Nous joindre
X
Rechercher

Couronnement à Ottawa et deuil à Londres

durée 18h00
12 septembre 2022
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

COURONNEMENT À OTTAWA ET DEUIL À LONDRES

Au cours des derniers jours, l’actualité a eu de quoi secouer nos émotions suite à des évènements qui ont temporairement relégué au second rang la campagne électorale québécoise.

L’élection, que dis-je, le couronnement de Pierre Poilievre à la direction du Parti conservateur ont surpris par leur ampleur. Deux jours auparavant, le décès subit de la reine Élisabeth II à 96 ans a bouleversé la planète.

POILIEVRE AUX COMMANDES

Les observateurs de la scène politique canadienne s’attendaient à la victoire de Pierre Poilievre dans la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada, mais bien peu d’entre eux auraient pu prédire l’ampleur de cette victoire.

En obtenant 68 % des votes, le Député de Carleton n’a laissé que des miettes à ses adversaires. Avec seulement 16 % des votes, Jean Charest a reçu une véritable gifle de la part de son ancien parti fédéral.

À l’issue du scrutin, on n’a pas vu Jean Charest et les autres adversaires de Pierre Poilievre le rejoindre sur la scène pour indiquer leur ralliement. Jean Charest s’est contenté d’un bref communiqué sur les réseaux sociaux pour féliciter le gagnant, mais sans plus. Il y a fort à parier que Jean Charest s’évaporera dans la nature et qu’il ne sera pas candidat conservateur lors du prochain scrutin fédéral.

Il faut reconnaître que la bataille a été acerbe au cours des derniers mois chez les Conservateurs et que les couteaux volaient bas entre Poilievre et Charest. 

Le nouveau chef conservateur a la réputation de jouer dur. Durant ses années à la Chambre des Communes, on l’avait baptisé le «pitbull», se livrant souvent à de basses attaques contre ses adversaires.

Au cours de la course à la chefferie, il s’est fait remarquer par des positions plutôt extrémistes. Après avoir donné son appui aux organisateurs du convoi de la liberté qui ont tenu la ville d’Ottawa en otage durant trois semaines, Pierre Poilievre s’est permis de menacer de congédiement le Gouverneur Tiff Macklem de la Banque du Canada, un organisme dont on doit préserver  l’indépendance par rapport au Gouvernement.

Il s’est aussi fait le promoteur de l’utilisation des cryptomonnaies, des devises qui ne reposent sur rien et qui, à date, ne sont reconnues que dans deux petits pays de peu d’influence sur la planète : la République centrafricaine et le Salvador.

Le défi de Pierre Poilievre sera d’abord de faire l’unité au sein de son parti, ce qui n’est pas garanti. Au Québec, un seul Député, Pierre Paul-Hus, l’a appuyé. Il faudra voir si l’aile progressiste se sentira à l’aise avec un chef qui se situe près de l’extrême droite.

S’il réussit ce premier défi, Pierre Poilievre devra par la suite convaincre les électeurs canadiens qu’il peut devenir Premier ministre. Rappelons que, lors des deux dernières élections fédérales, les Conservateurs ont obtenu plus de votes que les Libéraux, mais cela n’a pas suffi pour gagner assez de sièges et prendre le pouvoir. 
Pierre Poilievre dispose de trois ans pour faire ses preuves. Il sera intéressant de le voir évoluer à Ottawa.

LE DÉCÈS D'UNE GRANDE DAME

D’entrée de jeu, je dois avouer que la monarchie ne suscite aucun enthousiasme chez moi et que je considère tout ce qui l’entoure comme un relent d’une époque largement dépassée.

Cependant, je dois admettre que le long règne de 70 ans d’Élisabeth II s’est déroulé sans véritables fautes. Il importe de rappeler que rien ne la prédestinait à occuper cette importante fonction. Son oncle, George V, est monté sur le trône en janvier 1936, mais, à la surprise générale, il a choisi d’abdiquer pour épouser la femme qu’il aimait, Wallis Simpson, une américaine divorcée. 

C’est alors son frère, le père d’Élisabeth, qui est devenu le roi George VI. Ainsi, la jeune Élisabeth devenait automatiquement la prétendante au trône. Elle a succédé à son père en 1952, à peine âgée de 26 ans. Elle entreprenait alors ce qui deviendra le plus long règne d’un souverain sur la planète, soit 70 ans. 

Tout au long de son règne, Élisabeth II a été totalement dédiée à son rôle, sachant demeurer digne dans toutes les crises qu’elle et son pays ont traversé. Elle a vu passer 15 Premiers ministres anglais sans jamais intervenir dans la vie politique de son pays et des autres pays où elle à régné à titre de chef d’État, comme c’est le cas pour le Canada.

Sa vie de famille n’a pas été un long fleuve tranquille, mais, là aussi, elle a su conserver toute sa dignité. La population anglaise lui a conservé toute son affection, sauf au moment du décès de la Princesse Diana, alors que la souveraine a tardé à sympathiser suite à la mort de la mère de ses petits-fils William et Harry.

Il est à prévoir que son successeur, Charles III, ne jouira pas d’un niveau de popularité aussi élevé que celui de sa mère. Plusieurs partisans de l’abolition de la royauté tenteront de profiter de l’impopularité de Charles pour remettre en question le pouvoir symbolique incarné par la royauté, mais il serait surprenant qu’ils y parviennent.

Au Canada, une large majorité de la population serait favorable à ce que le pays mette fin à ce lien qui fait du souverain anglais le chef de l’État canadien, mais, là également, les chances de succès d’une telle démarche sont bien minces. 

En effet, lors du rapatriement de la constitution canadienne en 1982, le Premier ministre de l’époque, Pierre Elliott Trudeau, a lourdement encadré toute modification à la constitution, exigeant, entre autres, l’unanimité des dix provinces.

Comme pour Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur, laissons la chance au nouveau roi Charles III de faire ses preuves et, dans quelques années, nous serons en mesure de porter un jugement sur leurs bilans.

Visionnez tous les textes d'opinion de Pier Dutil


PENSÉE DE LA SEMAINE

Je dédie la pensée de la semaine à tous les sujets des rois et reines de la planète :

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.