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Lettre d'opinion

L’avortement, une question de compassion

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22 mai 2022
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Nous reproduisons ici l'intégrale d'une lettre d'opinion de Marc-Antoine Parent, un résident de Saint-Joseph-de-Beauce, portant sur la question de l'avortement.

J’aimerais commencer cette réflexion que je partage avec vous en divulgachant ma conclusion : je suis catholique et pratiquant, je suis donc pro-vie. L’avortement n’est pas une option dans ma conception de la vie et des relations humaines, sauf dans de rares occasions (lorsque la vie de la mère est imminemment en danger). Cela dit, je ne veux pas alimenter les élans passionnels autours des diverses positions du spectre pro-vie/pro-choix, je préfère trouver un point de communion.

La polarisation dans le débat public (ou dans l’absence de débat sur la scène canadienne) démontre, de part et d’autre du spectre, un manque d’empathie et de compassion surtout pour les femmes, mais également pour les hommes, vivant réellement une épreuve par rapport à une grossesse indésirée (sic) ou par rapport au recours à l’avortement par le passé. Le concept de compassion prend un sens tout particulier dans ma réflexion si on se réfère à son étymologie qui est de « souffrir avec l’autre ». En faisant de cet enjeu un débat aussi froid et hargneux, le souci de la douleur de l’autre est totalement relégué aux oubliettes.

Je suis pro-vie, mais je comprends les femmes qui choisissent l’avortement. Je comprends la jeune adolescente victime d’une masculinité toxique qui valorise les conquêtes sexuelles et d’une éducation sexuelle généralement déficiente qui subordonne la fonction procréatrice de l’acte sexuelle à l’utilisation du corps de l’autre pour ses plaisirs.

Je comprends la femme violée de ne pas vouloir donner un enfant à un monde qui préfère la juger, elle, ou entretenir de la haine envers l’agresseur plutôt que d’accueillir et d’accompagner convenablement les victimes (la mère et l’enfant). Un monde qui, de surcroît, préfère concevoir des enfants en laboratoire que d’adopter un enfant né dans un contexte douloureux et présentant probablement d’énormes blessures.

Je comprends le couple qui ne veut pas d’un enfant que l’on croit handicapé à l’issu de tests effectués pendant la grossesse. Car un enfant handicapé est un énorme défi économique et psychologique pour une famille évoluant dans une société productiviste et prompte à l’institutionnalisation des marginaux. Une société où les deux parents doivent travailler et où le système de santé et de soutien social connait des ratées non négligeables. Et je dis ça avec tout le plus grand respect que l’on doit avoir pour le personnel de la santé et des services sociaux qui se dévoue corps et âme.

Même un enfant sans handicap grave est un défi économique pour un couple. Et cet enfant rivalise parfois avec l’espace dans la maison ou le temps pour développer une carrière. Je comprends alors le choix fait dans une société qui valorise davantage le confort matériel et le succès professionnel à la famille nombreuse.

Enfin, je comprends la femme abandonnée par son conjoint irresponsable, assez en maitrise de son corps pour procéder au coït efficacement, mais pas assez en maitrise de son jugement pour en assumer les conséquences. Je la comprends de choisir l’avortement dans une société qui ne valorise la monoparentalité que lorsqu’elle est choisie par des femmes et des hommes fiers, indépendants et, souvent, fortunés, qui peuvent s’acheter l’objet de leur rêve, sans les complications du couple.

Je constate que la société veut donner à toutes ces femmes le choix de l’avortement. Le choix inverse est souvent plus difficile à faire avec tout le jugement ambiant et la pression sociale ou systémique. Des témoignages existent en ce sens.

Je comprends toutes ces situations, car je veux m’approcher de ces gens souffrants et embrasser leur réalité et tenter de la porter avec eux (référence étymologique au mot comprendre). J’aimerais que nous soyons tous là pour embrasser leurs souffrances, à ces femmes, ces hommes et ces enfants. J’aimerais qu’on allège leur fardeau, non pas en se débarrassant d’une des victimes, mais en démontrant une réelle empathie collective, en leur offrant du soutien concret, pas en voulant effacer leur problème à nos yeux. La solution n’est pas de débattre éternellement à savoir si la vie débute à la fécondation ou, comme le cadre juridique canadien semble le suggérer, lorsqu’un enfant démontre pouvoir vivre en dehors du corps de sa mère un minimum de temps. 

La solution, pas facile, imprévisible, non parfaite, mais humaine, c’est la compassion envers tous les êtres (ou êtres en devenir) concernés… Avec plus de compassion et de souci de l’autre, je suis convaincu qu’il y aurait moins de femmes qui choisiraient l’avortement et il y aurait, surtout, moins de situations qui mèneraient les femmes à le considérer.

Marc-Antoine Parent
Saint-Joseph-de-Beauce

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