Après le rapport du Vérificateur général
Services ambulanciers en Beauce : des défis persistants malgré les efforts
En mai, le Vérificateur général du Québec a dressé un constat alarmant sur l’état des services ambulanciers dans la province. À l’échelle du Québec, 45 % des appels urgents génèrent des temps de réponse supérieurs à 10 minutes — un délai critique dans les cas où chaque seconde compte.
En Beauce, cette situation se manifeste aussi, et les acteurs du milieu s’entendent pour dire que les solutions existent… mais tardent à se concrétiser.
Christian Duperron, président du syndicat TASBI qui représente plusieurs paramédics du territoire, rappelle que « lorsqu’on parle d’un arrêt cardiorespiratoire, après 10 minutes, il n’y a plus de chance de réanimation. C’est terrible comme constat. » Selon lui, les horaires de faction, toujours en vigueur à Saint-Gédéon et Sainte-Justine, nuisent à l’attractivité du métier et ralentissent les interventions : « Les jeunes paramédics ne veulent plus de ces horaires, alors ils quittent. On maintient ça artificiellement, à grands frais. »
Le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, reconnaît ces défis. Il rappelle que des investissements ont été réalisés pour bonifier l’offre, notamment en élargissant le réseau des premiers répondants à 13 municipalités sur 23 dans sa circonscription. « C’est une bonne nouvelle, mais ça ne remplace pas les ambulances. Il faut viser des délais plus courts, tout en réduisant le temps d’attente à l’hôpital. »
Le président de TASBI note également que la surcharge dans les urgences contribue aussi aux délais : « À 150 % d’occupation, il n’y a plus de place. Quand les ambulances attendent pour transférer les patients, elles ne sont plus disponibles pour répondre à de nouveaux appels. » Il déplore qu’aucun plan de relève ne soit prévu en période de pointe, ce qui augmente la pression sur le terrain.
Le rapport du Vérificateur général souligne également un manque de formation et de coordination dans le réseau préhospitalier. Un constat que Christion Duperron confirme : « Il n’y a pas assez de formations continues. Les mises à jour des protocoles nous sont envoyées par courriel, sans garantie que tout le monde les assimile. » Il évoque les 60 recommandations que le syndicat avait formulées en 2020-2021, dont la distribution de défibrillateurs et l’amélioration de la coévaluation des appels : « Les solutions sont là, elles sont connues, mais elles ne sont pas livrées. »
Samuel Poulin affirme pour sa part suivre la situation de près, en lien avec les élus municipaux et les directions régionales. « Il n’y a pas de solution magique. C’est un travail constant, un exercice de logistique, avec des défis propres à la ruralité. Mais il y a une volonté d’amélioration, et des investissements importants ont été faits. »
En Chaudière-Appalaches, on compte environ 427 paramédics, dont une partie est affectée à la Beauce. Le territoire demeure vaste et les besoins croissants, dans un contexte de vieillissement de la population. « On a fait beaucoup, mais il reste toujours à faire », a conclu le député.
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