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Déroute libérale et péquiste

durée 18h00
18 avril 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

DÉROUTE LIBÉRALE ET PÉQUISTE

À moins de six mois de l’élection générale au Québec, les Partis libéral et péquiste sont en déroute et l’élection de la semaine dernière dans Marie-Victorin l’a clairement démontré.

RIEN NE VA PLUS CHEZ LES LIBÉRAUX

En terminant au cinquième rang et ne récoltant que 6,93 % des votes exprimés dans Marie-Victorin, le Parti Libéral a subi une véritable gifle. Pour sa cheffe, Dominique Anglade, ce résultat indique que son parti est en voie de disparition auprès de l’électorat francophone.

D’ailleurs, les plus récents sondages n’accordent aux Libéraux qu’un peu plus de 10 % des intentions de vote auprès de la clientèle francophone. Si le Parti libéral ne pouvait compter sur le soutien indéfectible des anglophones et des allophones, il deviendrait un parti marginal.

Mais, même auprès des anglophones et des allophones, le Parti libéral ne fait plus l’unanimité et plusieurs songent à créer un nouveau parti susceptible de mieux représenter leurs intérêts.

En 1989, des anglophones mécontents avaient créé le Parti Égalité qui avait fait élire quatre Députés. Le Parti Égalité avait disparu lors de l’élection suivante.

En vue de la prochaine élection, neuf des 27 Députés libéraux actuellement en poste ont annoncé qu’ils ne seraient pas candidats le 3 octobre prochain. Et l’on s’attend à ce qu’au moins deux autres, Pierre Arcand et Carlos Leitao, fassent de même d’ici peu. Ce serait donc 40 % du caucus libéral qui choisirait la retraite.

Si ces Députés croyaient une victoire probable en octobre et une possibilité de devenir Ministres, ils seraient à nouveau sur les rangs. Dominique Anglade a beau essayer de nous faire croire qu’il s’agit là d’une opportunité de renouveau au sein du parti, personnellement, je dénote plutôt une fuite avant l’amère défaite qui attend le Parti libéral.

Le Parti libéral ne disparaîtra pas, soutenu par quelques comtés de Montréal, de Laval et de l’Outaouais, mais il ne sera plus qu’une pâle copie du parti de Jean Lesage et de Robert Bourassa qui a doté le Québec d’importantes réformes sociales et économiques. Nul doute que les Libéraux devront se livrer à une profonde remise en question pour regagner l’appui de l’électorat francophone sans déplaire aux fidèles partisans anglophones et allophones.

Quant à Dominique Anglade, elle devrait commencer à longer les murs afin d’éviter les coups de couteau dans le dos que les partisans déçus ne manqueront pas de lui asséner. Déjà, dans certains milieux libéraux, on commence à parler de la cheffe comme étant  «l’agneau sacrifié» qu’on laissera aller à l’abattoir le 3 octobre prochain.

LE PQ SURVIVRA-T-IL?

En subissant la défaite aux mains de la CAQ lundi dernier dans Marie-Victorin, un comté que le PQ détenait depuis 1985, le parti de René Lévesque se retrouve dans une position fort précaire.

Avec 30 % des votes, le PQ n’a pas été humilié. Il présentait un candidat de grande valeur en Pierre Nantel, mais cela n’a pas suffi. Je sais que l’on a souvent annoncé la mort du PQ et que ce dernier a toujours survécu, mais, cette fois, je crois que l’on peut songer à préparer des arrangements funéraires.

Après avoir fait élire 10 Députés en 2018, il n’en reste plus que sept et l’un d’entre eux, Sylvain Gaudreault, a déjà annoncé son retrait dans Jonquière.

Les sondages ne sont pas très encourageants pour le PQ qui pourrait se retrouver avec un seul comté le 3 octobre prochain, soit celui de Pascal Bérubé dans Matane-Matapédia. Même Véronique Hivon dans Joliette verrait son siège menacé. D’ailleurs, les rumeurs d’un retrait à son sujet circulent déjà.

RÉORIENTATION DE L'ÉLECTORAT

Il est tout de même surprenant de constater que les deux partis en position précaire présentement sont précisément les deux grands partis qui se sont partagés le pouvoir au cours des 50 dernières années.

Tant et aussi longtemps que le grand débat électoral se limitait à une lutte entre fédéralistes et souverainistes, le choix était facile pour les électeurs. Les Libéraux n’avaient qu’à brandir la menace d’un référendum pour créer une peur qui les servait bien. De leur côté, les Péquistes mettaient de l’avant des mesures pour doter le Québec de nouveaux pouvoirs arrachés à Ottawa et cela plaisait à une certaine frange de l’électorat.

Mais, lorsque l’ADQ de Mario Dumont s’est pointé entre les deux vieux partis, les colonnes du temple politique québécois ont commencé à se fissurer et François Legault et la CAQ ont su s’infiltrer dans ce nouvel espace devenu disponible. On connaît la suite.

Et depuis son élection, la CAQ a su maintenir un haut niveau d’appui auprès de l’électorat québécois, cela malgré la crise sanitaire due à la pandémie. Pourtant, la CAQ n’a pas réussi que de bons coups, mais, en temps de crise, les gens semblent avoir le pardon plus facile.

Si les troupes de François Legault semblent se diriger vers un couronnement en octobre prochain, il ne faut jamais prendre une victoire pour acquise. Une large part de l’appui dont jouit présentement la CAQ provient de la faiblesse des adversaires.

J’ai déjà traité de la situation des Libéraux et des Péquistes. Quant à Québec solidaire, il stagne dans les sondages. Ce parti devrait être en mesure de conserver sa position au prochain scrutin, mais il est encore bien loin d’apparaître comme une alternative au pouvoir.

Enfin, la situation du Parti conservateur du Québec (PCQ) et de son chef Éric Duhaime demeure une énigme. Il faudra voir s’il est capable de rallier des électeurs en plus des gens opposés aux mesures sanitaires dues à la pandémie et d’effectuer une percée suffisante pour faire élire quelques Députés.

Sur le plan politique au Québec, les prochains mois promettent d’être fort intéressants.
 

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PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui seront candidats à la prochaine élection :