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La maladie mentale, toujours un tabou

durée 18h00
4 novembre 2019
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

 

LA MALADIE MENTALE,
TOUJOURS UN TABOU

 

Ce n’est jamais agréable d’être malade. Mais il y a des maladies qui, malheureusement, pour plusieurs, sont encore considérées comme des maladies honteuses et je ne parle pas des maladies vénériennes.

Quelqu’un qui a fait un infarctus n’hésite pas à en parler avec ses proches, racontant même dans les moindres détails l’intervention qu’il a subie pour remédier à la situation. Plusieurs victimes du cancer feront de même, tout en se gardant parfois une petite gêne.

 

Les fausses hontes

Mais la personne qui est victime d’une maladie mentale, banale ou sérieuse, a plutôt le réflexe de s’isoler, de n’en parler à personne, même pas à ses proches.

 

Avoir besoin d’un psychologue ou d’un psychiatre est malheureusement encore mal vu par plusieurs. Lorsque l’on suggère à un proche de consulter, la réponse la plus souvent entendue est : «Je ne suis pas fou.» Bien sûr vous n’êtes pas fou.

 

Quand vous avez un problème cardiaque, vous n’hésitez pas à consulter un cardiologue, quand vous avez un problème de poumons, vous n’hésitez pas à consulter un pneumologue et ainsi de suite. Pourquoi hésiter à rencontrer un spécialiste de la maladie mentale? Parce que, aux yeux de plusieurs, même en 2019, la maladie mentale est encore un tabou.

 

La semaine dernière, à Québec, s’est tenu un Forum Adultes et Santé mentale. Parmi les nombreux témoignages entendus, on a pu constater que la santé mentale est le parent pauvre du système de santé. On manque de spécialistes, les lois susceptibles de protéger les patients jouent souvent contre eux et on éprouve encore plein de préjugés à l’égard des victimes des maladies mentales.

 

Là comme dans bien d’autres domaines, la peur et l’ignorance nous amènent à poser des jugements erronés.

 

 

Trop de drames

Au Québec, il y a trois décès par suicide par jour. De plus, de nombreux drames familiaux se concluent par des assassinats au cours desquels des femmes et des enfants perdent la vie. Plusieurs de ces deux types de décès auraient pu être évités si on avait pu intervenir auprès des désespérés qui les ont commis.

 

Après chacun de ces drames, on assiste à de nombreux gestes de sympathie à l’égard des victimes. On va déposer des fleurs sur les lieux d’un drame, des toutous là où un ou des enfants sont décédés. Ce sont là de beaux gestes, mais c’est toujours trop tard, le mal a été fait.

 

Quand on questionne les voisins ou les proches au sujet des auteurs de ces drames, on les entend souvent déclarer que les personnes qui ont commis ces gestes irréparables étaient de bons parents, qu’ils aimaient leurs enfants, en somme, du bien bon monde. Et pourtant…



 

Les gars, respirez par le nez

Les drames familiaux sont souvent causés par des hommes qui n’acceptent pas une séparation. Surpris par la volonté de leur épouse ou de leur blonde de mettre fin à leur relation, les gars perdent le nord, les fils se touchent et ils posent alors des gestes irréparables.

 

Certains se livreront à des actes violents, sans pour autant occasionner la mort. D’autres iront jusqu’à tuer leur ex, emportant parfois même leurs propres enfants dans leur folie.

 

Ça ne prend pas un criminel pour tuer ses propres enfants, ça prend un malade, un malade mental. Le tueur à gages qui assassine de sang-froid un autre individu moyennant une rémunération est un véritable criminel et il mérite la prison à vie. Le mari qui tue sa femme et le parent qui assassine ses enfants sont des malades mentaux qui doivent être soignés, pas emprisonnés.

 

Mes faibles connaissances en psychologie et en psychiatrie ne me permettent pas de porter un jugement sur les gestes posés par des déséquilibrés. Par contre, je connais des gens, souffrant de maladies mentales, qui ont su éviter des drames parce qu’ils ont fait appel à un spécialiste.

 

Au cours des dernières décennies, de nombreux organismes, épaulés par des bénévoles et un peu de financement public, ont vu le jour pour prêter assistance aux femmes victimes de violence.

Plusieurs femmes doivent la vie à ces organismes.

 

Sans rien enlever à ceux-ci, je crois que le temps est venu de mettre en place de tels services pour les hommes afin de les sensibiliser à faire appel à de l’aide susceptible d’éviter le pire.

 

Les hommes font trop souvent preuve d’un orgueil mal placé en croyant pouvoir s’en sortir seul. Les gars, il est temps d’arriver au XXIe siècle et de reconnaître que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais plutôt un signe d’intelligence.

 

Personne n’est à l’abri d’un burnout, d’une dépression ou d’une maladie mentale. Dans de tels cas, sachons faire appel à un véritable spécialiste comme si nous étions atteints par n’importe quelle autre maladie physique. De nombreux drames pourront ainsi être évités.

 

PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui vivent un épisode de maladie mentale :

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