Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Protection de la jeunesse

François Legault discrédite le comité de suivi de la Commission Laurent

durée 06h00
2 mai 2024
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne
En collaboration avec Katrine Desautels

Le premier ministre du Québec, François Legault, a ouvertement discrédité, mercredi, le travail du comité de suivi de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse (CSDEPJ). 

Le comité a publié mercredi matin son analyse de l'avancement des actions du gouvernement pour appliquer les recommandations du rapport Laurent, déposé il y a trois ans. 

Le comité a basé son analyse sur les données disponibles dans le plus récent bilan (2021-2023) du plan d'action gouvernemental S'engager pour nos enfants, produit en réponse aux recommandations de la Commission Laurent. 

Le comité a repéré des incohérences dans le bilan de Québec, c'est-à-dire des mesures que le gouvernement associe à une sous-recommandation, mais qui, selon le comité, ne sont pas cohérentes avec certaines pistes d'action du rapport Laurent. 

En entrevue mardi avec La Presse Canadienne, Martine Desjardins, présidente du comité de suivi de la CSDEPJ, a donné l'exemple de la mesure 2.8.4 où la commission demandait que les enfants qui font l'objet d'un placement sous la Loi de la protection de la jeunesse puissent demeurer dans leur milieu de vie, garderie ou école, lorsque c'est dans leur intérêt. 

«Le gouvernement dit dans son bilan qu’il diffuse des orientations ministérielles pour s’assurer d’une transition harmonieuse lors d’un changement d’école. Ça peut être une bonne mesure, mais ça ne répond pas à la recommandation 2.8.4 qui demandait à garder les enfants dans leur milieu de vie», explique-t-elle.

Selon les données du gouvernement, 42 % des sous-recommandations sont en cours ou complétées. Le comité n'arrive pas à la même conclusion; il calcule plutôt 30 % en fonction des incohérences. À la suite de son analyse, le comité affirme qu'une seule des 65 recommandations a été complétée par le gouvernement Legault, alors que ce dernier soutient que 11 recommandations sont complétées. 

Au Salon bleu, François Legault a décrié le travail du comité de suivi et a défendu son bilan en s'appuyant sur la lettre ouverte de l'ex-commissaire, Régine Laurent, publiée mardi dans les médias.

«Ce n'est pas un comité de suivi du gouvernement, c'est un comité de suivi qui a été mis en place par Martine Desjardins (...) avec d'autres personnes, mais moi je fais confiance à Régine Laurent qui était présidente de la Commission qui nous dit que ça va dans la bonne direction», a fait valoir le premier ministre. 

M. Legault a ajouté plus tard dans un échange avec le chef intérimaire du Parti libéral, Marc Tanguay: «on ne peut pas s'autoproclamer comité de suivi». 

M. Tanguay a affirmé que le premier ministre était en train de faire une tentative de discréditer le comité de suivi. 

Le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barette, a répondu qu'il s'agissait de «propos blessants» et d'«intentions malicieuses et de mauvaise foi». 

Plusieurs parlementaires se sont mis à huer, visiblement en désaccord avec M. Jolin-Barette. 

La présidente de l'Assemblée nationale, Nathalie Roy, a statué que «la critique du comportement de l'adversaire, qui peut ne pas être agréable», est permise. 

La prise de bec entre MM. Tanguay et Legault s'est poursuivie. Le chef libéral a fait valoir que M. Legault «ne peut pas tenter de discréditer le comité de suivi lorsqu'il rassemble, entre autres, la Fondation Marie-Vincent, l'Observatoire des tout-petits, le Collectif petite enfance». 

«C'est eux qui lui disent que ça ne marche pas leurs affaires», a lancé M. Tanguay. 

M. Legault a répondu que son gouvernement avait fait plusieurs actions pour améliorer la situation, notamment de nommer une directrice nationale de la DPJ, Catherine Lemay. 

De son côté, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a dit qu'il inviterait Mme Desjardins et ses équipes à s'asseoir et à regarder les éléments un par un. «On va expliquer tout ce qui a avancé depuis le dépôt du rapport parce que les choses ont changé sur le terrain», a soutenu M. Carmant. 

Comme son chef, il s'est aussi appuyé sur la lettre de Mme Laurent pour dire qu'elle reconnaissait que «les choses avancent de manière significative». 

En mêlée de presse, M. Carmant a fait part qu'il ne comprenait pas certains points du comité de suivi. «Il disait par exemple que sur (l'aspect de) garder les enfants à proximité on n'était pas en action, mais (le programme) "Ma famille, ma communauté", c'est exactement ça. Avant d'enlever l'enfant de son milieu, on fait une réunion, on regroupe tout le monde pour s'assurer qu'il reste le plus près de sa famille le plus possible dans sa communauté. Donc il y a des choses qui sont discordantes.»

Le ministre Carmant a également souligné que le comité se basait sur les données de 2023 (les plus récentes disponibles), mais que depuis un an, le gouvernement avait fait du progrès. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


9 octobre 2024

Une conférence sur les « Grands défis géopolitiques en 2025 »

Une conférence de prestige sera présentée par le politologue Frédéric Mérand à la Salle Alphonse-Desjardins du Cégep Beauce-Appalaches, le lundi 4 novembre à 19 h 30. En cette période marquée par des tensions géopolitiques accrues et à la veille des élections présidentielles aux États-Unis, le conférience convie les citoyens à une réflexion ...

27 septembre 2024

Le gouvernement fédéral affiche un déficit de 7,3 milliards $

Le déficit du gouvernement fédéral a atteint 7,3 milliards $ depuis le début de l'exercice. Le déficit pour la même période d'avril à juillet avait été de 1,2 milliard $ lors de l'exercice précédent. Le dernier rapport de suivi financier du ministère des Finances indique que les revenus au cours de la période de quatre mois ont augmenté de ...

23 septembre 2024

La présence des femmes en politique, une «greffe» difficile à faire tenir

Alors que les femmes élues occupent plus de 45 % des sièges de l'Assemblée nationale, certains pourraient être tentés de penser que la lutte pour l'égalité est terminée. Mais un nouvel ouvrage prévient que rien n'est acquis et que la présence des femmes en politique demeure une «greffe» difficile à faire tenir. «C’est pas fort, fort, les pitounes ...