par la suite, divers organismes ont occupé l'édifice, qui fut finalement démoli le 7 septembre 2016. Une belle histoire qui s'est finalement mal terminée.
Photo 1 du fonds Yvon Thibodeau. Photos 2 à 6 du fonds Éclaireur-Progrès. Texte et recherches de Pierre Morin.
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