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L’hypersexualisation… Le sexe est partout, mais la sexualité est souvent évacuée

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29 novembre 2006
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«Les petites filles ne jouent plus au père et à la mère en rêvant d’être une mère». Aujourd’hui, «elles souhaitent être des femelles bandantes», selon la sexologue et auteure Jocelyne Robert, qui a expliqué les changements de modèles véhiculés dans la société au fil du temps. La sexologue a parlé mardi soir au Georgesville du modèle sexuel unique qui est véhiculé partout, celui de la femme hypersexuée. La conférence «L’hypersexualisation et ses conséquences» était organisée par le Centre-Femmes de Beauce et a attiré environ une centaine de personnes. Utilisant des termes parfois crus, plusieurs images et des exemples drôles et d’autres plutôt inquiétants, la conférencière a su expliquer le phénomène de l’hypersexualisation en abordant plusieurs de ses aspects et de ses impacts.

Régression
Il y a une «régression de l’érotisme, de la sexualité», même si, paradoxalement, «le cul est désormais partout», croit la sexologue. Phénomène inquiétant, oui, mais elle le voit davantage comme un dérapage. La pornographie s’est démocratisée, elle est maintenant accessible du bout des doigts avec Internet. La sexualité est présentée comme de la mécanique et les aspects relationnel et humain sont évacués, selon elle. Elle constate également que «le baiser est en voie de disparition». La perte de sens de la sexualité a de nombreuses répercussions comme la diminution de l’estime de soi et la désillusion face à la sexualité et à l’amour.

Les tabous
La sexualité est universelle, existe de la naissance à la mort et demeure encore aujourd’hui, en 2006, un tabou. La société libérée dans laquelle les gens croient vivre n’existe pas tout à fait, selon la conférencière. Quatre formes de sexualité sont toujours taboues, la sexualité des personnes âgées, des enfants, des homosexuels et la masturbation. Pourtant, l’idée que nous sommes dans une société de plaisir est véhiculée. Selon Jocelyne Robert, si nous étions dans une société de plaisir, l’accueil que les gens feraient à ces quatre formes de sexualité serait très différent, plus ouvert. Mme Robert se montre très sceptique quant au concept de la révolution sexuelle puisqu’elle perçoit aujourd’hui un recul, entre autres avec l’hypersexualisation.

Pourquoi?
Les réponses sont multiples et la sexologue n’a pas prétendu détenir la vérité. Elle indique toutefois qu’il est normal que les adolescents empruntent cette direction, puisque la mode, la musique, la publicité autour d’eux expose ce modèle de la femme sexy. «Les jeunes sont le reflet de la société dans laquelle ils vivent», croit Jocelyne Robert. Les normes et les contextes culturels ont beaucoup changé. Les paroles de chanson rap et hip hop, entre autres, ont selon elle un rôle à voir dans la banalisation de la sexualité. Elle souligne que les messages sont souvent des invitations ou des ordres à faire des fellations et d’autres activités sexuelles.

Le stéréotype de l’homme «machine» et de la femme «instrument de la machine» est tellement fort, selon elle, que les comportements des jeunes ne peuvent qu’être orientés par cela. Les modèles de couple qui vivent une sexualité saine, dans le plaisir, l’amour et le respect sont trop rares. La sexologue a mentionné que lors d’une rencontre avec des élèves, la plupart croyaient que leurs parents ne faisaient pas l’amour. «Il y a du cul partout, mais on n’est pas plus ouvert pour en parler», constate-t-elle. Les stéréotypes prennent toute la place et pour être dans la «gang» ou pour avoir ou garder son chum, certaines jeunes filles sont prêtes à faire beaucoup.

La sexualité des jeunes
Les histoires rapportées dans les médias concernant des séances de fellations dans les parcs aux environs des écoles secondaires et parfois primaires sont bien réelles. Certaines jeunes filles se font payer et voient ça comme un jeu, comme un acte sans conséquences. Même si les nouvelles technologies rendent l’information plus accessible, les jeunes sont encore très ignorants à propos de la sexualité. Plusieurs jeunes lui posent des questions par courriels. «Est-ce que je peux devenir enceinte en avalant le sperme lors d’une fellation?» Des questions comme celle-là sont fréquentes, selon Mme Robert. La question «Est-ce que j’ai vraiment envie de faire ça?» est, par contre, très peu soulevée. «Quand j’étais jeune, j’étais en amour et je fantasmais sur mon chum. Aujourd’hui, les jeunes baignent dans le sexe et rêvent d’amour», a mentionné la sexologue à titre d’exemple du changement de la perception de la sexualité.

L’éveil de la sexualité, la curiosité et la découverte de son corps sont des étapes normales chez l’enfant. Bien expliqué, surveillé aussi, cela peut se vivre de façon très enrichissante pour les enfants. Il faut toutefois cesser d’associer en premier les abus et les agressions, les risques de maladies et de grossesses non désirées à la sexualité. Il faut parler, selon Mme Robert, des beaux côtés de la sexualité et ensuite sensibiliser les jeunes aux problématiques qui y sont reliées.

Les répercussions
 Les conséquences sont nombreuses sur l’estime de soi, la confiance, l’image que les femmes ont d’elles-mêmes, sur le malaise et la désillusion face à la sexualité. Un lien a également été tissé entre l’hypersexualisation et la violence verbale et physique qui est en hausse. Les standards à tenir, autant pour les femmes que pour les hommes, sont extrêmement lourds et ne reflètent pas la réalité. Toutefois, c’est la seule que les jeunes connaissent souvent, parce qu’ils n’ont pas d’autres modèles. Le modèle actuellement véhiculé est tellement fort. C’est ce qui explique, selon elle, pourquoi certaines adolescentes de 16 ans se font refaire les seins et pourquoi à 8 ans les fillettes veulent porter des «G string». Mme Robert reste malgré tout positive face à l’avenir.

Quoi faire?
«Il y a de l’espoir», reconnaît la sexologue. Elle précise toutefois que le travail à faire est énorme. Le modèle véhiculé doit être totalement déconstruit avant de pouvoir montrer comment peut se vivre la sexualité librement, sainement. L’importance des mots que l’on utilise pour nommer la sexualité ainsi que les modèles d’hommes et de femmes autour des enfants et des adolescents peuvent amorcer la sensibilisation et la conscientisation. Elle explique que les actions doivent être multiples, comme des conférences, de la sensibilisation, l’éducation des enfants par les parents et le retour des cours d’éducation sexuelle à l’école.

Elle a fait des suggestions aux parents dans la salle quant à leur approche de la sexualité avec leurs enfants et a rappelé qu’«il ne faut pas leur mentir à propos de la sexualité, que cela ne les sert pas du tout». Il ne faut pas non plus être moraliste ni juger les comportements des enfants. D’autres modèles doivent être proposés. «Il faut redonner du sens à l’intimité affective et sexuelle», croit-elle.

En principe en année sabbatique, Jocelyne Robert a tout de même accepté l’invitation de la coordonnatrice du Centre-Femmes, Luce Morand. La conférencière a été d’une grande générosité avec la centaine de personnes présentes. Après la conférence, elle a présenté ses livres. Elle a écrit une douzaine de livres, qui ont été traduits dans une quinzaine de langues. «Full sexuel» et son plus récent essai «La sexualité en mal d’amour» sont deux ouvrages qui abordent la sexualité de façon intéressante et intelligente pour les jeunes et qui ont connu un vif succès.

Julie Beaudoin
EnBeauce.com

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