Une lettre du MTQ cause des tracas aux propriétaires affectés par le tracé Est du prolongement de la 73
Des propriétaires du rang Saint-Charles à Beauceville, sont très inquiets suite à une lettre du ministère des Transports du Québec (MTQ) indiquant qu’il s’apprête à effectuer des opérations d’arpentage et de déboisement en vue d’implanter le tracé de l’autoroute 73 entre Beauceville et Saint-Georges. Cette lettre en date du 23 juillet les informant que ces travaux débuteront la première semaine d’août.
La porte-parole de ces propriétaires, Josée Bilodeau, rappelle que le tracé n’est pas définitif et que le MTQ n’ait pas répondu aux recommandations et conditions du BAPE et de la CPTAQ. «Ils ont agi en catimini. Ce genre de choses se font uniquement dans les grands projets d’Hydro-Québec et … l’Autoroute de Beauce», décrie-t-elle.
La porte-parole a alerté les autorités municipales et ministérielles concernées par ces travaux dits jugé «aléatoires, non justifiés, irréversibles, dans un moment inapproprié (en période vacancière) avec un délai déraisonnable».
Tracé indéfini
De plus, les propriétaires n’ont reçu aucun avis d’expropriation. «La commission du BAPE comme celle de la CPTAQ ont émis de fortes réserves notamment sur le tracé Est à la hauteur de Beauceville en raison de ses impacts significatifs sur le milieu agricole. Elle a recommandé comme condition de base d’acceptabilité du tracé Est à la hauteur de Beauceville de tendre vers aucune perte nette de superficies cultivées pour les exploitations touchées. À défaut de répondre à cette condition de base, le MTQ devait revoir le tronçon autoroutier compris entre la route du Golf et le raccordement sud. Par ailleurs, la CPTAQ n’autorisera le tracé compris entre la route du Golf et la 204e rue à Saint-Georges qu’à la condition que le MTQ propose des solutions aux entreprises agricoles et sylvicoles touchées des quatre municipalités affectées par le tracé qui assureront une protection optimale du territoire et des activités agricoles. Depuis que le rapport du BAPE a été rendu public en mars dernier, le MTQ ne s’est conformé à aucune des recommandations du BAPE ni plus qu’aux conditions émises le 30 avril dernier par la CPTAQ», a rappelé Mme Bilodeau.
MTQ veut s’entendre avec les gens
Le directeur de la région de Chaudière-Appalaches du MTQ, Michel Labrie, lui n’a pas voulu émettre des commentaires à propos de ladite lettre et de ses travaux contestés par les propriétaires affectés par le tracé. Toutefois, son porte-parole Guillaume Lavoie a réitéré que le Ministère souhaitait s’entendre avec ces propriétaires et ainsi respecter les conditions émises par la CPTAQ. «L’arpentage est nécessaire pour connaître les informations techniques pour négocier avec les propriétaires», poursuit M. Lavoie
Il assure également qu’ils seront rencontrés dans les prochains jours tel qu’écrit dans la lettre.
Un tracé dommageable
Le tracé Est affectera durement les propriétaires. Josée Bilodeau et Pascal Veilleux, la ferme Bertnor et la ferme Guynine du rang Saint-Charles à Beauceville sont les plus touchées par ces travaux si le tracé Est passe à l’endroit prévu. M. Veilleux et Mme Bilodeau pourraient voir près de 20 acres de pins rouges sacrifiés en plus de leur maison qui devra être déplacée. Pour la ferme Bertnor, c’est 20 acres de terre cultivable qu’ils perdront. Cette situation mettra en péril l’expansion de leur ferme. Pour la ferme Guynine, un autre 15 acres de terre cultivable. C’est pourquoi qu’ils s’opposent vertement depuis 2004 au tracé Est qui sectionnerait leurs propriétés.
Des travaux d’arpentage énormes
Selon la lettre, «les équipes d’arpentage procéderont à la coupe d’arbres sur une largeur de 1,2 mètre sur toute la longueur du tracé de l’autoroute ainsi qu’à intervalles de 20 mètres perpendiculairement audit tracé une profondeur de 60 à 65 mètres. Dans un premier temps, les équipes couperont, abattront et comptabiliserons les arbres et dans un second temps ils effectueront l’ébranchage et la coupe en longueur commerciale des arbres abattus qui seront laissés en place pour récupération par le propriétaire.»
Pascal Veilleux s’inquiète aussi pour sa forêt. «Le bois coupé peut provoquer des maladies sur la forêt de pins rouges, si aucun fongicide n’est appliqué sur la souche. Un champignon se forme et peut rendre malade les autres pins. C’est un arbre que l’on doit couper à l’hiver», souligne-t-il.
De plus, il ne pourra pas retirer aucun bénéfice du bois coupé puisqu’il se gaspillera à la chaleur et dû à l’arrêt de production de pâte qui affecte l’industrie du bois.
Interdiction de circuler
Les propriétaires de la ferme Bertnor, souligne qu’ils pourraient que l’arpentage et le déboisement. D’ailleurs, les activités de déboisement, et d’arpentage peuvent causer des dommages irréparables à la culture du maïs de la ferme Bertnor. Cette récolte de maïs sert à faire de l’ensilage pour nourrir son cheptel de 110 têtes. «L’ensilage de maïs ça ne se commercialise pas», lance Manon Poulin de la ferme Bertnor.
Ils ont d’ailleurs envoyés une lettre au Ministère leur indiquant qu’ils n’avaient pas l’intention de céder le passage aux arpenteurs-géomètres de la firme SNC Lavallin est mandatée pour effectuer ces travaux. L’article 48 de la Loi sur les arpenteurs-géomètres indique cependant qu’ils ont le droit de passage, même en terrain privé. Ce même article dit aussi que l'arpenteur-géomètre est tenu de réparer le préjudice que lui-même ou ses aides causent à autrui dans l'accomplissement de leurs fonctions. Le propriétaire pourra actionner l’arpenteur par la suite qui lui actionnera son mandant.
Aucune mention de dédommagement
Ladite lettre envoyée aux propriétaires ne fait aucunement mention de dédommagement contrairement annoncée à la radio par le responsable des communications, Guillaume Lavoie. En entrevue téléphonique, il a réitéré qu’ils seront dédommagés en conséquence.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.