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La bravoure des lâches et les élections municipales

durée 09h15
12 octobre 2021
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

LA BRAVOURE DES LÂCHES ET
LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

 

Reclus dans leurs sous-sols, seuls face à leurs écrans, de plus en plus d’utilisateurs des réseaux sociaux répandent malicieusement leur venin, attaquant les élus de tous les niveaux, cela sous le sceau de l’anonymat. Quelle marque de bravoure!

Et, pendant ce temps-là, la fin des mises en candidature en vue de élections municipales du 7 novembre prochain à travers tout le Québec nous a permis de constater que la démocratie municipale n’est pas en très bonne santé.

LES MENACES FACILES

Dans nos sociétés dites civilisées, les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Twitter et les messageries WhatsApp et Messenger, pour ne nommer que ceux-ci, sont en train de devenir des outils pour menacer les gens en poste d’autorité comme les élus et/ou les dirigeants d’entreprises ou d’organismes.

La création de ces outils électroniques a rendu facile la communication à l’échelle de la planète. Il suffit de quelques clics pour communiquer avec les autres.

Malheureusement, comme cela se produit souvent avec des nouveautés, on voit poindre des utilisateurs qui abusent de ces outils, qui les détournent de leur utilisation première pour assouvir de bas instincts.

En démocratie, les élus peuvent et doivent s’attendre à recevoir des critiques, car il est impossible de rallier tout le monde derrière ses idées. D’ailleurs, le jour où l’on pensera toutes et tous de la même façon, il faudra s’inquiéter.

Mais il y a une différence entre critiquer et menacer.
Présentement, des internautes se servent des réseaux sociaux pour lancer des injures, des insultes, voire même des menaces à des dirigeants. Souvent, on ne se contente pas de menacer le dirigeant lui-même; on s’attaque même à sa famille en précisant que l’on sait où elle habite, quelles écoles fréquentent ses enfants et ainsi de suite. Il y a de quoi faire capoter plusieurs dirigeants.

Et, dans la grande majorité des cas, ces menaces sont faites en cachant son identité, de peur de représailles. Il arrive même que ces lâches usurpent l’identité d’une autre personne pour émettre des opinions controversées. Cela m’est personnellement arrivé sur le site enBeauce.com où une personne que je soupçonne, utilisait mon nom au bas de commentaires ou d’opinions qui ne reflétaient en rien ma propre opinion. Heureusement, une fois avisée en conséquence, la direction du site enBeauce.com a bloqué la route à cet usurpateur d’identité.

En tant que rédacteur d’une chronique d’opinions, j’accepte aisément que des gens ne soient pas d’accord avec moi. Mais il y a des manières civilisées de me faire connaître votre divergence d’opinion et j’éprouve un grand respect pour celles et ceux qui procèdent ainsi.

Par contre, lorsque je commence à lire un commentaire hargneux, je ne me rends même pas à la fin. Et quand je constate que la personne a utilisé une fausse identification, cela renforce ma position.

Mais, il me faut reconnaître que tout le monde n’a pas une carapace comme la mienne, laquelle me met à l’abri des insultes qui ont sur moi le même effet que de l’eau sur le dos d’un canard.

LES ÉLECTIONS MUNICIPALES

L’actuelle campagne électorale municipale est influencée par les réseaux sociaux. Plusieurs Maires ont choisi de se retirer suite aux trop nombreuses critiques négatives et menaces qu’on leur expédie.

Sur les 1 108 municipalités québécoises, 602 ont vu leur Maire élu ou réélu par acclamation, alors que 11 autres se retrouvent sans candidats pour le poste de Maire. La pire situation se retrouve dans une municipalité de Chaudière-Appalaches, Lotbinière, où, sur les 802 habitants, une seule personne a déposé sa candidature pour un poste de Conseiller. Aucun candidat à la Mairie et aucun candidat pour les cinq autres postes de Conseillers.

Les élections municipales n’attirent pas beaucoup les candidats et les électeurs. En 2017, à peine 50 % des électeurs se sont prévalus de leur droit de vote. L’analyse du vote nous permet de constater que plus la municipalité compte d’habitants, moins le taux de participation est élevé.

Pourtant, le niveau municipal est celui qui est le plus près de nous. C’est là qu’on retrouve la gestion des services de première ligne comme l’approvisionnement en eau, le traitement des égouts, l’entretien des rues, la protection contre les incendies, la cueillette des vidanges, etc. Ce sont tous des services que nous utilisons sur une base quotidienne.

Si les contribuables continuent à se désintéresser de la gestion des affaires municipales, se pourrait-il que, comme ce fut le cas pour les élections scolaires, on en vienne à penser que la tenue des élections est inutile?

Je ne crois pas que l’on en arrive là, du moins à court ou moyen terme, mais, en tant que contribuable, on prend un risque en négligeant de jouer le rôle que la démocratie nous réserve.

Personnellement, mon droit de vote, je l’appelle mon droit de chialer. Celles et ceux qui ne votent pas ne devraient pas avoir le droit de chialer puisqu’ils n’ont pas posé le geste minimum requis en démocratie, soit de participer au choix des élus qui dirigeront nos municipalités au cours des prochains quatre ans. Comme je l’écrivais il y a quelques semaines, on a les politiciens que l’on mérite.

Visionnez tous les textes d'opinion de Pier Dutil

PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui ont le droit de voter :

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