Des agriculteurs beaucerons manifestent à Montréal
Après avoir manifesté vendredi dernier à Saint-Georges, des agriculteurs beaucerons se joignaient ce matin à des milliers d’agriculteurs pour manifester leur mécontentement cet avant-midi devant les bureaux montréalais du premier ministre du Québec, Jean Charest. L’UPA souligne qu’il est minuit moins une dans le dossier de l’Accord sur le commerce intérieur (ACI). « Demain à Whitehorse, le gouvernement doit se ressaisir et prendre le parti des agriculteurs et des consommateurs québécois », a commenté Jean-Denis Morin, président de l’UPA de la Beauce.
Quatre autobus de la Beauce soit 180 personnes ont fait le voyage pour décrier cet accord. « Le message du monde agricole est clair : Québec doit refuser d’entériner les nouvelles dispositions agricoles (chapitre 9) de l’ACI, dès demain à Whitehorse, à l’occasion d’une rencontre des ministres provinciaux et territoriaux du Commerce », a déclaré le président de l’UPA.
Selon Denis Lacasse directeur général de l’UPA de la Beauce, il s’agit d’un ultime effort pour inciter le gouvernement de rebrousser le chemin à nouveau. Ces nouvelles dispositions, identiques à celles refusées par Québec en juillet 2008, laissent selon l’UPA à l’abandon toutes les mesures favorisant la spécificité des aliments produits au Québec, les règles d’étiquetage, les normes de composition des aliments, la mise en marché collective et ordonnée ainsi que la gestion de l’offre.
Au pire, on espère toujours que l’on inscrive un addendum à l’entente afin de protéger l’agriculture au Québec. « Cette entente ne fera pas mal dès demain matin, mais plutôt au fil des ans selon les plaintes reçues à l’ACI», explique M. Lacasse.
L’UPA explique vertu du projet, toute province ou, ultimement, entreprise souhaitant commercialiser ses produits dans une autre province pourrait dorénavant se plaindre à l’ACI dès qu’une mesure provinciale ou fédérale entraînerait un coût additionnel ou donnerait l’impression d’entraver ou de restreindre les occasions de commerce.
L’approvisionnement prioritaire des abattoirs québécois en porcs du Québec pourrait aussi être contesté en faisant valoir qu’il s’agit d’une entrave au commerce interprovincial. De plus, le Québec déplore aussi la possibilité que les aliments provenant des autres provinces ne respectant pas les mêmes normes apparaissent sur les tablettes du Québec.
L’on décrie aussi qu’un panel de l’ACI, constitué de non-élus, pourront décider de la légitimité de lois votées à l’Assemblée nationale et de règlements adoptés par le gouvernement pour protéger les consommateurs et leur livrer une information exacte sur les aliments qu’ils consomment. « Les agriculteurs québécois croient que les consommateurs québécois, lorsqu’ils se votent des lois et lorsqu’ils se donnent des règlements par le biais de leurs institutions démocratiques, font un choix collectif et qu’il appartient à cette même collectivité d’en décider l’avenir », a conclu M. Jean-Denis Morin.
Selon l’UPA, l’État québécois doit comprendre qu’il est trop tôt pour entériner un accord qui ne convient pas aux producteurs agricoles et aux consommateurs. Elle demande de négocier avec eux pour arriver à une entente satisfaisante pour toutes les parties.
Le PQ appuie la démarche
La députée d’Iberville et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation, Marie Bouillé, présente avec d’autres députés du Parti Québécois à la manifestation, exige du gouvernement libéral qu’il reporte sa décision de signer un nouvel Accord sur le commerce intérieur.
« La semaine dernière, les députés libéraux ont refusé de discuter du contenu du projet d’Accord en commission parlementaire. Ce faisant, ils nous font craindre le pire. Quand on ne veut pas montrer les textes, c’est que le gouvernement cache quelque chose aux agriculteurs et aux consommateurs québécois », a déclaré Marie Bouillé.
La députée se questionne de nouveau sur les motifs conduisant le gouvernement à entériner ce projet d’Accord puisqu’il s’agit du même texte que refusait, il y a 18 mois à peine, l’ancien ministre Laurent Lessard.
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