Registre des armes à feu : pas d'opération pour débusquer les contrevenants
Les forces de l’ordre n’ont pas prévu d’opération spéciale pour débusquer les propriétaires d’armes qui ne les auront pas enregistrées après la date butoir du 29 janvier, c’est ce qu’a confirmé Joyce Kemp, responsable des communications la Sûreté du Québec.
En d’autres mots, les policiers n'organiseront pas de chasse aux sorcières pour trouver les contrevenants à la loi sur l’immatriculation des armes à feu. Les propriétaires d’armes fautifs seront ciblés lors d’autres interventions policières. Toutefois, Mme Kemp a tenu à préciser que les agents de la SQ appliqueront la loi avec discernement, en ne spécifiant pas s’ils feraient preuve d’indulgence les semaines suivant la date butoir du 29 janvier.
Mme Kemp soutient que ce nouveau registre sera utile lors de la saisie préventive d’armes à feu, lorsque la sécurité est à risque. Bien que les policiers savent déjà à l’heure actuelle qui est titulaire d’un permis de possession et acquisition d’armes à feu (PPA), les policiers ne connaissent pas le nombre et les modèles d’armes se trouvant sur les lieux.
Une grande majorité d’armes non enregistrées
Seulement 20 % des armes en circulation au Québec ont été enregistrées à ce jour, ce qui laisse présager que bien des propriétaires seront en infraction le 29 janvier prochain. Les propriétaires qui n’auront pas enregistré leurs armes s’exposent à des amendes salées, allant de 500$ et à 5000$. Ceci dit, contrairement à l’ancien registre fédéral, les sanctions seront monétaires, non pas criminelles.
Il sera toujours possible d’enregistrer son arme sur le site du Service d’immatriculation des armes à feu du Québec (SIAF), même si les délais sont dépassés. Heidi Rathjen du groupe PolySeSouvient croit que le scénario actuel où la plupart des armes ne sont pas enregistrées était prévisible.
Marc Renaud, président de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP), se dit inquiet de la situation actuelle.
« C’est impossible que tout le monde soit en mesure de s’enregistrer en deux semaines. Après le 29 janvier, on met des chasseurs sous possibilité d’amendes et hors la loi, alors que ce n’était pas l’objectif du registre. Les chasseurs ne sont pas des criminels. »
Flou de la part de la CAQ
Pour Mme Rathjen, il n’était pas clair que le gouvernement appliquerait bel et bien les sanctions prévues, et ce, sans délai.
« Jusqu’à maintenant, le gouvernement a été ambivalent et ne répondait pas aux questions du public. », dit-elle.
Le gouvernement de François Legault a d’ailleurs mis bien du temps à se positionner sur cet épineux dossier, mais Jean-François Del Torchio, directeur des communications de la ministre de la Sécurité publique a affirmé cette semaine que la CAQ supportait bel et bien le registre. Pour le Beauceron Mathieu Pouliot, fondateur de Chassomaniak, il s’agit là d’une trahison : « Ce qui est le plus triste là-dedans, c’est que pendant les élections, la [CAQ] a surfé sur la rumeur qu’elle allait abolir le registre. »
Ce dernier affirme avoir interpellé sans succès le député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, pour lui faire part de son insatisfaction. M. Poulin n’a pas retourné nos demandes d’entrevue.
Investir en santé mentale
M. Renaud croit qu’un registre n’est pas la bonne solution et installe un « faux-sentiment de sécurité ». « Les crimes sont commis par des gens qui ont des troubles de santé mentale. », explique-t-il.
Marc Renaud et Mathieu Pouliot sont tous deux d’accord pour dire que le problème est ailleurs.
« Je suis en furie contre mon gouvernement qui investit mon argent dans des choses inutiles. Prenez cette même somme et investissez-la en santé mentale. », clame M. Pouliot.
Une pétition circule d’ailleurs en ce moment réclamant l’investissement de sommes en santé mentale et non pas dans un registre.
La représentante de PolySeSouvient admet qu’une partie du problème réside en effet dans le manque de prévention en santé mentale, mais que seulement 15% des homicides sont associés à un problème de troubles mentaux, une statistique émise par Santé Canada.
« La plupart des personnes qui ont des troubles de santé mentale ne sont pas dangereuses. Il y a d’autres facteurs de risque beaucoup plus important que la santé mentale qui prédisent si quelqu’un va commettre un crime. »
La sécurité avant tout
Pour Marc Renaud, les mesures prises pour le contrôle des armes à feu devraient être « préventives, et non pas répressives », ce qui n’est pas le cas pour le registre.
La FédéCP organise déjà des activités au cours desquelles on remet des verrous de pontet, où on explique l’entreposage sécuritaire et on donne des cours de manipulation des armes à feu. Mme Rathjen, qui milite activement pour que les armes d’épaule soient encadrées de manière plus sécuritaire, affirme qu’elle serait ouverte à collaborer à de telles activités de prévention avec la FédéCP. Elle affirme par contre n’avoir jamais reçu d’invitation à cet effet, contrairement aux dires de M. Renaud.
Qu’ils soient pour ou contre le registre, tous semblent souhaiter que les armes à feu ne tombent pas entre de mauvaises mains. Ce qui pose problème, c’est comment cette gestion pourrait être effectuée.
11 commentaires
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Je suis contre ce régistre pour les memes raisons que nous connaissons tous déjà. Cependant j aimerais ajouter a cette liste; l abus commisse par le CAF, envers les hommes poscèdant des armes suite a une séparation.
J aimerais bien discuter de se probleme avec un de vos membre.
Mario Brouillard
Vous dites qu'il ne faut pas écouter les lobbys? Quand 70% des québécois sont en faveur d'un registre, je pense que c'est la majorité, pas un lobby.
Vous pensez que c'est seulement à Montréal qu'on est pour le registre? En région c'était presque 2 personnes sur 3 en faveur du registre lors de l'établissement de la loi. (Oubliez vos sondages faits auprès de 30 personnes sur internet où on peut voter 150 fois. Les sondages sérieux et statistiquement représentatifs montrent tous une forte majorité en faveur du registre.)
Vous dites "un policier a dit que..." La majorité des policiers approuvent. Les corps policiers approuvent. Comme dans tout, il n'y a pas 100% des membres de ce groupe qui sont "pour" le registre mais les association policière approuvent (ne venez pas parler le club optimiste des policiers retraités de St-Glinglin.)
"Ça ne règle pas le problème" Un contrôle rigoureux des armes et de la formation font que le taux de criminalité avec armes à feux est extrêmement bas dans des pays comme la Suisse ou les armes à feux sont pourtant omniprésentes.
"Ça n'empêchera pas un fou de tuer des gens..." Vrai, comme le permis de conduire n'empêche pas de conduire saoul. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas être 100% efficace qu'on ne peut pas essayer d'avoir des mesures préventives.
Si on voulait vraiment être efficace il faudrait bannir 100% des armes. Ce n'est pas ce que vous voulez alors prenez donc votre pilule et enregistrez vos armes. Si vous n'avez rien à cacher, vous n'avez rien à craindre.