Qui fera les frais de la prochaine crise?
Côme Simard
Les contribuables pourraient se tirer d’affaire.
Si les contribuables de tous les pays occidentaux ont largement été sollicités, et à plusieurs reprises, durant la crise financière de 2008, cela ne sera plus le cas à l’avenir, estime Le Temps.
Dans une analyse* publiée en septembre, le quotidien économique suisse explique en effet que la situation du secteur financier est bien différente d’il y a 12 ans et que de nouveaux mécanismes sont maintenant en place. Résultat, « il appartient aux investisseurs privés, mais pas aux petits épargnants, de prendre le relais », insiste le journal.
Soulignant que « la confiance est le fondement du système capitaliste », le journal rappelle que celle-ci avait brutalement dévissé lorsque M. et Mme Tout-le-Monde avaient été mis à contribution forcée pour sauver de la faillite des institutions financières qui s’étaient montrées imprudentes, voire irresponsables dans leurs activités. Entre 2008 et 2012, la Commission européenne a ainsi approuvé pour quelque 3 600 milliards d’euros (environ 5 300 milliards de dollars canadiens) d’aides, relève Le Temps.
LE PRÉCÉDENT DE CHYPRE EN 2013
« Les contribuables ont couvert plus des deux tiers du coût des sauvetages bancaires en Europe », confirme Thomas Philippon dans les colonnes du journal helvétique. Nommé meilleur économiste de moins de 40 ans en Suisse, et coauteur d’une étude de référence sur les sauvetages de banques (Bail-ins and Bank Resolution in Europe), l’expert constate sans surprise que le secteur des services financiers est celui en lequel le grand public a le moins confiance, toutes catégories confondues.
Rien d’étonnant, en effet, juge Le Temps, puisque « la crise financière a révélé qu’au sein du système financier les banquiers récoltaient les gains par beau temps tandis que les contribuables payaient la facture lorsque les affaires tournaient mal ». Baptisées bail-outs, ces opérations de sauvetage public ont été imposées sans trop de difficultés par les gouvernements, car tout le monde comprenait bien que les banques devaient continuer à fonctionner.
Or, aujourd’hui la situation est plus complexe, notamment parce que le système a évolué au cours de ces dernières années sous l’impulsion du G20. Et désormais, le bail-in (le financement par les investisseurs) a succédé au bail-out. Le premier exemple concret de ce changement de paradigme s’est produit à Chypre en 2013, lorsque les déposants et les investisseurs ont subi un prélèvement de 47 % pour les montants supérieurs à 100 000 euros (147 000 dollars). Toutefois, note Le Temps, à l’époque cette opération n’a pas créé trop de problème, car les deux tiers des fonds concernés appartenaient à des non-résidents, notamment des Russes… et que leur origine était souvent douteuse.
RÉGLEMENTATIONS PLUS CONTRAIGNANTES
De nouvelles réglementations plus contraignantes pour les acteurs du monde financier ont par ailleurs vu le jour afin de limiter la possibilité qu’il soit de nouveau fait massivement appel au porte-monnaie des contribuables, rappelle Le Temps. À commencer par la Bank Resolution and Recovery Directive (BRRD) mise en place au sein de l’Union européenne, qui obligera désormais chaque banque à organiser sa propre liquidation en cas de problème majeur, et ce sur une décision que pourront prendre les autorités locales. Concrètement, explique le quotidien, chaque institution financière a, en vertu du dispositif MREL (Minimum Requirement for Own Funds and Eligible Liabilities), l’obligation de préparer un « plan catastrophe ». Celui-ci doit notamment détailler qui paiera les dégâts en cas de crise, indiquer une hiérarchie des créanciers et préciser quels montants devront être mis de côté pour absorber un choc économique grave et recapitaliser l’établissement bancaire.
Ainsi, la question n’est plus de savoir s’il faudra sauver toutes les banques ou n’en sauver aucune lors de la prochaine crise, estimait récemment le gouverneur de la Banque du Danemark dans un discours**. Notant que les incitations à la discipline avaient été renforcées au cours des dernières années, Lars Rohde avait déclaré, paraphrasant Lénine (« La confiance c’est bien, mais le contrôle c’est mieux ») : « La confiance c’est bien – c’est une précondition –, mais le contrôle est quand même nécessaire ».
Qu’il y ait ou non une crise prochaine sur les marchés financiers, la probabilité que le bail-in se concrétise ne cesse de croître, affirme Le Temps, qui prévoit que « l’investisseur en obligations et en actions sera mis à contribution », tandis que « les petits déposants seront épargnés » et que « le contribuable devrait pouvoir dormir en paix ».
Conseiller.ca par : La rédaction 17 septembre 2019
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** https://www.bis.org/review/r190910e.pdf
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